Les deux jumeaux de Mme Hoàng Thi Kim Dung. |
L’annonce de la réussite d’une fécondation in vitro avec du sperme d’un mari décédé a été faite par le Docteur-médecin Lê Van Vê, directeur de l’Hôpital d’andrologie et de traitement de la stérilité, lors d’un récent colloque international consacré à l’«Information et partage d’expériences dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation».
Lê Van Vê a indiqué que le mari de Hoàng Thi Kim Dung est décédé dans un accident de la route en mars 2010. À l’annonce de cette douloureuse perte, Kim Dung a lui demandé de prélever de la semence pour une éventuelle fécondation in vitro. Selon Kim Dung, lors de son séjour en France, elle a lu un livre parlant d’un cas de fécondation in vitro avec succès en utilisant des spermatozoïdes d’un homme décédé.
«Après avoir reçu sa demande, je suis accouru en toute hâte à la morgue de l’hôpital. À ce moment, son mari était décédé depuis six heures, mais j’ai pu prélever 14 échantillons de semence qui ont été congelés immédiatement dans l’azote liquide à moins 196 degrés», explique le Docteur Vê.
Ces échantillons de sperma-tozoïdes ont ensuite été contrôlés chaque mois. En mars 2013, trois années après la mort de son mari, Hoàng Thi Kim Dung a décidé de recourir à la fécondation in vitro à l’Hôpital d’andrologie et de traitement de la stérilité.
Selon le Docteur Vê, la fécondation in vitro demande beaucoup d’effort de la part du corps médical. Cette méthode consiste à féconder un ovule qui, après 48 heures d’incubation, est un embryon implantable dans l’utérus. Plusieurs embryons sont obtenus, dont deux ou trois sont transférés dans l’utérus.
Examens d’identification génétique par ADN
La chance a souri à Kim Dung qui a donné naissance à deux jumeaux le 9 décembre 2013, l’un de 2,4 kg, et l’autre, de 2,6 kg.
Le taux de stérilité au Vietnam est de 7,5 %. |
Il s’agit de l'une des grandes réalisations au Vietnam dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation. Le 19 décembre 2013, les examens d’identification génétique par ADN ont confirmé que ces deux bébés sont bien les enfants de Kim Dung et de son défunt mari.
Le vice-ministre de la Santé, Nguyên Viêt Tiên, spécialiste en l’assistance médicale à la procréation, a reconnu également que, au-delà des cas de conservation de spermatozoïdes post mortem déjà réalisés, c’est la première fécondation in vitro réussie dans ce cas précis.
Hoàng Thi Kim Dung est actuellement docteur de l’École polytechnique de Hanoi. Avec ces jumeaux, elle se souvient de leur amour lorsqu’elle et son défunt mari étaient étudiants de l’École polytechnique de Hanoi et de leur vie commune.
«Après avoir été diplômée de l’École polytechnique de Hanoi en 2004, j’ai poursuivi mes études en France pendant cinq ans, et il m’a toujours encouragé», raconte Kim Dung. En 2009, elle est rentrée au Vietnam pour se marier avant de retourner en France pour achever son doctorat. Six mois après son retour en compagnie de sa fille de six mois, son mari est décédé dans un accident de la route alors qu’il n’avait que 30 ans.
«Il souhaitait avoir un garçon, et c’est pour cette raison que j’ai décidé de recourir à la fécondation in vitro», explique Kim Dung. Son rêve a été réalisé par sa femme. Une belle histoire d’amour !
Paroles d’un expert étranger
«En 30 années de travail dans un grand hôpital de l’Université belge Louvain, je n’ai connu qu’un seul cas de fécondation in vitro avec succès en utilisant des spermatozoïdes d’un homme décédé», a déclaré le professeur Thomas D’Hooghe lors d’un récent colloque scientifique intitulé «Information et partage d’expériences dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation». Selon le vice-ministre de la Santé, le professeur Nguyên Viêt Tiên, le taux de stérilité au Vietnam est de 7,5 %. La méthode de fécondation in vitro a un rôle important en matière d’assistance médicale à la procréation. Toutefois, le taux de réussite n’est que de 30% à 40%.
Huong Linh/CVN