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Depuis le début du mois, la maison-mère de Facebook et Instagram propose à ses utilisateurs majeurs de l'Union européenne, de Suisse et du reste de l'Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein) de "continuer à utiliser gratuitement" ses services en consentant à livrer leurs données personnelles "ou de s'abonner pour ne plus voir de publicités" personnalisées, vendues bien plus cher aux annonceurs.
L'abonnement mis en place par Meta depuis novembre en Europe visé par une plainte en Autriche d'une association qui lui reproche de "contourner" la réglementation européenne sur les données personnelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec des formules à partir de 9,99 euros par mois, un utilisateur des deux applications devra débourser plus de 250 euros par an, calcule dans son communiqué l'association noyb, un sigle qui signifie en français "Ce ne sont pas tes affaires".
"Non seulement le coût est inacceptable, mais les chiffres du secteur indiquent que seuls 3% des personnes sont volontaires pour être pistées, tandis que 99% donneraient leur accord pour éviter d'avoir à payer des frais" même minimes, ajoute noyb qui a déposé sa plainte mardi auprès de l'Autorité autrichienne de protection des données et souhaite l'ouverture d'une procédure d'urgence.
Facebook et Instagram comptent respectivement 144 et 133 millions d'utilisateurs réguliers en Europe hors Royaume-Uni, selon Insider Intelligence.
"Si Meta s'en sort, ses concurrents ne tarderont pas à lui emboîter le pas", poursuit l'association fondée par le juriste autrichien Max Schrems, parfois surnommé "la bête noire des Gafa".
En janvier, à la suite d'une plainte de noyb remontant à 2018, le régulateur irlandais (DPC) avait condamné Meta à payer 390 millions d'euros d'amendes et l'avait privé du fondement juridique qui l'autorisait à compiler, stocker et analyser les données de millions d'Européens utilisant ses services sans leur demander formellement leur accord.
Début novembre, un régulateur européen a formellement interdit à Meta l'utilisation des données personnelles des utilisateurs sans consentement explicite.
Pour noyb, l'abonnement est "l'antithèse du consentement libre". "Il est tout simplement lamentable que Meta continue d'ignorer le droit européen", a déclaré Max Schrems cité dans le communiqué.
Selon la Cnil, interrogée par l'AFP, "Meta doit justifier que la mise en place d’un abonnement mensuel, en cas de refus de recevoir de publicités ciblées, ne remet pas en cause la liberté du consentement des utilisateurs au sens du RGPD", le règlement européen sur la protection des données.
"S’il n’appartient pas aux autorités de protection des données de fixer le prix d’un service, elles peuvent en revanche en contrôler la pertinence lorsque que ce prix est l'alternative au ciblage publicitaire", poursuit l'autorité garante de la vie privée des Français. Le régulateur irlandais a déjà indiqué que l'approche mise en œuvre par Meta était "en cours d'évaluation".
Autre géant mondial de la publicité, Google permet à ses utilisateurs d'accepter ou de refuser sans frais de recevoir des publicités ciblées sur leurs préférences personnelles. La formule de Meta est, en revanche, observée de près par TikTok qui teste hors des Etats-Unis un abonnement pour éviter la pub.
Meta n'a pas répondu mardi 28 novembre aux sollicitations de l'AFP.
AFP/VNA/CVN