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Le président Donald Trump. |
La constitution, révélée dans la presse, d'un jury de mise en accusation ou grand jury par le procureur spécial Robert Mueller, dans le cadre de son enquête sur une éventuelle collusion entre la campagne de Donald Trump et Moscou, fait craindre à la Maison Blanche des inculpations et des assignations à comparaître potentiellement dévastatrices pour son administration.
C'est un nouveau coup dur pour Donald Trump après des démissions en cascade à la Maison Blanche et des revers cuisants sur des votes clés au Congrès.
Malgré une économie vigoureuse, un nouveau sondage effectué par l'Université Quinnipiac donne au président américain une cote de popularité de seulement 33%, un niveau équivalent à celui de Richard Nixon en plein scandale du Watergate ou à celui de George W. Bush pendant la guerre en Irak.
Inquiet que l'"affaire russe" ne continue à le hanter pendant toute la durée de son mandat, Donald Trump parie sur le soutien de sa base électorale qui l'a propulsé à la Maison Blanche, séduite par ses déclarations droitières et son discours musclé.
En un peu plus d'une semaine, le président américain a encouragé la police à ne pas prendre de gants dans les arrestations et a promis de combattre sans merci des gangs criminels hispaniques. Il a également décrété dans un tweet l'interdiction des transgenres dans l'armée.
Après avoir mis en garde contre certains quartiers devenus "de véritables charniers" en raison de la violence, il a annoncé une restriction massive des critères pour immigrer légalement aux Etats-Unis.
"Invention complète"
Jeudi 3 août, Donald Trump a prononcé un discours devant des milliers de partisans en Virginie occidentale, dans lequel il a évoqué les thèmes porteurs de sa campagne, renouvelant au passage ses attaques contre Hillary Clinton.
Mettant en avant sa politique d'immigration et son désir de rétablir la loi et l'ordre, le milliardaire new-yorkais a martelé devant ses partisans que les enquêtes sur l'"affaire russe" sont une menace pour lui-même et pour ceux qui le soutiennent. "Cette histoire de Russie est une invention complète (...) qui est humiliante pour nous tous et pour notre pays et notre Constitution", a-t-il lancé.
Aussi bien M. Trump que la Russie démentent régulièrement toute ingérence russe dans l'élection de 2016 et toute collusion entre des responsables russes et la campagne du candidat républicain.
De nombreux critiques se demandent comment le président Trump compte appliquer l'interdiction des transgenres dans l'armée, qui pourrait fort bien s'avérer impossible à mettre en place.
Quant au projet de loi pour réduire de moitié l'immigration légale, des responsables de la Maison Blanche admettent eux-mêmes que les chances d'adoption par le Congrès sont très minces, tant les migrants forment une main d'oeuvre indispensable dans certains secteurs comme l'agriculture et la construction.
Pour Emily Ekins, responsable des sondages à l'institut CATO, il est simpliste de penser que l'électorat de Trump est un groupe homogène. Il s'agit plutôt, dit-elle, d'une large coalition de conservateurs, de nationalistes, de protectionnistes, de populistes et de déçus de la politique.
Le seul point commun est leur opposition à l'immigration, explique l'analyste à l'AFP. "Si Trump faisait volte-face sur ce sujet, je pense que cela le disqualifierait aux yeux de ses partisans", dit-elle.
Trump critique son parti
Après avoir perdu un vote clé sur la réforme de la santé dans un Congrès pourtant à majorité républicaine et avoir dû promulguer à contre-coeur des sanctions contre la Russie, adoptées à une quasi-unanimité dans les deux chambres, le président américain a ouvertement critiqué le Congrès et son propre parti.
Le départ de la Maison Blanche de deux figures du parti républicain, le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, et le porte-parole, Sean Spicer, a encore terni davantage ces relations.
Avec l'affaiblissement du soutien du parti républicain, Donald Trump ne semble pas avoir d'autre choix que de créer une sorte de garde prétorienne avec ses plus fidèles partisans.
Vendredi 4 août, le président a retweeté un commentateur de la chaîne Fox News suggérant que si lui-même ou sa famille étaient visés par un grand jury, il y aurait "un soulèvement dans ce pays".
Certains craignent que le soutien du président américain à ce genre de rhétorique incendiaire n'augure d'une grave crise constitutionnelle.
AFP/VNA/CVN