Éducation : de milliers de manifestants défilent contre la réforme du collège

Des syndicalistes portant un cercueil, des profs de latin arborant une couronne de lauriers et quelques parents qui redoutent une "école bas de gamme": plusieurs milliers de manifestants ont défilé l'après-midi du 10 octobre à Paris contre la réforme du collège.

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Sous un beau soleil d'automne, ils étaient un peu de plus de 8.000 selon la police, deux fois plus selon le Snes, principal syndicat du secondaire, à battre le pavé pour cette manifestation nationale derrière une banderole réclamant l'"Abrogation de la réforme, un autre projet pour le collège".
L'intersyndicale, qui souhaitait voir dès le 10 octobre la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, "pourra être reçue" dans les prochains jours, a affirmé le ministère.

Manifestation contre la réforme du collège le 10 octobre 2015 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ce qui risque de se passer si la ministre s'obstine, c'est que la réforme risque de s'étioler et de perdre de sa substance", a prévenu, dans le défilé, Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du Snes, qui tablait la veille sur "une des plus grandes manifestations du second degré de ces dernières années".
Elle en veut pour preuve une faible participation annoncée aux formations à la mise en œuvre de la réforme, proposées aux profs pendant les vacances de la Toussaint. "Il ne s'agit pas d'un malentendu, mais d'un refus", a-t-elle insisté. Une référence au "malentendu" avec les enseignants invoqué fin août par Najat Vallaud-Belkacem, décidée à appliquer coûte que coûte la réforme à la rentrée 2016.
Tout de noir vêtus, des membres du Snalc portent un cercueil. "On enterre la réforme", espère le président de ce syndicat classé à droite, François Portzer. "La ministre n'a pas pris la mesure du mécontentement."
Bien que manifestant aux côtés du Snes (et de FO, CGT Educ'action, SNCL, Sies...), le Snalc propose des solutions très différentes de celles du principal syndicat. Il prône "un collège modulaire", avec des groupes de niveau, ce qui peut se traduire par la fin du collège unique.
"Je ne voterai plus pour eux"
Caroline Chandellier, un autocollant "parents d'élèves" sur sa veste, est venue avec les profs du collège public La-Fontaine d'Antony (Hauts-de-Seine). Pour elle, "le gouvernement veut une école bas de gamme" avec "de moins en moins d'heures pour les disciplines". "On est en train de dégoûter ceux qui ont envie de travailler", assure-t-elle.
Joseph Simeoni, prof d'histoire et géographie dans un collège de Thann (Haut-Rhin), dit que "tout" le gêne dans cette réforme, synonyme selon lui de "plus d'inégalités". "On n'attendait pas ça d'un gouvernement qui se dit socialiste. Je ne voterai plus pour eux", fulmine-t-il. "Nous savons que le combat sera dur, mais on ne lâchera rien", prévient cet adhérent au Snes.

Manifestation le 10 octobre 2015 à Paris contre la réforme du collège
Photo : AFP/VNA/CVN

Parmi les points phares de la réforme figurent plus d'interdisciplinarité (cours mêlant par exemple français et histoire), une autonomie accrue des établissements, une deuxième langue vivante dès la cinquième et un accompagnement personnalisé pour tous les élèves. Mais aussi la disparition d'une grande partie des classes bilangues (où deux langues étrangères sont enseignées dès la sixième), la fin des options latin-grec remplacées par des modules langues et culture de l'Antiquité...
Autant de mesures destinées selon le gouvernement à "rebooster" le collège et à améliorer l'égalité des chances, point faible du système français d'après les études internationales.
La réforme a réuni dès le printemps contre elle une coalition hétéroclite de syndicats, politiques de droite mais aussi de gauche, et intellectuels. Trois journées de grève en mai, juin et septembre ont été diversement suivies.
Dans le défilé, des pancartes affichent les slogans "professeurs, pas fossoyeurs", "Najatas satanas" ou "on veut du blé pas des EPI", en référence aux enseignements pratiques interdisciplinaires décriés par les opposants.
Des enseignants de la langue de Goethe, inquiets pour leur discipline en raison de la suppression des classes bilangues, portent sur eux les couleurs du drapeau allemand, tandis que des profs de latin et grec arborent des couronnes de laurier ou des casques romains...

AFP/VNA/CVN

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