Pham Huyên Anh, chef du Département des politiques de sécurité bancaire de la Banque d’État du Vietnam (BEV).
La circulaire 36 de la BEV a pour objet de renforcer les normes prudentielles et la transparence des activités des banques. Elle comprend, entre autres, plusieurs nouvelles règles concernant l’octroi de prêts pour investir en bourse et la limite du volume de crédits que peut accorder un organisme de crédit vietnamien et étranger présent au Vietnam. Avant d’élaborer ce texte, nous avons effectué une profonde évaluation de l’activité des banques en matière de crédits accordés pour le financement de transactions en bourse, mais aussi de leurs opérations sur titres. D’après les statistiques des années précédentes et de 2014 en notre possession, l’encours de crédit pour opération sur titres n’a jamais dépassé 4,5% du capital statuaire. Cette circulaire fixe un taux maximum de 5% afin d’inciter les banques à placer des fonds en bourse. En revanche, la circulaire 36 baisse le pourcentage du risque pour les prêts accordés dans deux secteurs : l’immobilier et les titres. Il est ramené de 250% à 150%, ce qui est un taux assez bas, mais soigneusement évalué par la BEV. En particulier, cette circulaire fixe de nouvelles règles pour éliminer les participations croisées au sein du système bancaire. Elle comprend des dispositions plus rigoureuses en matière d’apport de capitaux et de prise de participation entre compagnies membres, compagnies associées et compagnies mères, et autres organismes de crédit et institutions financières.
Lê Duc Khanh, directeur des stratégies d’investissement de la société de bourse MSBS de la Banque maritime
L’annonce de cette nouvelle circulaire en novembre a fait réagir le marché avec une baisse du VN-Index de 605 à 565 points. C’est bien évidemment conjoncturel, mais sur le long terme, ce texte apportera des changements positifs à l’activité bancaire comme à celle des sociétés de bourse qui, fréquemment, sont une filiale ou ont pour associé une banque. D’une part, le marché boursier sera plus transparent et plus efficace, car ce texte va entraîner un assainissement du secteur, en particulier des sociétés de bourse qui sont insuffisamment capitalisées. Et, d’autre part, sans risques majeurs car les banques ayant des participations dans une société de bourse, ou qui ont une filiale de cette nature, seront de plus fort conduites à procéder à des opérations de fusions. Ce qui, avec plus de recul, est positif pour notre marché boursier car, pour être franc, il ne sera bien noté ou attractif pour les investisseurs en 2015 que si la réforme de notre secteur bancaire s’accélère... En outre, cette logique qui sera prochainement en œuvre ne devrait pas faire chuter sensiblement le marché financier au Vietnam, grâce aux investissements indirects étrangers et à la montée en puissance attendue des Fonds négociés en bourse (voir encadré) au Vietnam.
Trân Phuong, directeur général adjoint de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV).
Dans le cadre de la restructuration globale des banques, je peux dire que la circulaire 36 est un texte très attendu par les professionnels du marché financier en général, et plus particulièrement des banques, car elle rapproche notre système bancaire des standards internationaux en matière de normes prudentielles, ce qui, indirectement mais à terme, assurera un développement transparent et durable au marché financier. Cette circulaire est importante car elle obligera les banques à être plus vigilantes en matière de risques, et d’élever les capacités de gestion de ces derniers, en vue de l’application des normes internationales Bâle II (voir encadré) d’ici à 2018. Il exige qu’un organisme de crédit est autorisé au placement de capitaux en bourse à condition que ses créances douteuses soient inférieures à 3% de l’encours total des crédits au lieu de 5% comme fixé dans les circulaires précédentes. Je pense que la BIDV satisfera sans difficulté les nouvelles réglementations de la circulaire 36.
Les normes Bâles II et les Fonds ETF * Les normes dites Bâle II sont destinées à garantir un niveau minimum de fonds propres des banques afin qu’elles soient en mesure de faire face à la réalisation de risques liés à leurs activités, en particulier des risques crédit – figurant au bilan - et de ceux que représentent les contreparties résultant notamment des engagements pris sur les marchés financiers, au bilan mais aussi et surtout hors-bilan avec les produits dérivés, par exemple, et donc, plus généralement, à éviter un risque systémique - concernant un ou plusieurs systèmes bancaires en leur ensemble - en raison de l’interdépendance des banques. * Un fonds négocié en bourse (FNB) ou Fonds coté en bourse (Exchange Traded Fund, ETF) est un Fonds d’actions dont les parts peuvent faire l’objet de transactions en bourse, comme des actions, qui a la même composition que l’indice boursier qu’il reproduit. Il varie donc à la hausse ou à la baisse suivant l’évolution de son indice de référence. Il existe des fonds qui reflètent les indices boursiers de tous les pays, de tous les secteurs financiers ou de tous les styles de gestion. |
Linh Thao/CVN