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Un soldat en mission de surveillance sur le toit de la mairie de Bambari, en Centrafrique, le 16 décembre. |
"François Bozizé se trouve actuellement aux abords de la ville de Bossembélé (à 150 km au nord-ouest de la capitale, ndlr) dans l'intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui", a déclaré le porte-parole gouvernemental, Ange-Maxime Kazagui.
"Il s'agit manifestement d'une tentative de coup d'État que le gouvernement tient à dénoncer en cette période électorale", a-t-il poursuivi.
Pour la présidentielle du 27 décembre, François Bozizé faisait figure de principal concurrent du chef de l'État sortant Faustin Archange Touadéra. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu'il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'Humanité".
Pour le président Touadéra, en meeting samedi 19 décembre à Bangui, ces évènements n'empêcheront pas le déroulement du scrutin car "l'autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps". "Pourquoi prendre les armes contre tes compatriotes ?", s'est-il interrogé.
Vendredi 18 décembre, des groupes armés étaient présents notamment autour des villes de Bossembélé et de Yaloké, distantes respectivement de 150 et 200 km de Bangui.
"Il n'y a pas eu de développement majeur" ces dernières 24 heures, a dit Vladimir Monteiro, le porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), interrogé sur une progression des rebelles.
Le porte-parole du gouvernement a accusé les troupes de François Bozizé d'avoir "assassiné lâchement trois gendarmes", ainsi qu'un militaire du génie, sans donner davantage de précisions.
François Bozizé en janvier 2020 à Bangui. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 à la suite d'un coup d'État avant d'être lui-même renversé en 2013 par une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle.
Samedi 19 décembre, trois des principaux groupes armés en Centrafrique ont annoncé leur fusion "dans une seule entité, désignée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), placée sous commandement unifié", appelant par ailleurs "tous les autres groupes armés à adhérer" à leur coalition.
Ils ont également exhorté leurs membres à "fraterniser" avec les soldats des forces régulières qui désirent les rejoindre, à "respecter scrupuleusement l'intégrité des populations civiles" et à "laisser passer librement les véhicules" des Nations unies et des humanitaires.
Les trois groupes sont le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le nord, les 3R (Retour réclamation, réhabilitation), à dominante peul et présent dans l'ouest, et des milices antibalaka considérées comme favorables à François Bozizé.
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, affirme samedi dans un tweet que "la Minusca utilisera tous les moyens à sa disposition, y compris des aéronefs, pour répondre aux violences commises par les éléments armés du 3R, du MPC et des antibalaka". Les Casques bleus de la Minusca sont plus de 11.000 dans ce pays.
Vendredi 18 décembre, des sources humanitaires et de l'ONU avaient fait état d'une dégradation de la sécurité, évoquant une offensive de groupes armés, qui attaquent les axes routiers menant à Bangui, dans plusieurs localités du Nord-Ouest et du Nord.
Dans la capitale, les taxis circulaient normalement mais évitaient certains secteurs réputés proches de François Bozizé, a constaté un journaliste de l'AFP. Dans les rues du centre-ville, la vie suivait son cours sur fond de musique de Noël, avec une présence des services de sécurité, déployés à l'approche de l'élection.
La Centrafrique, un pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres du monde mais riche en diamants et en bétail, est déjà contrôlée aux deux tiers par des groupes armés qui commettent des exactions régulières contre les civils.
"Psychose"
Un casque bleu de la Minusca sur la route vers Koui, en Centrafrique, en septembre 2020. |
Selon Hans de Marie Heungoup, un spécialiste de l'Afrique centrale au sein du centre de réflexion International Crisis Group, les menaces de ces groupes doivent être interprétées avec prudence, car, dans les faits, si les rebelles voulaient descendre sur Bangui, ils auraient déjà incité certaines milices à créer un contexte d'insécurité dans cette ville, "comme l'avait fait la Séléka en 2013", ce qui n'est pas le cas pour le moment.
"Pour l’heure, il y a une psychose et beaucoup de rumeurs", explique-t-il.
La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé François Bozizé en 2013.
Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.
La CPC rassemble aujourd'hui des groupes issus de la Séléka et des milices antibalaka, autrefois ennemis, contre le régime du président Touadéra.
Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, dans lequel les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.
AFP/VNA/CVN