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Armand Duplantis lors des séries de la perche aux Mondiaux d'athlétisme de Doha, le 28 septembre 2019. |
Duplantis, prodige de son sport, a effacé le record de son idole devenue son mentor, le Français Renaud Lavillenie, alors qu'il était lui-même en plein concours à Rouen, mais n'a pas réussi à franchir une seule barre (trois échecs à 5,64 m). "Ça fait deux ans que je sais qu'il a le potentiel. Maintenant les records sont faits pour être battus, j'ai eu l'honneur de l'avoir pendant six ans, je n'ai pas à être déçu. Il a tout le temps devant lui pour sûrement faire mieux, c'est beau", a réagi le Français au micro de RMC Sports après la compétition.
Armand Duplantis inscrit ainsi son nom dans la légende du sport ayant sauté plus haut que le "Tsar" ukrainien Sergei Bubka (6,15 m en 1993) et que le champion olympique 2012 français qui avait réussi 6,16 m en février 2014.
Sautoir dans le jardin
"C'est quelque chose que je voulais depuis que j'ai trois ans, a assuré Duplantis après son exploit. C'est une année très importante (avec les Jeux de Tokyo), c'est une bonne façon de la débuter."
Né et élevé aux États-Unis, mais représentant de la Suède en compétition internationale, le pays de sa mère, Duplantis partage de nombreux points communs avec Renaud Lavillenie. Comme le champion olympique 2012, il possède un sautoir dans le jardin familial (depuis 16 ans !) et a baigné dans ce milieu de voltigeurs depuis toujours : son père et entraîneur détient un record à 5,80 m alors que sa petite sœur et l'un de ses grands frères sont aussi perchistes.
Comme le Français, Armand Duplantis est fin et doté d'un gabarit plutôt "léger" (1,81 m) pour ce sport qui allie puissance et vitesse pour plier la perche et se faire propulser au-dessus des barres. Le Suédois s'est toutefois épaissi depuis son explosion en 2017 (5,90 m à 17 ans), sous les conseils de sa mère, ex-heptathlète, qui est sa préparatrice physique. Dès sa barre franchie samedi 8 février, "Mondo" s'est précipité dans les gradins de Torun pour étreindre sa maman.
Armand Duplantis et le Français Renaud Lavillenie lors du Mémorial Van Damme, le 31 août 2018 à Bruxelles |
Proche du clan Lavillenie, Duplantis est venu plusieurs fois à Clermont-Ferrand partager des séances avec le Français. Renaud Lavillenie avait lui battu le record à Donetsk (Ukraine) devant Sergei Bubka et devait espérer secrètement que Duplantis en fasse de même à Clermont-Ferrand le 23 février lors du All star perche, compétition organisée par ses soins. "On a échangé depuis une semaine, je lui disais en rigolant +attends que je fête mon 6e anniversaire (de son record), après tu as le champ libre+", a indiqué Lavillenie.
Garçon pressé
Mais "Mondo" Duplantis, qui avait failli effacer 6,17 m dès mardi à Düsseldorf (Allemagne), a toujours été un garçon pressé. Détenteur de nombreux records du monde non officiels dans les catégories de jeunes, il était devenu champion d'Europe senior à seulement 18 ans à Berlin en août 2018 au terme d'un concours fantastique (6,05 m).
"Sa force principale, c'est qu'il va très vite, a expliqué l'ex-entraîneur de Renaud Lavillenie Damien Inocencio. Il a des qualités naturelles par rapport à ça. Il fait la bonne taille (1,81 m), c'est aussi un vrai compétiteur avec une grosse force mentale." "Il est aussi teigneux. C'est le plus jeune des trois fils (il a une petite sœur), il jouait à la perche contre ses frères dans le jardin et n'acceptait pas de perdre, détaille celui qui entraîne désormais plusieurs des meilleurs perchistes chinois et connaît la famille Duplantis depuis 18 ans. Il est adorable mais il pleurait des défaites contre ses frères! Il a cette âme de champion".
En octobre dernier, à l'issue d'une saison où il avait franchi plusieurs fois la marque mythique des 6 m, Armand Duplantis était devenu vice-champion du monde à Doha (Qatar) avec un saut à 5,97 m, battu par l'Américain Sam Kendricks. Kendricks a d'ailleurs immédiatement réagi au record en passant 6,01 m à Rouen quelques heures plus tard pour établir un nouveau record des États-Unis en salle (il a déjà passé 6,06 m en plein air). À un peu plus de cinq mois des Jeux olympiques de Tokyo, Duplantis s'est posé samedi comme le grand favori pour le titre suprême.
AFP/VNA/CVN