Ilda Briosca (2e à gauche) apprend à ses «élèves» la préparation de la crêpe vietnamienne au porc et crevettes. |
Onze heures, des odeurs d’aliments, des cliquetis d’ustensiles de cuisine, des éclats de rire et de voix... C’est l’ambiance ordinaire à la Saigon Cooking Class, cours de cuisine vietnamienne pour étrangers, située dans une ruelle du 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville.
Une Française et des cours de cuisine vietnamienne
La Saigon Cooking Class a été créée en 2009 par la Française Ilda Briosca, installée au Vietnam depuis près de sept ans. Avant d’ouvrir son propre cours de cuisine, la jeune femme a fréquenté de nombreux cours de cuisine, mais nulle part elle n’a été satisfaite des connaissances acquises. Elle a alors fait ses recherches, sélectionné des recettes... tirés de différents cours, avant d’ouvrir la Saigon Cooking Class. «J’ai ouvert ce cours de cuisine car je veux apporter aux autres ce que je veux découvrir. Tout ce que j’ai appris sur la cuisine vietnamienne, dans de petits restaurants, des gargotes, des marchés..., je l’ai introduit dans mon cours», déclare-t-elle. Et d’ajouter : «Je veux que les touristes ou les expatriés découvrent les choses intéressantes que j’ai trouvées ici».
Saigon Cooking Class n’est pas seulement un lieu où l’on peut apprendre à cuisiner des plats vietnamiens, c’est aussi un espace de rencontre, de détente. Certains participants avouent même qu’ils ne font jamais la cuisine chez eux.
Ceux qui fréquentent la Saigon Cooking Class sont pour la plupart des étrangers, venus d’Australie, des États-Unis, d’Europe, des Philippines... Ils ont connu ce cours par le «bouche-à-oreille». Ce sont aussi bien des touristes de passage que des expatriés.
Les organisateurs de Saigon Cooking Class alternent les cours de cuisine avec des visites aux marchés où les «élèves» peuvent apprendre à choisir des ingrédients frais. Chaque cours dure une demi-journée.
Overland Club : lieu de rencontre et de création
À Hô Chi Minh-Ville, la Saigon Cooking Class n’est pas un cas exceptionnel. L’Overland Club, situé également dans le 1er arrondissement, a été fondé il y a quelques années par le Japonais Tomizawa Mamoru, dans le but aussi de donner des cours de cuisine. «La cuisine vietnamienne est très spéciale pour moi. La première fois que je l’ai goûtée, j’ai été conquis», confie ce quadragénaire qui a décidé de s’établir au Vietnam en 1995, après le terrible tremblement de terre de Kobe (qui a fait plus de 6.300 morts).
La peintre Lindsay Erdman (debout) se contente de cours de peinture sur soie à effectifs réduits, dans un souci de qualité. |
Avant d’ouvrir l’Overland Club, ce Japonais a créé avec un ami une agence de voyage proposant des circuits vers différents pays. Il s’est aperçu que pour découvrir un pays, le comprendre, il est préférable d’apprendre de nouvelles choses, plutôt que de visiter des sites touristiques et d’acheter des souvenirs. L’Overland Club a été créé avec le souhait d’apporter aux touristes des expériences inoubliables plutôt que d’acheter quelque chose et de le ramener chez soi.
En plus des cours de cuisine, l’Overland Club propose également des cours de céramique. Lors d’une visite à Hanoi, Tomizawa Mamoru s’est rendu au fameux village de Bat Tràng. Là, il est tombé amoureux de ce métier traditionnel et il a décidé de rester au village pour l’apprendre. Après, il a donné des cours de céramique à l’Overland Club. Tomizawa Mamoru se souvient toujours de ses sentiments lorsqu’il a achevé son premier gobelet. «Un gobelet produit de mes mains ! À ce moment, je venais d’arriver au Vietnam, j’étais seul, sans famille, sans amis. Produire moi-même une chose si petite, si sympa, cela m’a donné du bonheur. Après, j’ai décidé de continuer ce travail pour apporter du bonheur aux autres», explique-t-il. Et d’ajouter qu’il ne rêve pas d’élargir son club, mais souhaite seulement rehausser la qualité de ses cours.
Gayle Bridge, de Nouvelle-Zélande, vit au Vietnam depuis sept ans et fréquente l’Overland Club. «J’aime bien venir ici pour discuter avec Tomizawa et faire appel à ma créativité», dit-elle. Rencontrer les autres, créer de belles choses, c’est ce qui pousse de nombreux personnes à venir à l’Overland Club.
Un espace artistique à l’Art Retreat
À la différence d’Ilda et de Tomizawa, Lindsay Edman, qui vit au Vietnam depuis trois ans, a choisi la peinture pour diffuser la culture de son pays d’adoption.
Dans son espace artistique dénommé Art Retreat in Saigon, situé dans une ruelle tranquille du 10e arrondissement, la peintre canadienne donne des cours de courte durée, dans un espace typiquement vietnamien avec chapeaux coniques accrochés aux murs, vases de lotus sur les tables et arbres fruitiers...
Dans ses cours de peinture, les fleurs de lotus, les lanternes de Hôi An ou la baie de Ha Long, images symboliques du Vietnam s’il en est, sont omniprésentes. Ce sont les thèmes centraux de ses cours de peinture sur soie. Lindsay Edman qui a exploré de nombreuses techniques picturales, a été très impressionnée au Vietnam par la peinture sur soie, qui tient désormais une place de choix dans ses cours. C’est aussi sa façon de faire connaître un pan de la culture vietnamienne aux étrangers. «Je sais que de nombreux touristes et expatriés veulent participer à des activités artistiques. Je suis contente de voir mes élèves apporter chez eux une partie du Vietnam dans leurs toiles», fait savoir la peintre.
Un des points communs entre Lindsay, Ilda et Tomizawa, outre leur amour pour la culture vietnamienne, c’est leur volonté de ne pas élargir leur «business», et de se contenter de cours à effectifs réduits, par souci de la qualité. Bonne continuation à ces «passeurs culturels», qui mériteraient d’être bien plus nombreux !
Ngoc Dông/CVN