Des golfeurs prennent part à un tournoi de golf dans une forêt luxuriante près de Uvaly, en banlieue de Prague. |
«L’idée est née dans une colonie de vacances où deux de mes amis initiaient les enfants au golf avec un matériel de fortune», explique Jiri Rehor, instituteur et «vétéran» du golf des bois, pratiqué depuis dix ans. «De retour chez eux, ils ont développé l’idée et ont invité des amis à les rejoindre», poursuit-il.
Tous les ans, neuf tournois de golf des bois ont lieu à travers le pays, sous le mot d’ordre «Rigolade que l’on prend mortellement au sérieux».
Par un beau dimanche ensoleillé d’automne, une vingtaine de passionnés se sont réunis dans une forêt luxuriante près de Uvaly, en banlieue de Prague, pour mesurer leurs forces sur un rude parcours de 10 trous, traversé par un fossé béant.
«Le club, vous pouvez l’apporter avec vous ou bien le fabriquer sur-le-champ», sourit M. Rehor. Il en arbore quatre et plaisante qu’un nouveau jeu de balles de tennis lui ferait le meilleur plaisir pour son anniversaire. La balle de tennis remplace en effet la balle de golf, trop petite pour ce type de terrain.
Le club doit passer à travers un tube d’essai large de 10 centi-mètres, selon les règlements affichés sur le site web actualisé par les joueurs, avec un lien vers leur page facebook.
Au lieu des «tees» classiques, les golfeurs des bois utilisent les cônes d’épicéa cassés en deux. Le règlement veut qu’ils portent un chapeau ou une casquette. Pour les hommes, une cravate de couleur voyante est exigée. «On a aussi porté des sandales, mais cette règle a été abandonnée après le premier tournoi sur la neige», dit Daniel Suk, un autre passionné.
Leona donne un premier coup en direction d’un trou caché derrière un arbre, à une quarantaine de mètres de l’aire de départ. Sa fille frappe et touche un pin minuscule. Le tour est à un ami : il donne un coup terrible dans la balle qui heurte un sapin et rebondit sur une mousse verte.
«Tu es sur le +green+!», rit Leona avant de réussir un score impressionnant de 9 coups sur un trou avec le «par» 15. Les joueurs s’entraident en écartant de petits arbres situés dans la trajectoire de la balle. Le règlement permet que les branches soient écartées, mais pas cassées. Le premier tournoi de golf des bois a été disputé en 1999 et les règles ont été fixées un an plus tard.
«On se promène gratuitement»
Il n’y a pas de limite d’âge. À Uvaly, on voit de petits enfants tout comme des sexagénaires. «J’y joue depuis sept ans et j’ai gagné quatre saisons», se vante Vaclav Hajek, 63 ans, avant d’envoyer adroitement la balle dans un trou à peine plus large que la balle elle-même, entre les racines d’un sapin.
Il n’y a pas de limite d’âge. À Uvaly, on voit de petits enfants tout comme des séxagénaires. |
Comme beaucoup d’autres, il n’a jamais joué au golf régulier. M. Rehor, lui, assure qu’il aimerait bien savourer un jour l’atmosphère d’un «vrai» parcours. «Ce qui m’embête, c’est que c’est cher. Ici, dans la forêt, je me promène gratuitement, je dépense seulement quelque 50 couronnes (2 euros) pour les médailles en chocolat et les diplômes», dit-il.
On chercherait en vain un club-house chic à Uvaly. Mais pour la remise des prix, arrosée d’une ou deux bières, la modeste auberge locale convient parfaitement.
Encore une différence : le poil des golfeurs des bois se hérisse à l’idée de voir leur sport se développer, à l’instar du «vrai» golf, qui figure au programme des JO-2016. «Comme cela, c’est bien. Et calme. On revient à la maison avec des médailles au chocolat au cou», dit M. Rehor, champion de deux tournois en 2012.
AFP/VNA/CVN