Des étrangers accomplissent un service méritoire dans des pagodes vietnamiennes

Depuis dix ans, le monastère Truc Lâm Tây Thiên accueille de nombreux étrangers qui y font des actes méritoires combinés à une courte retraite de méditation. Après le COVID-19, les séjours de méditation dans les pagodes ou les monastères se sont fortement développés et sont devenus clairement une tendance mondiale.

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Il est 03h00 du matin lorsque Claudia se réveille dans la pagode Truc Lâm Tây Thiên, située dans la province de Vinh Phuc (Nord). Elle médite avant de commencer une journée de travail de trois heures, balayant la cour, ramassant les feuilles et cuisinant.

Claudia lave la cour du monastère chaque matin.
Photo : CTV/CVN

Depuis deux semaines, c’est le quotidien d'une Allemande de 37 ans venue de Berlin à ce monastère. "Mon corps est épuisé mais étrangement, mon esprit est en paix", a-t-elle déclaré.

Il y a sept ans, elle a traversé une crise majeure dans son travail, la plongeant dans une longue dépression. C'est alors qu'elle a commencé à s'intéresser à la méditation et à la culture bouddhiste. Claudia a découvert et pratiqué la méditation en Thaïlande, en Chine et a passé deux mois à visiter plusieurs pagodes et monastères au Vietnam à partir de décembre 2023.

Elle a découvert Thiên Viên Truc Lâm par hasard grâce à ses recherches sur Internet et sur certains forums de voyage. À la recherche d'un lieu pour expérimenter la vie spirituelle du peuple vietnamien, elle a demandé aux gestionnaires du monastère la permission d'y séjourner en tant que laïque pendant deux semaines. La femme allemande a acheté deux ensembles de vêtements bleus et marron et, avec 20 autres laïcs étrangers, elle a commencé une vie de pratique, de méditation et d'actes méritoires.

Des activités quotidiennes pour se ressourcer

"C'est très différent de ma vie en solitaire en Allemagne, a confié Claudia. J'ai l'impression que tout le monde ici est comme une famille qui s'entraide."

Au monastère, trois anglophones l'aidaient dans ses activités tandis que les autres communiquaient avec via une application de traduction.

La journée de Claudia commence à 03h00 et se termine à 22h00, comprenant la méditation, le travail (service méritoire), le Samatha (pratique bouddhiste visant à calmer l'esprit), le repentir. Après le petit-déjeuner, elle balaye la cour devant la statue de Bouddha et nettoie les tables et les chaises. Vers 10h00, elle et d’autres laïcs préparent le déjeuner.

Ici, Claudia a appris à cuisiner des plats végétariens tels que des salades, des champignons braisés et de la soupe de légumes. "J'étais tellement excitée que j'ai dû parler à mes parents des plats végétariens vietnamiens. Ils travaillent dans la restauration depuis 35 ans, donc j'espère vraiment que des plats végétariens vietnamiens apparaîtront au menu", a exprimé Claudia.

Au début, elle n'était pas habituée à la sieste de deux heures pratiquée par les Vietnamiens, mais au monastère, elle s'y est habituée. Claudia prévoit de passer sa dernière semaine à préparer 200 gâteaux pour les moines, les nonnes et les bouddhistes du monastère.

"Les fluctuations de la vie m'ont poussé à rechercher la paix"

Marvin Jassmann, 31 ans, au monastère Truc Lâm Tây Thiên en février dernier.
Photo : CTV/CVN

À la mi-février, l'ingénieur maritime allemand Marvin Jassmann, 31 ans, a également pris un bus de Hanoï à Tam Dao, Vinh Phuc, pour effectuer un service méritoire au monastère Truc Lâm Tây Thiên. Il s’est intéressé au yoga, à la méditation et au bouddhisme pendant la stressante épidémie de COVID-19. "Les fluctuations de la vie m'ont poussé à rechercher la paix", a expliqué Marvin.

Il a passé le premier mois de 2024 à voyager à travers le Vietnam et réalisé qu'il se sentait bien avec la nature et la tranquillité des temples, des pagodes et des monastères de ce pays. Marvin a découvert Truc Lâm Tây Thiên de 40.000 m2, avec beaucoup d'arbres, de fleurs, d'herbe et de silence. Ici, il a été accepté en tant que laïc avec un programme comprenant la méditation, la prière, le service méritoire, le repentir et le repos.

"Personne ne vous oblige à faire quoi que ce soit avec un horaire, toutes les activités dépendent de votre propre conscience", a-t-il affirmé. Chaque jour, il se joignait volontairement à d'autres laïcs pour planter des arbres, balayer la cour, couper du bois (pour la cuisine) et préparer des repas.

Claudia et Marvin sont représentatifs de la tendance des étrangers à venir au Vietnam pour effectuer un travail méritoire dans les pagodes. Le vénérable Huê Lâm, représentant du monastère zen Truc Lâm Tây Thiên, a précisé que depuis dix ans, cet établissement accueille de nombreux étrangers qui y accomplissent des actes méritoires combinés à une courte retraite de méditation. Depuis la pandémie de COVID-19, les séjours de méditation dans les pagodes ou les monastères se sont fortement développés et sont devenus clairement une tendance mondiale.

Certains visiteurs étrangers se rendent au monastère grâce aux informations trouvées sur les réseaux sociaux. Il s'agit principalement de touristes allemands, américains et français, qui séjournent généralement entre quatre jours et deux semaines.

Une partie du monastère Truc Lâm Tây Thiên, dans la province de Vinh Phuc (Nord).
Photo : VNA/CVN

Les gestionnaires du monastère ne limitent pas la durée du séjour et proposent des livres et documents de méditation bilingues (en anglais et en vietnamien). En dehors des services méritoires, les visiteurs passent souvent du temps à discuter avec les moines. "Ils découvrent la culture zen, la psychologie et la vie des Vietnamiens et prennent des notes", a présenté le vénérable Huê Lâm.

Guérir les âmes 

Parmi les visiteurs occidentaux venus passer leur séjour au monastère, il y avait de nombreuses personnes de moins de 25 ans, comme Silas Beier. L'homme de 21 ans originaire de la ville de Cologne, en Allemagne, a passé les neuf derniers jours de son voyage au Vietnam dans un monastère zen parce qu'il "aimait la vie paisible".

Chaque jour, il nettoyait la cuisine, les tables et les chaises et s'occupait des animaux. Au premier jour, Silas Beier s'est dit mécontent car ce n'était pas ce qu'il aimait. Il fait rarement le ménage en Allemagne. "Cependant, j'exerce toujours mon service méritoire avec respect", a déclaré Silas Beier. Tout a changé depuis qu'il a parlé aux moines et appris le bouddhisme.

"Je pense que les Occidentaux comme moi peuvent apprendre beaucoup et guérir leurs âmes en vivant dans un monastère zen", a ajouté Silas Beier.

En parlant de cette tendance, le directeur de l'Institut de recherche sur le tourisme et la société, Nguyên Trân Hoàng Phuong, a constaté que le COVID-19, avec ses fluctuations et ses risques, a incité de nombreuses personnes à croire en l'énergie spirituelle et en la religion. Des enquêtes menées par certaines agences de voyages montrent que le nombre de visiteurs religieux internationaux a augmenté de 30% par rapport à la période précédant le COVID-19.

Le Vietnam est devenu une destination attrayante pour ce genre de touristes en raison de sa diversité culturelle, religieuse et de ses écoles zen. Ces facteurs créent un environnement et des conditions permettant aux touristes de découvrir la vie locale, d'apprendre la culture religieuse et de pratiquer le zen. "En général, la clientèle qui vient au Vietnam pour des raisons spirituelles et religieuses est encore assez restreinte mais a le potentiel de croître", a ajouté l'expert Nguyên Trân Hoàng Phuong.

Marvin a révélé que plusieurs semaines de pratique des services méritoires au monastère l'ont aidé à changer sa perception de la nourriture grâce à la façon dont les Vietnamiens l'apprécient. Les moines et les nonnes priaient avant les repas et s'efforçaient de ne pas laisser de restes.

"C'est différent de ma vie en Allemagne, où les gens achètent facilement de la nourriture, la mettent au micro-ondes et jettent ensuite les restes", a-t-il avoué.

"Je suis bien différent, plus heureux et plus joyeux", a-t-il ajouté.

Xuân Lôc - Ngoc Ngân/CVN

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