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Des milliers de migrants avancent vers l'UE, Berlin évoque "le plus grand défi européen"

Des milliers de migrants, notamment des réfugiés syriens, traversaient le 23 août la Macédoine et la Serbie en direction de l'Europe occidentale, un phénomène qui, selon Berlin, représente pour l'Europe un défi "plus grand encore que la Grèce et la crise financière".

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La Macédoine, qui a décrété le 20 août l'état d'urgence et envoyé les forces policières et l'armée à sa frontière avec la Grèce pour contenir le passage des migrants, a finalement ouvert le passage le 22 août, après qu'un groupe de migrants eut débordé les policiers.

Des migrants arrivent à la gare de Gevgelija, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 22 août.

Après avoir été retenues pendant trois jours à la frontière gréco-macédonienne, plus de 7.000 personnes, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ont traversé la Macédoine et sont parvenues les 22 et 23 août dans le Sud de la Serbie.

"Des centaines sont toujours à la frontière et d'autres sont attendus", selon un communiqué du HCR, qui souligne également avoir obtenu l'engagement du gouvernement macédonien "que la frontière sera ouverte aux réfugiés fuyant la guerre dans leurs pays".

À Miratovac, village serbe près de la frontière macédonienne, les migrants, dont de nombreux enfants et femmes enceintes, sont pris en charge par les autorités locales et des équipes du HCR, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

Dans un campement, on leur distribue des vivres. Nombre d'entre eux sont épuisés et demandent des soins médicaux. Ils sont ensuite transférés par autobus dans la ville voisine de Presevo où ils se voient délivrer les documents leur permettant de poursuivre leur périple vers le Nord de la Serbie, dernière étape avant la Hongrie, pays membre de l'UE.

Tout en signalant un apaisement de la situation à la frontière gréco-macédonienne, l'ONG Amnesty International s'est néanmoins inquiétée du "sort incertain" des personnes qui poursuivent épuisées leur parcours.

"Certaines sont malades et ont désespérément besoin d'une assistance humanitaire", a indiqué dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme.

La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a pour sa part appelé à un "plus haut niveau de collaboration et des efforts collectifs" pour répondre aux besoins des migrants, mettant en garde contre une "hausse dramatique" du nombre de personnes qui vont affluer dans les prochains jours en provenance des îles grecques.

L'Europe "dans un sommeil profond"

Dans la matinée, quelque 500 personnes, selon la police grecque, ont traversé sans entrave la frontière gréco-macédonienne, pour monter dans des trains qui les conduiront vers la Serbie. Quelque 400 autres attendaient encore la permission de la police macédonienne pour passer.

Parmi eux, Mohamed Rostom, Syrien passé par l'Irak et la Turquie avec son épouse et leurs trois enfants. Il dit avoir payé 4.000 euros aux passeurs pour amener sa famille en bateau en Grèce.

"Trois personnes sont mortes au cours de ce trajet vers la Grèce. Je veux aller en Allemagne pour travailler. Je veux être en sécurité et vivre comme un être humain, c'est pour ça que j'ai choisi l'Europe", a lancé M. Rostom.

Avant le passage de ce week-end, les autorités macédoniennes avaient déjà enregistré l'entrée de 42.000 migrants dans le pays depuis le 19 juin, dont plus de 7.000 enfants.

Sur une des autres voies qu'empruntent les migrants pour venir en Europe, quelque 4.400 personnes ont été secourues le 22 août et 300 supplémentaires le 23 août en mer Méditerranée dans des opérations coordonnées par des garde-côtes italiens.

Le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, a déclaré que face à cette crise l'Europe risquait de montrer "le pire d'elle-même" en matière d'immigration. Il a déploré l'"égoïsme, les prises de décision hasardeuses et les disputes entre les États membres".

"Aujourd'hui, c'est sur cette question (de l'immigration, ndlr) que l'Europe soit redécouvrira son âme soit la perdra pour de bon", a-t-il asséné, dans une interview publiée par le quotidien Il Messaggero.

En Allemagne, pays qui fait face à un afflux sans précédent de demandeurs d'asile, dont le nombre pourrait atteindre 800.000 en 2015, le vice-chancelier Sigmar Gabriel a déclaré que la gestion de cette crise était "le plus grand défi de l'Allemagne depuis la Réunification" du pays.

Dans une interview diffusée sur la chaîne publique ARD, il a aussi accusé l'Europe d'être "d'une certaine façon dans un sommeil profond" et de rester en "mode vacances"".

"Et je crois aussi que c'est le plus grand défi européen, encore plus que la Grèce et la crise financière", a poursuivi. M. Gabriel.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande tenteront le 24 août à Berlin de "donner une nouvelle impulsion" à la réponse européenne à la crise des migrants, a annoncé l'Élysée.

AFP/VNA/CVN

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