Jean-Charles Amalric, 25 ans, et Benjamin Amalric, 34 ans, avaient depuis longtemps le rêve de faire un tour du monde. Après plusieurs années de préparation, la constitution de longs dossiers de financement, et la recherche laborieuse de sponsors, ils créent l’association «Raid Planète Secours» en 2011. Marins-pompiers de formation, titulaires d’un diplôme de moniteur secouriste et écologistes avérés, ils se fixent un triple objectif pour réaliser leur projet: relever un défi personnel, sensibiliser les populations aux gestes de premiers secours, et préserver à tout prix la nature de la pollution.
Jean-Charles Amalric (à gauche) et Benjamin Amalric sur la route, en Thaïlande. |
C’est donc juchés sur leur vélo, un gros sac attelé à l’arrière, qu’ils quittent la ville d’Albi, un matin de septembre 2012. Ils parcourent d’abord l’Europe d’ouest en est, à travers les Balkans. L’hiver les rattrape en Bulgarie. Ils traversent la Roumanie, puis l’Ukraine où la température avoisine les moins 20 degrés. Au printemps, ils sillonnent l’Asie, en passant par le Kazakhstan et le Kirghizstan où le climat les frappe de son autre extrême : dans les steppes désertiques, la chaleur atteint 45 degrés en moyenne.
Un voyage sans confort
Le projet des deux jeunes hommes n’inclut de tout évidence aucun confort. Le voyage se fait au plus proche de la nature, dans des conditions pour le moins rustiques. Les nuits se passent souvent à la belle étoile, et les douches se font parfois rares : «Au Kazakhstan, on a passé un mois et trois semaines sans se laver», avoue Jean-Charles. Les deux compères poursuivent leur route le long de la péninsule indochinoise vers le Laos, la Thaïlande et le Cambodge. Le 23 novembre, ils traversent la frontière vietnamienne, destination finale de cette épopée longue de 18.000 km.
Afin de remplir leur objectif humanitaire, ils s’arrêtent au gré de leurs étapes dans des écoles ou instituts de l’Alliance française pour sensibiliser les populations aux premiers secours, à l’aide de posters et de brochures pédagogiques qu’ils ont pris soin de traduire dans chaque langue avant leur départ. «Notre expérience de pompiers nous amène à un même constat : les gens ne sont pas assez informés des gestes de premiers secours. Combien de personnes n’ont su que faire face à une hémorragie, une personne inconsciente ou une personne qui ne respire plus ? Combien d’individus auraient-pu être sauvés ?» s’interrogent les deux cousins.
Initiation au secourisme à l’école Phuong Bình Hung de Binh Tân, avec l’association «Les Enfants du Dragon». |
À l’aide d’un interprète local, ils expliquent à leur public le comportement qu’il faut adopter dans des situations d’urgence : comment réagir en cas d’accident domestique, comment secourir une personne qui s’étouffe, ou comment réanimer une personne inconsciente. Jean-Charles s’est ainsi rendu à l’orphelinat Nhà Mô Côi Truyên Tin, dans le district de Binh Tân, en compagnie de Marc de Muynck, président de l’association «Les Enfants du Dragon». Devant les enfants intrigués, il a donné sa 22e initiation aux gestes de premier secours.
C'était la dernière. Le voyage touche en effet à sa fin, et les billets de retour en Europe ont été réservés pour le 9 décembre. À l’heure du bilan, les deux cousins sont unanimes : «C'est une aventure humaine extraordinaire avec des rencontres incroyables», assurent-ils. «Nous avons plein de projets, plein de rêves de voyages dans la tête... mais nous allons tout d’abord nous reposer et retrouver nos proches», confie Jean-Charles. Un repos bien mérité pour les deux sportifs, avant, ils l’espèrent, de reprendre la route à nouveau.
Lara Mercier/CVN