Deux frères inventifs en guerre contre les mines du sol afghan

Débarrasser le monde des horreurs de leur enfance est devenu l’obsession de deux frères afghans : après avoir créé il y a trois ans un «pissenlit» géant anti-mines, ils ont mis au point un drone pour tenter de sauver des milliers de vies.

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Mahmud (gauche) et Massoud Hassani dévoilent le «mine kafon» à Eindhoven, aux Pays-Bas.

Massoud et Mahmud Hassani, qui ont quitté Kaboul en 1998 et 2000, sont persuadés que leur drone permettra de détecter et de détruire ces engins explosifs «vingt fois plus vite» que les méthodes actuelles, disent-ils dans leur atelier d’Eindhoven, dans le Sud des Pays-Bas.

Des décennies de guerre ont laissé le sol afghan criblé de mines antipersonnel, qui tuent encore aujourd’hui, surtout des enfants.

Les deux frères de 32 et 30 ans, aujourd’hui citoyens néerlandais, avaient séduit le monde en 2013 par la simplicité de leur première invention : 150 bâtons de bambou, surmontés d’un disque en plastique de la taille d’un frisbee, étaient vissés sur une sphère centrale en métal. Mu par le vent, le «mine kafon» ressemblait à un immense pissenlit.

Le drone, quant à lui, allie les dernières technologies en matière d’impression 3D, de robotique et de détection de métaux. Pesant 4,5 kilos, il est constitué de six bras équipés d’un moteur à hélice et transporte, sous un revêtement bleu imprimé en 3D, des batteries, du matériel informatique, des logiciels et un GPS.

Un poulpe bleu volant

Un bras robotique armé d’une pince pouvant être actionnée à distance est ajouté sous le dispositif, qui évoque alors un poulpe bleu volant.

Le GPS permet de planifier le parcours du dispositif, qui crée en premier lieu une carte précise du secteur à nettoyer. Une fois cartographiée, cette section est passée au peigne fin par le drone, avec l’aide d’un détecteur de métal.

«De cette manière, le champ de mines peut être scanné au centimètre près», explique Massoud : une charge explosive déposée par la pince va ensuite «créer un cratère dans le sol, ce qui va activer le détonateur de la mine et la faire exploser».

Un enfant afghan ramasse des débris d’une voiture endommagée dans un attentat à Kaboul, capitale de l’Afghanistan.

Jusqu’à présent, trois prototypes ont été fabriqués et les frères les ont présentés à l’armée néerlandaise, qui se dit prête à participer aux prochains tests.

Le déminage est «une activité incroyablement chronophage», assure un spécialiste des forces néerlandaises, Fred de Vries, affirmant envisager «de nombreuses possibilités d’utiliser des drones» pour réduire le temps nécessaire à la détection des mines dans un secteur donné.

Mais la plus grande ONG spécialisée dans ce domaine, Halo Trust, n’est pas de cet avis. Après avoir testé «à petite échelle des drones de repérage», l’ONG n’imagine par que ces engins joueront à l’avenir un grand rôle dans le déminage.

Leur usage est limité dans les zones recouvertes de végétation et en cas de mauvaise météo. Et même s’ils permettaient de détecter une mine, il faudrait quand même qu’un «être humain entraîné» aille «la déterrer et la détruire», a-t-elle affirmé.

Tests en Afghanistan

Les frères espèrent procéder aux premiers tests dans leur pays d’origine avant deux mois et cherchent des financements via une plateforme en ligne. Si tout se passe bien, ils pensent pouvoir fabriquer des engins à mille euros pièce.

Le «mine kafon» n’a jamais été testé en Afghanistan : le dispositif étant mu par le vent, il ne pouvait inspecter un champ de manière systématique. Il a «surtout servi à sensibiliser» à la question des mines. Mais après cette approche artistique, Massoud veut «agir de manière plus concrète».

Des mines terrestres restent enfouies dans 78 pays, d’après l’ONU. Et en Afghanistan elles ont provoqué la mort de 1.296 personnes en 2014, selon l’ONG Landmine and Cluster Munition Monitor.

Dans ce pays, en dépit de nombreuses destructions, il restait en mars 4.287 engins explosifs connus dispersés sur plus de 600 km², a souligné le Centre de coordination de l’action contre les mines en Afghanistan (MACCA), financé par l’ONU.


AFP/VNA/CVN

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