En Australie, le berceau de l'industrie minière se prépare à tourner la page

Les dirigeants conservateurs australiens ont rejeté l'idée d'abandonner la production de charbon. Pourtant, dans les régions houillères, les habitants se préparent à tourner la page de ce combustible fossile polluant.

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Une roue à godets déverse de la terre et du sable retirés de la mine à Newcastle, en Australie, le 5 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

La première mine de charbon a été découverte il y a 230 ans, par des bagnards évadés, près de la ville de Newcastle, sur le littoral sud-est de l'île-continent.
Ce moment marque le début de la longue relation entre l'Australie et ce combustible qui est un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre sur la planète.
Il rapporte chaque année des milliards d'USD et Newcastle est le plus grand port au monde d'exportation de charbon.
Nathan Clements est né et a grandi dans la ville voisine de Singleton, qu'il qualifie de "c
œur de l'exploitation du charbon". "Je ne veux pas dire que le charbon est tout mais il représente beaucoup".
"Mon grand frère travaillait dans une mine, mon père travaille toujours dans une mine. Quand mon tour est venu, il était normal d'entrer dans ce secteur", explique le jeune homme de 26 ans qui, depuis sept ans, est électricien dans le matériel d'extraction.
Autour de Singleton et de la région de Hunter, le poids économique de ce secteur est flagrant.
Le noir des mines à ciel ouvert se détache au milieu de la forêt alors qu'au large, une armada de bateaux s'apprête à retourner en Chine, Inde, Japon ou République de Corée avec, à bord, des tonnes de cette roche millénaire. Et le gouvernement australien espère que rien ne changera.
Prise de conscience
Récemment, lors de la conférence climat cruciale COP26 de Glasgow, des dizaines de pays ont accepté d'abandonner progressivement cette énergie fossile.
L'Australie, comme d'autres pays, n'a pas signé cet engagement. "Nous ne fermerons pas nos mines de charbon ni nos centrales à charbon", a martelé le ministre australien des Ressources, Keith Pitt.
Pour se justifier, il a notamment mis en avant la qualité du charbon australien et les 300.000 emplois que représente ce secteur.
Mais à la différence de leur gouvernement, les personnes travaillant dans les mines de Singleton et la région de Hunter se résignent progressivement à la disparition de cette industrie.
"J'ai toujours besoin de travailler. J'ai toujours besoin d'un emploi", a déclaré M. Clements, mais ce processus "est inévitable".
Pour lui, il y a eu une lente prise de conscience que sa carrière pourrait ne pas ressembler à celle de son père, qui prendra sa retraite l'an prochain, au moment où Muswellbrook - la plus ancienne mine de charbon à ciel ouvert d'Australie - fermera après 115 ans d'exploitation.

Un train transportant du charbon passe devant les tours de refroidissement de la centrale électrique de Singleton, en Australie, le 4 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Evoquer l'avenir de ce secteur est désormais moins tabou qu'il y a quelques années et les gens font davantage part de leurs doutes depuis les récentes catastrophes qui ont frappé le pays, estime-t-il.
"Chez beaucoup de personnes, j'ai noté un changement d'attitude lors des feux de forêt ravageurs en 2019-2020", se souvient-il.
De nombreux responsables politiques de la coalition conservatrice du Premier ministre Scott Morrison entretiennent des liens étroits avec l'industrie minière.
Innover
Cependant, les géants miniers commencent à se désengager, à l'image de BHP et Rio Tinto qui préparent déjà leur sortie et vendent une part de leurs actifs dans ce secteur.
Les chiffres officiels montrent que le nombre de personnes travaillant directement dans ce secteur est de 44.600, soit moins de la moitié des Australiens employés par McDonald's.
Certains acteurs redoutent que les salaires confortables de certains ne soient bientôt plus qu'un lointain souvenir.
D'autres préfèrent rester optimistes misant sur l'"innovation", comme Sam Mella de Beyond Zero Emissions, un groupe de réflexion qui travaille à la diversification des entreprises.
Elle souligne que les infrastructures telles que le port, le réseau ferroviaire, les universités et les instituts de recherche sont un atout précieux pour la région.
"Nous avons cet héritage fantastique sur lequel nous pouvons nous appuyer", souligne-t-elle, espérant que "Hunter ouvre la voie à une économie post-carbone".
Jusqu'à présent, il n'y a pas de solution miracle, pas de technologie ou de projet unique permettant de sauver toute la région ou de remplacer le charbon.
La question est de savoir si la transition se fera suffisamment vite pour des employés comme M. Clements.
"Ma crainte est que, lorsque le marché finira par dire +non, ça ne nous intéresse plus+, nous n'ayons pas de plan et que beaucoup de gens perdent leur emploi", souligne l'électricien.
En attendant, il se raccroche à l'idée qu'il reste encore un peu de temps avant que cela ne se produise.

AFP/VNA/CVN

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