Dimanche sous haute tension à la frontière entre Gaza et Israël

Palestiniens de Gaza et militaires israéliens s'apprêtaient à une nouvelle journée sous haute tension dimanche 1er avril à la frontière, tandis qu'à l'ONU, les États-Unis ont bloqué un projet de déclaration appelant à la retenue après la sanglante journée de vendredi 30 mars.

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Le 31 mars à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens accompagnent le cercueil d'un manifestant tué la veille lors d'affrontements avec l'armée israélienne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des milliers de Gazaouis ont pris part samedi 31 mars aux funérailles des manifestants tués la veille lors d'affrontements avec l'armée israélienne, qui ont fait 16 morts côté palestinien, le bilan le plus meurtrier depuis la guerre de 2014.

Mais seuls quelques centaines de manifestants sont retournés samedi 31 mars sur plusieurs zones près de la frontière entre Gaza et Israël pour poursuivre "la marche du retour", une protestation censée durer six semaines.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une "enquête indépendante" sur l'usage par Israël de munitions réelles.

Les États-Unis, régulièrement accusés de parti pris pro-israélien, se sont dits "profondément attristés par les pertes humaines à Gaza", appelant à "des mesures pour faire diminuer les tensions". Mais Washington a néanmoins bloqué samedi 31 mars soir un projet de déclaration du Conseil de sécurité appelant "toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire" et demandant une enquête sur les affrontements.

Israël a défendu son armée qui, selon elle, a tiré contre des manifestants lançant des pierres et des cocktails Molotov sur les soldats, ou tentant d'endommager la clôture et de s'infiltrer en Israël.

"Bravo à nos soldats", a écrit le Premier ministre Benjamin Netanyahi dans un communiqué. "Israël agit fermement et avec détermination pour protéger sa souveraineté et la sécurité de ses citoyens".

Les Palestiniens accusent Israël d'usage disproportionné de la force et des organisations de défense des droits de l'Homme ont questionné la nécessité de ces tirs à balles réelles.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrété samedi 31 mars jour de deuil national et tenu Israël pour seul responsable des morts.

Dans plusieurs villes de la bande de Gaza, une foule compacte a accompagné les cercueils de manifestants tués la veille. "Arabes, musulmans, où êtes-vous ?", ont scandé les participants, certains appelant à la "vengeance".

Selon le ministère de la Santé de Gaza, 35 personnes ont été blessées samedi 31 mars lors de heurts le long de la frontière, mais leurs vies ne sont pas en danger.

Des affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes ont également éclaté à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, tandis qu'une petite manifestation a eu lieu à Naplouse, plus au Nord.

Une grève générale est par ailleurs en cours dans l'enclave --"au bord de l'effondrement" selon l'ONU-- ainsi qu'en Cisjordanie.

"Passé terroriste"

La tension est vive depuis vendredi 30 mars, lorsque l'armée israélienne a ouvert le feu sur des Palestiniens qui s'étaient approchés à quelques centaines de mètres de la barrière ultra-sécurisée séparant l'État hébreu de la bande de Gaza.

Selon le ministère de la Santé dans l'enclave, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés, dont 758 par des tirs à balles réelles. Aucun mort ni blessé n'ont été signalés côté israélien.

Un manifestant palestinien renvoie une cartouche de gaz lacrymogène sur des soldats israéliens le 31 mars à Hébron, en Cisjordanie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le mouvement de protestation prévoit des rassemblements le long de la barrière de sécurité pour exiger le "droit au retour" des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus imposé par l'État hébreu à Gaza.

Cinq des protestataires tués étaient des membres du Hamas qui participaient aux "manifestations populaires aux côtés de leur peuple", a fait savoir la branche armée du mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza.

L'armée israélienne a de son côté affirmé samedi soir 31 mars dans un communiqué que 10 des Palestiniens tués avaient des "passés terroristes" au sein du Hamas et d'autres groupes.

Un peu plus tôt, un porte-parole de l'armée avait qualifié les événements de la veille d'"activité terroriste organisée", accusant le Hamas d'être derrière ces manifestations.

"Si cela continue, nous n'aurons d'autre choix que de répondre à l'intérieur de la bande de Gaza contre les cibles terroristes (...)", a déclaré le général de brigade Ronen Manelis.

"Choquant"

La journée de vendredi 30 mars a été la plus meurtrière depuis 2014, date de la dernière guerre entre Israël et le Hamas, qui observent depuis un cessez-le-feu tendu. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui condamné une attaque israélienne "inhumaine".

Des organisations de défense des droits de l'Homme se sont pour leur part interrogées sur la réaction des forces de sécurité israéliennes.

"Les allégations israéliennes de violences par certains manifestants ne changent rien au fait que l'utilisation de la force meurtrière est interdite par le droit international, sauf pour faire face à une menace imminente", a affirmé l'ONG Human Rights Watch, jugeant le nombre de morts et de blessés "choquant".

La "grande marche du retour" a été lancée à l'occasion de la "Journée de la Terre", qui marque chaque 30 mars la mort en 1976 de six Arabes israéliens lors de manifestations contre la confiscation de terrains par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants de Palestiniens restés sur place à la création de l’État d'Israël en 1948.

AFP/VNA/CVN

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