>>Au congrès des conservateurs britanniques, Brexit en avant toute
>>Brexit : malgré une défaite judiciaire historique, Johnson veut "aller de l'avant"
>>Brexit : la suspension controversée du Parlement britannique devant la Cour suprême
Des centaines de milliers de Britanniques ont manifesté le 19 octobre dans le centre de Londres. |
Sous un soleil radieux et avançant derrière une banderole rose proclamant "Ensemble pour avoir le dernier mot", ils sont partis des abords de Hyde Park en direction du Parlement, où les députés tenaient une séance exceptionnelle pour débattre du nouvel accord de Brexit conclu entre Londres et Bruxelles.
"Que voulons-nous ? Le vote du peuple ! Quand le voulons-nous ? Maintenant !" scandait le cortège en tête duquel figurait le maire travailliste (opposition) de Londres, Sadiq Khan.
Les organisateurs, le mouvement People's vote, ont estimé qu'un million de personnes avaient participé à la marche, tandis que les médias ont évalué à plusieurs centaines de milliers le nombre de manifestants. La police a refusé de donner des chiffres mais indiqué que la foule était "très dense" tout le long du parcours.
Quelque 172 cars avaient été spécialement affrétés, un record pour les organisateurs.
Parmi les manifestants, Suzanne O'Hallorin, une retraitée de 64 ans, estime que les Britanniques ont "fait une grosse bêtise" lors du référendum de 2016, quand ils ont décidé à 52% de sortir de l'Union européenne.
"Je pense que nous en savons beaucoup plus aujourd'hui qu'à l'époque du référendum. On doit avoir un nouveau vote, maintenant qu'on connaît les conséquences d'un départ de l'UE et l'impact sur notre économie", dit la sexagénaire, qui espère renverser le résultat du premier référendum et rester dans le bloc européen.
Douglas Hill, 35 ans, renchérit : "Le premier référendum, c'était comme sauter dans un train sans destination. Maintenant, nous en avons une et nous avons besoin d'un second référendum", dit ce "Remainer" en défilant aux côtés de son épouse estonienne et de leur petite fille, détentrice de la double nationalité.
Pour Theodor Howe, un jeune homme de 20 ans, étudiant à Dundee, en Ecosse, qui était trop jeune pour voter en 2016, il s'agit surtout "d'avoir son mot à dire sur ce qui va se passer".
Le cortège est arrivé en début d'après-midi près de Westminster, où quelques dizaines de militants pro-Brexit étaient rassemblés, à grand renfort de drapeaux britanniques, afin de plaider pour une sortie de l'UE au plus vite.
Parmi eux Maggie Wright, 66 ans, Union Jack sur les épaules : "Nous voulons juste vraiment sortir (de l'UE), on a voté pour ça, à cause du gaspillage d'argent et parce qu'on veut prendre nos propres décisions, (avoir) nos propres lois", explique-t-elle.
"Paix et prospérité"
Au moment où la foule grossissait devant le Parlement, les députés y débattaient de l'accord de Brexit obtenu par Boris Johnson, sur lequel ils ont finalement décidé de reporter leur décision, contraignant le Premier ministre conservateur à demander à l'UE un nouveau report du Brexit, prévu le 31 octobre.
Manifestation d'ampleur à Londres pour réclamer un nouveau référendum sur le Brexit, le 19 octobre |
Le vote a été accueilli avec des cris de joie et des applaudissements par les manifestants europhiles : "C'est formidable, ça éloigne le Brexit !", s'exclame Philip Dobson, 40 ans, qui spécule sur une chute du gouvernement Johnson.
Keir Starmer, le référent du Brexit au sein du Labour, a salué à la tribune un "moment historique".
Côté pro-Brexit en revanche, c'est la consternation : "Je suis dégoûté, c'est une honte !", peste Thomas Lambert, 22 ans.
Initialement programmé le 29 mars, le Brexit a déjà été repoussé deux fois, faute d'accord de sortie bénéficiant d'un soutien d'une majorité du Parlement, très divisé sur la voie à suivre. Même au sein du propre parti de Boris Johnson.
Ainsi, Nigel Kendall, un septuagénaire originaire du sud de l'Angleterre, brandit une pancarte "Conservateurs contre le Brexit". "J'ai été un membre du parti conservateur pendant 50 ans, je l'ai quitté après le référendum", confie-t-il.
Pro-européen car l'UE garantit selon lui "la paix et la prospérité", il dit "croiser les doigts" pour que le Brexit soit annulé. Avant d'ajouter, d'un ton grave : "Mon père a combattu pendant la guerre et je ne veux pas d'une autre guerre".