>>Wall Street termine sur une note positive une semaine tumultueuse
>>Wall Street, encore convalescente, termine dans le rouge
Sur la plateforme du New York Stock Exchange, à New York le 8 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'alerte avait été donnée quelques jours seulement avant la déroute boursière de lundi 5 février par le directeur général de la banque Barclays.
"Nous avons construit et structuré des produits partout dans le monde qui tentent d'améliorer les profits en pariant sur la (faible) volatilité. C'est une pratique habile (mais) lorsque le marché se retournera, attachez vos ceintures", avait déclaré Jes Staley au Forum économique de Davos.
Le phénomène redouté s'est produit lundi : l'indice VIX, qui mesure la volatilité, a bondi de plus de 100% en quatre heures. L'affolement a gagné le marché et en moins de vingt minutes en fin de séance, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, a plongé dans une spirale infernale de 500, puis 1.000 puis 1.500 points.
Le VIX, aussi appelé "indice de la peur", est un indicateur qui se base sur le risque de voir fluctuer l'indice financier S&P 500 regroupant les 500 plus grandes entreprises cotées à New York.
Destiné à l'origine à évaluer la "température" des marchés, il est devenu un outil à part entière sur lequel parier.
Monsieur et madame Dupont
Beaucoup ont choisi de miser sur la baisse de l'indice, un marché florissant et juteux puisque le VIX était resté quasiment atone depuis l'été 2015.
Selon la banque américaine Goldman Sachs, ces paris ont connu "la meilleure performance de leur histoire en 2017" avec près de 200% de rendement pour le plus important.
"Des fonds spéculatifs, des courtiers, monsieur et madame Dupont... Tous le monde détenait cet investissement car sa structure garantissait de le rendre gagnant à presque tous les coups", affirme Brett Manning, analyste chez Briefing. À condition que la volatilité reste au plus bas.
Mais lorsque les marchés boursiers ont été pris d'inquiétudes par les risques d'inflation en fin de semaine dernière, ils ont piégé ceux qui avaient misé sur la persistance d'une volatilité basse.
"Tout le monde détenait les mêmes paris. Les fonds spéculatifs ont alors commencé à en sortir et un mouvement de panique pour tenter de couvrir ces investissements a suivi", explique M. Manning.
La hausse de la volatilité n'en a été que plus forte, poursuit-il, poussant deux gros acteurs du secteur, Crédit Suisse et Nomura, à annoncer la fermeture de leurs fonds liés à la volatilité et des pertes massives pour ceux qui y avaient investi.
Vendredi, l'un des plus grands courtiers de détail Fidelity a annoncé qu'il interrompait les ordres d'achats sur l'indice "SVXY" commercialisé par la société ProShares, celui-ci n'ayant pas fermé malgré de lourdes pertes également.
Il est difficile, selon les spécialistes, de savoir combien d'argent a été perdu mais ce marché était évalué à entre 3 et 4 milliards de dollars.
Grand casino
En Suisse, le régulateur financier s'est saisi de l'affaire et affirmé qu'il était en contact avec Credit Suisse.
La banque avait pourtant bien pris soin de préciser dans les documents de présentation du produit incriminé, baptisé "XIV", que sa valeur anticipée "sur le long terme est de zéro".
"Ce qui était destiné à l'origine à n'être qu'une assurance est devenu un instrument d'achat et de vente dans une sorte de grand casino", regrette Christopher Low de FTN Financial.
Aux États-Unis, le président de la banque centrale de New York William Dudley a affirmé que ces produits allaient être regardés de plus près, à la lumière des récentes turbulences.
BlackRock, le numéro un mondial de la gestion d'actifs, a quant à lui affirmé qu'il soutenait "fortement un système de classification qui clarifierait aux yeux des régulateurs et des investisseurs les risques liés à ces produits".
"Avec un niveau de VIX plus élevé et des positions significativement rabaissées, une répétition imminente des événements du 5 février nous semble peu probable", a toutefois estimé Bank of America Merill Lynch dans une note.