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Un singe assis à l'entrée d'une maison, le 30 août à Shimla, en Inde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pendant le confinement national strict de mars à juin, la plupart des macaques ont quitté cette célèbre station de montagne aux édifices victoriens raffinés sur les contreforts de l'Himalaya pour partir dans les campagnes alentour en quête de nourriture.
Mais depuis l'assouplissement des restrictions, les voilà de retour. Une bonne cinquantaine de groupes de singes affamés ont repris leur harcèlement, volant les sacs de nourriture et mordant les passants.
Shimla, ville de 160.000 habitants et capitale de l'État d'Himachal Pradesh, attire les touristes, surtout l'été pour échapper à la chaleur, mais aussi les singes qui se délectent avec leurs déchets abandonnés de burgers ou pizzas.
Nand Lal, 46 ans, montre les blessures que viennent de lui infliger des singes en pleine rue. "Je passais devant un groupe de singes quand le mâle dominant m'a attaqué tout à coup et trois autres s'y sont mis".
Morsure au dos
"Heureusement, j'ai attrapé un bâton et j'ai pu les faire partir. J'ai des bleus sur toute la tête et le visage. Je saignais d'une morsure au dos". Il a fallu lui administrer plusieurs injections antirabiques.
Un singe s'approche de deux hommes dans une rue de Shimla, le 29 août en Inde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les gens ont très peur et ne savent que faire", observe Kuldeep Chand Sood, ancien juge de la Cour suprême à la retraite, en montrant le trou laissé dans sa jambe par la morsure d'un singe alors qu'il était assis sur sa terrasse.
"J'étais en train de lire quand un grand singe m'a soudainement attaqué", dit-il.
Dans son quartier de Sanjauli, beaucoup de maisons protègent leurs terrasses et leurs fenêtres avec des cages de métal. Les singes n'hésitent pas à venir vider les réfrigérateurs.
Harcèlement
Les poubelles débordantes devant les hôtels et restaurants les attirent également, explique Rajesh Sharma, fonctionnaire responsable de l'environnement à Shimla.
Un singe dévore les restes d'une pizza à Shimla, le 29 août en Inde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec l'amélioration du système de collecte des ordures, "les singes ont plus de mal. Mais leurs habitudes restent les mêmes. Ils arrachent des mains tout ce qu'ils voient". Et s'ils ne trouvent rien, "ils mordent".
Même les visiteurs venus admirer le temple de Jakhu, doté d'une des plus grandes statues du dieu singe Hanuman dans le pays, se voient dérober leurs lunettes ou tout ce qui brille.
Et lorsqu'ils ne s'en prennent pas aux êtres humains, les plus de 130.000 singes estimés dans l'État mangent ou détruisent les fruits et les récoltes dans les champs, causant chaque année des millions de dollars de pertes.
Révérés dans ce pays majoritairement hindou, les singes sont pourtant déclarés dorénavant comme des animaux nuisibles par le gouvernement, susceptibles d'être éliminés.
Un singe regarde deux de ses congénères enfermés dans une cage, le 30 août à Shimla, en Inde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais aucune campagne officielle d'extermination n'a été lancée même si des paysans ont illégalement empoisonné des centaines d'animaux.
À Shimla comme dans d'autres villes de l'État, les autorités ont commencé une campagne de stérilisation des singes dont quelque 157.000 ont été stérilisés sur cinq ans.
"La stérilisation est le seul moyen de contrôler cette population", explique Pooja Kanwar, un spécialiste au centre de stérilisation des singes de Shimla.
Mais les singes s'habituent aux tactiques pour les attraper avec des bananes ou du pain laissés dans une cage.