Trân Quôc Ân, 52 ans, dirige le Club de calligraphie et de peinture de Nha Trang (province de Khanh Hoà, Centre). Il met aussi en oeuvre son talent sur des panneaux publicitaires. Le dessin sur assiette n’est donc qu’un loisir qu’il pratique en dehors de ses heures de travail, même s’il a l’impression d’être bien plus reconnu pour cette dernière activité.
Le peintre-calligraphe Trân Quôc Ân et ses assiettes. |
Le peintre raconte qu’il a commencé à dessiner ses caricatures en 2005. «Je suis un passionné de calligraphie, mais je voulais explorer de nouveaux domaines. C’est ainsi que j’ai offert mes premières esquisses en cadeau à des amis», souligne t-il.
Cependant, ce type de dessin est déjà connu au Vietnam. Trân Quôc Ân a donc voulu se démarquer et renouveler le genre. «Un jour, je me suis aperçu qu’aucune de ces assiettes n’étaient signées, et c’est devenu une évidence : les miennes ne seraient pas anonymes et porteraient le sceau de l’artiste représenté», poursuit le peintre.
Un loisir coûteux
Trân Quôc Ân reçoit une aide appuyée de sa femme dans la mise en œuvre de cette initiative. Le couple a mis un an à étudier les techniques de dessin directement applicables sur la porcelaine, et a finalement opté pour une plume à l’encre chimique et des assiettes de 22 cm de diamètre. Pour chaque ouvrage, il dessine deux exemplaires, l’un pour sa collection et l’autre en cadeau au signataire.
Avant d’entamer chacun de ses ouvrages, et comme tout caricaturiste qui se respecte, M. Ân étudie le plus profondément possible sa cible, afin que le résultat final fasse bien ressortir ses traits les plus saillants, tant au niveau du physique que du caractère.
Sa collection est aujourd’hui bien garnie. On peut y trouver Siu Black, My Tâm, Hông Nhung, Khanh Ly, Tuân Ngoc, Bach Tuyêt, Anh Khoa, Lam Truong (chanteurs), Hoài Linh, Chi Tài, Thuy Nga (comédiens), Pham Duy, Nguyên Anh 9, Trinh Công Son (compositeurs de musique), Nguyên Chanh Tin, Hô Kiêng (acteur), Huu Loan (poète), etc. Sans oublier beaucoup d’autres artistes étrangers qu’il a eu la chance de rencontrer lors de leur visite au Vietnam.
À la recherche désespérée de signatures
Ce n’est qu’après avoir dessiné les artistes, seul dans son atelier, que M. Ân cherche à obtenir la signature de l’intéressé. Cela peut prendre des mois, voire des années. «En août 2007, j’ai croisé par hasard Bach Tuyêt, chanteuse célèbre du +cai luong+ (théâtre rénové). Elle visitait la pagode de Vinh Nghiêm à Hô Chi Minh-Ville. Je l’ai approché et elle a volontiers accepté», indique-t-il. Mais ce n’est pas toujours aussi facile. Trân Quôc Ân confie que si réaliser les caricatures est relativement aisé, collecter les signatures demande en général bien plus d’investissement. De fait, il a réalisé de nombreux voyages du Nord au Sud du pays. Fin 2007, pour achever l’assiette du poète Huu Loan, aujourd’hui décédé, M. Ân a pris le taxi sur des centaines de kilomètres pour se rendre dans la province de Thanh Hoa (Centre), et a dû fouiller toute la région.
Pour rencontrer des artistes célèbres en activité dans les domaines de la musique ou du cinéma, il profite de leurs apparitions publiques pour tenter de les approcher. «Mais il n’est pas toujours évident de fixer un rendez-vous, notamment lors qu’ils n’habitent pas dans la même ville ou la même région. Je dois donc saisir toutes les occasions possibles, et m’en créer», affirme le portraitiste. Toutefois la chance lui tourne parfois le dos, et il rentre bredouille. «On me refuse rarement. En revanche, les agendas des artistes changent parfois et ils ne m’envoient pas de lettre recommandée pour me prévenir!», explique le calligraphe.
Ainsi, M. Ân a pris six fois l’avion pour Hô Chi Minh-Ville pour rencontrer le chanteur Lam Truong, en vain. Finalement, c’est le hasard qui lui a tendu la main : il a eu sa paraphe lors de l’une des tournées de l’artiste, à Nha Trang, ville où habite notre investigateur.
Rencontre avec le Roi singe
Trân Quôc Ân se souvient avec précision de sa rencontre avec Lui Xiao Ling Tong, acteur chinois mondialement connu pour son interprétation du Roi singe dans la série télévisée de 1988 Journey to the West (Voyage en Occident). C’était en 2010 à Hô Chi Minh-Ville, lors d’une rencontre de fans. M. Ân a dû jouer de toutes ses relations personnelles pour obtenir un billet d’entrée. «La salle était noire de monde et j’ai dû attendre toute la journée que le comédien se retrouve enfin seul, avant de lui faire part de ma requête», raconte-t-il.
Actuellement, le peintre-calligraphe est occupé et n’est pas au top de forme, c’est pourquoi il néglige quelque peu sa collection. «Mais, ce n’est pas fini!», conclut-il avec détermination.
Linh Thao/CVN