En 1970, naissait l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), devenue l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), sous l'impulsion de plusieurs chefs d'État du Sud : Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger), le prince Norodom Sihanouk (Cambodge) et bien sûr le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.
Depuis lors, le message de Senghor pour la paix, le développement et la prise en compte de l'"égale dignité de toutes les cultures", comme le rappelle Abdou Diouf, n'a eu de cesse d'être au cœur des préoccupations de la Francophonie. Notamment à travers son combat pour la mise en valeur de la diversité culturelle.
Au mois d'octobre, l'OIF avait rendu hommage au poète-président en inaugurant une salle à son nom au siège parisien de l'OIF. La cérémonie avait été précédée d'un colloque intitulé : "Léopold Sédar Senghor, Orphée noir, avocat de la langue française et père de la Francophonie".
Rappelons qu'en 2006 la Francophonie avait célébré le 100e anniversaire de la naissance de l'ancien président sénégalais avec l'organisation de l'année Senghor, au cours de laquelle plus de 2.000 événements s'étaient déroulés à travers le monde.
Chef d'État, homme politique, poète, essayiste
Né à Joal, au Sénégal, le 9 octobre 1906, Léopold Sédar Senghor fait ses études à la mission catholique de Ngasobil, au collège Libermann et au cours d'enseignement secondaire de Dakar, puis, à Paris, au lycée Louis-le-Grand et à la Sorbonne. Il est reçu à l'agrégation de grammaire en 1935.
Leopold Sedar Senghor (1906-2001). |
Tout en enseignant les lettres et la grammaire au lycée Descartes à Tours (1935-1938), il suit les cours de linguistique négro-africaine de Lilias Homburger à l'École pratique des hautes études et ceux de Paul Rivet, de Marcel Mauss et de Marcel Cohen à l'Institut d'ethnologie de Paris. Nommé professeur au lycée Marcellin Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés en 1938, il est mobilisé en 1939 et fait prisonnier en juin 1940. Réformé pour maladie en janvier 1942, il participe à la Résistance dans le Front national universitaire. De 1944 jusqu'à l'indépendance du Sénégal, il occupe la chaire de langues et civilisation négro-africaines à l'École nationale de la France d'outre-mer.
L'année 1945 marque le début de sa carrière politique. Élu député du Sénégal, il est, par la suite, constamment réélu (1946, 1951, 1956). Membre de l'assemblée consultative du Conseil de l'Europe, il est, en outre, plusieurs fois délégué de la France à la conférence de l'UNESCO et à l'assemblée générale de l'ONU. Secrétaire d'État à la présidence du Conseil (cabinet Edgar Faure : 23 février 1955 - 24 janvier 1956), il devient maire de Thiès au Sénégal, en novembre 1956. Ministre-conseiller du gouvernement de la République française en juillet 1959, il est élu premier Président de la République du Sénégal, le 5 septembre 1960. Ses activités culturelles sont constantes : en 1966, se tient, à Dakar, le 1er Festival mondial des arts nègres. Réélu président de la République en 1963, 1968, 1973, 1978, il se démet de ses fonctions le 31 décembre 1980.
Léopold Sédar Senghor est titulaire de très nombreuses distinctions culturelles et étrangères : médaille d'or de la langue française ; grand prix international de poésie de la Société des poètes et artistes de France et de langue française (1963) ; médaille d'or du mérite poétique du prix international Dag Hammarskjoeld (1965) ; grand prix littéraire international Rouge et Vert (1966) ; prix de la Paix des libraires allemands (1968) ; prix littéraire de l'Académie internationale des arts et lettres de Rome (1969) ; grand prix international de poésie de la Biennale de Knokke-le-Zoute (1970) ; prix Guillaume Apollinaire (1974) ; prince en poésie 1977, décerné par l'association littéraire française L'Amitié par le livre ; prix Cino del Duca (1978) ; prix international du livre, attribué par le Comité international du livre (Communauté mondiale du livre, UNESCO, 1979) ; Prix pour ses activités culturelles en Afrique et ses œuvres pour la paix, décerné par le président Sadate (1980) ; médaille d'or de la CISAC (Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs) ; premier prix mondial Aasan ; prix Alfred de Vigny (1981) ; prix Athénaï, à Athènes (1985) ; prix international du Lion d'or, à Venise (1986) ; prix Louise Michel, à Paris (1986) ; prix du Mont-Saint-Michel, aux Rencontres poétiques de Bretagne (1986) ; prix Intercultura, à Rome (1987).
Il est docteur honoris causa de trente-sept universités, dont Paris-Sorbonne, Strasbourg, Louvain, Bordeaux, Harvard, Ifé, Oxford, Vienne, Montréal, Francfort, Yale, Meiji, Nancy, Bahia et Evora.
Il est membre correspondant de l'Académie bavaroise (1961) ; membre associé (étranger) de l'Académie des sciences morales et politiques (1969) ; membre (étranger) de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux ; membre (étranger) de l'Académie des sciences d'outre-mer (1971) ; membre (étranger) de The Black Academy of Arts and Letters (1973) ; membre (étranger) de l'Académie Mallarmé (1976) ; membre (étranger) de l'Académie du royaume du Maroc (1980).
Il est élu à l'Académie française, le 2 juin 1983, au fauteuil du duc de Lévis-Mirepoix (16e fauteuil).
Mort le 20 décembre 2001.
OIF/CVN