>>Emmanuel Macron en visite d'État en Chine du 8 au 10 janvier
Emmanuel Macron et son épouse lors de la visite de la célèbre armée souterraine du premier empereur après leur arrivée en Chine à Xian, le 8 janvier. |
Emmanuel Macron et son épouse lors de la visite de la célèbre armée souterraine du premier empereur après leur arrivée en Chine à Xian, le 8 janvier. |
Arrivé à 08h30 locales (0h30 GMT), le président français devait consacrer la première matinée de son séjour à visiter plusieurs lieux symboliques de cette voie commerciale qui pendant des siècles a relié la Chine à l'Europe.
Un choix qui a tout pour plaire aux dirigeants chinois, car il fait écho au projet pharaonique du président Xi Jinping : l'initiative "La ceinture et la route", qui prévoit une ceinture terrestre via l'Asie centrale et la Russie, ainsi qu'une route maritime vers l'Afrique et l'Europe via l'océan Indien.
Ce projet colossal prévoit la construction de routes, ports, voies ferrées dans 65 pays pour plus de 1.000 milliards de dollars.
Alors que la France était jusqu'ici restée prudente face à un projet qu'une partie des Européens juge dangereusement expansionniste, Emmanuel Macron lui a apporté lundi 8 janvier un soutien enthousiaste : pour lui, l'Europe doit y participer pleinement.
"Cette initiative est très importante. Je suis convaincu qu'elle peut jouer un rôle majeur dans la structuration de l'espace eurasiatique et qu'elle représente une réelle opportunité", a approuvé Emmanuel Macron dans une interview au site China.org.
"Je crois qu'il est très important que l'Europe et la Chine renforcent leur concertation sur cette initiative. La France est prête pour cela à jouer un rôle moteur. Nous devons identifier des projets concrets à mener ensemble en Europe, en Asie, et en pays tiers", a-t-il plaidé.
Seul bémol, que mettent habituellement les Européens soucieux d'éviter un simple déversement des excédents productifs chinois, M. Macron a appelé à travailler sur ce projet "dans le cadre d'un partenariat équilibré où les règles de financement correspondent à nos standards et à ce que nous recherchons ensemble". Il suggère aussi d'en faire un projet de "routes de la soie écologiques".
Dîner à quatre
C'est à Xian qu'Emmanuel Macron prononcera un "discours-cadre" sur l'avenir des relations franco-chinoises, devant mille personnes.
Après une visite de la célèbre armée souterraine du premier empereur, le président français devait se rendre à la Grande pagode de l'oie sauvage, point de repère de la route de la soie.
Dans ce temple classé au patrimoine mondial, le moine Xuanzang rapporta d'Inde au VIIe siècle des écrits bouddhiques, un périple relaté dans "Le voyage vers l'Ouest", récit légendaire connu de tous en Chine.
Emmanuel Macron (5e à droite) et son épouse lors de la visite de la Grande pagode de l'oie sauvage, après leur arrivée en Chine, à Xian, le 8 janvier. |
Emmanuel Macron (5e à droite) et son épouse lors de la visite de la Grande pagode de l'oie sauvage, après leur arrivée en Chine, à Xian, le 8 janvier. |
Le chef de l'État devait également visiter la Grande mosquée de Xian, temple musulman de style chinois qui illustre l'ouverture culturelle apportée par la route de la Soie qu'empruntaient les marchands arabes au Moyen-âge. Xian possède encore aujourd'hui une importante communauté musulmane.
Le président français se rend ensuite à Pékin où il restera jusqu'à mercredi10 janvier. Accompagné de son épouse Brigitte, il s'entretiendra lundi soir 8 janvier avec Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan, avant un dîner privé.
Il a prévu d'offrir à son hôte un cheval de la Garde républicaine, comme en réponse à la "diplomatie du panda" chère aux dirigeants chinois.
Mardi 9 janvier, point fort du voyage, il sera reçu de manière beaucoup plus formelle. Au programme, une visite de la Cité interdite, une rencontre avec le président de l'Assemblée nationale populaire et le Premier ministre, une cérémonie d'accueil, la signature d'accords et de contrats, une déclaration conjointe puis un dîner d'État au Palais du peuple.
Ce premier voyage en Asie marque une nouvelle étape pour sa diplomatie, concentrée jusqu'ici sur l'Europe et l'Afrique. Emmanuel Macron veut faire de Xi Jinping son allié dans plusieurs domaines : environnement, anti-terrorisme, appui à la force du G5 Sahel et au développement des énergies renouvelables en Afrique.
Paris et Pékin ont cependant des points de friction. La France, qui souffre d'un déficit commercial de 30 milliards d'euros avec la Chine, veut "rééquilibrer" la relation et prône une réciprocité dans l'ouverture des marchés entre l'UE et la Chine. Elle pousse aussi pour que l'UE contrôle davantage les investissements, notamment chinois, dans les secteurs stratégiques.