Accord UE-Ankara
Des migrants renvoyés de Grèce, la Turquie se dépêche de construire des centres

La Turquie se hâte de préparer des centres d'enregistrement pour les migrants qui doivent être renvoyés dans ce pays depuis la Grèce, conformément à l'accord UE - Ankara destiné à réduire le flux migratoire et qui entre en vigueur le 4 avril.

>>La mise en place de l'accord controversé UE-Turquie se concrétise

Quelque 750 migrants devraient quitter l'île grecque de Lesbos vers le port turc de Dikili, entre lundi 4 avril et mercredi 6 avril.

Les autorités turques attendent le retour de migrants syriens ou d'autres nationalités, qui ont traversé la mer Egée en direction de l'Union européenne, conformément à cet accord controversé signé le 20 mars, mais les détails sont rares sur les conditions précises de ces retours.

Quelque 750 migrants devraient quitter l'île grecque de Lesbos vers le port turc de Dikili, entre lundi 4 avril et mercredi 6 avril, à bord de deux navires turcs opérés par l'agence Frontex, chargée des frontières extérieures de l'UE, avançait le 2 avril l'agence de presse grecque ANA.

"Nous continuons les préparatifs", s'est contenté de dire à l'AFP le responsable grec interministériel de la gestion migratoire, Yorgos Kyritsis, interrogé à ce sujet.

Des élus locaux de Dikili, situé juste en face de Lesbos, ont fait savoir qu'ils préparaient un centre d'accueil pour les migrants renvoyés de Grèce. Mais des images diffusées sur la chaîne turque NTV le 1er avril montraient un terrain vide sur le site envisagé.

"Qu'ils ne restent pas longtemps"

Les responsables turcs insistent sur le fait que ces centres ne sont que des lieux de transit à partir desquels les migrants pourront être rapidement envoyés dans des camps de réfugiés.

"Une fois qu'ils sont enregistrés et que leur état de santé a été vu, ils seront envoyés vers des camps", précise le maire de Cesme. "Nous ferons en sorte que ce processus soit rapide, pour qu'ils restent aussi peu longtemps que possible".

En attendant, le Croissant-Rouge turc prépare un nouveau camp de réfugiés d'une capacité de 5.000 personnes plus loin dans les terres, à Manisa (ouest), le premier camp situé ailleurs que dans le sud et l'est du pays, pour faire face aux nouvelles arrivées, rapporte le 2 avril la presse turque.

L'accord entre l'UE et la Turquie, qui accueille déjà 2,7 millions de réfugiés syriens, prévoit de "réinstaller", pour chaque migrant repris par Ankara, un Syrien dans un pays européen.

L'Allemagne a affirmé le 1er avril qu'un premier groupe de Syriens en provenance de Turquie, principalement des familles avec des enfants, était attendu dès le 4 avril.

Les termes de l'accord sont vivement contestés par les ONG, et Amnesty International a affirmé que la Turquie ne pouvait plus être considérée comme un "pays sûr" pour les réfugiés syriens.

Amnesty accuse Ankara de forcer illégalement chaque jour une centaine de réfugiés syriens à retourner dans leur pays ravagé par la guerre. Et selon elle, une partie des réfugiés renvoyés de Grèce vers la Turquie risquent de subir le même sort.

Peter Sutherland, conseiller spécial de l'ONU sur les migrations, s'est inquiété le 2 avril que l'accord UE - Ankara puisse être "illégal", notamment s'il met en pratique des "expulsions collectives sans regard pour les droits individuels de ceux qui affirment être des réfugiés". Il espère aussi que les réfugiés syriens seront protégés à leur retour en Turquie avec "l'assurance de ne pas être expulsés ensuite vers la Syrie".


AFP/VNA/CVN

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