Dernier salon de l'automobile pour Merkel, copilote d'une filière en pleine révolution

La visite est incontournable pour tout dirigeant allemand : le salon de l'automobile accueille mardi 7 septembre, pour la dernière fois, Angela Merkel, dont les gouvernements ont choyé cette industrie phare du pays sans toujours bien la préparer à la révolution électrique et numérique.

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La chancelière allemande Angela Merkel près d'une Mercedes au salon IAA de Francfort, le 12 septembre 2019.

Les images de la chancelière aux côtés des grands patrons de l'automobile allemande ont ponctué les seize années de mandat de "l'Autokanzlerin", de nouveau invitée pour l'ouverture au public de la grand-messe de la filière, le salon IAA organisé à Munich.
La dirigeante quittera la politique à l'issue des législatives du 26 septembre et pour cette dernière à l'IAA, il y a peu de chance de la voir arriver en véhicule électrique : cette technologie ne compose que... 2,4% des 25.000 voitures de la flotte gouvernementale, selon des chiffres officiels de fin janvier. La proportion monte péniblement à 5,6% en ajoutant les hybrides et les carburants propres.
Une faiblesse qui illustre l'ambivalence du soutien des pouvoirs publics au secteur automobile sur lequel des milliards d'euros ont été déversés ces dernières années mais sans impulsion déterminante pour les pousser dans l'ère des mobilités moins polluantes.
À tel point que Herbert Diess, patron du géant Volkswagen, a estimé lundi 6 septembre que la politique de Mme Merkel "aurait pu être plus décisive", notamment sur l'électrification.
Court terme
Cette mue est désormais largement engagée par tous les constructeurs mais elle aurait pu être mieux anticipée, selon le directeur du Center Automotive Research, Ferdinand Dudenhöffer.
"Primes à la casse, primes à l'achat de voitures électriques, subventions pour la production de batteries, aide au recyclage, allocations de chômage partiel - c'est l'environnement dans lequel l'industrie a évolué pendant 16 ans", explique-t-il.
"Cela permet d'atténuer les problèmes économiques à court terme, mais pas de construire une nouvelle structure", observe-t-il.
Outre une stratégie de recherche insuffisante, l'expert déplore le maintien de cadres dépassés : "l'avantage fiscal sur le carburant diesel, par exemple, est extrêmement décourageant et incompréhensible. Le boom du diesel a été alimenté par la baisse des taxes".
Pour se transformer, "vous avez besoin du bon environnement", abonde Herbert Diess, dans une interview à l'AFP. "Si vous gardez le diesel bon marché (...) personne n'achètera une voiture électrique, c'est impossible".
Également sévère, le journal Süddeutsche Zeitung estimait fin août que "des années précieuses ont été perdues dans la bataille pour le retrait du moteur à combustion".
Le quotidien de Munich rappelle notamment qu'après le scandale du dieselgate, parti en 2015 du système de fraude découvert chez Volkswagen, Angela Merkel a certes exprimé sa "colère" contre cette triche massive aux émissions d'oxyde d'azote.

La chancelière allemande Angela Merkel près d'une Mercedes au salon IAA de Francfort, le 12 septembre 2019.

"Mais votre gouvernement a ensuite continué à intervenir à Bruxelles contre un passage trop rapide à l'e-mobilité et les réglementations en matière d'émissions soi-disant trop sévères, auxquelles les grosses voitures d'Audi, BMW et Mercedes pouvaient difficilement se conformer".
Sauver l'emploi
Les plus de 800.000 salariés de l'industrie automobile en Allemagne voient peut-être différemment ces efforts de Berlin de prolonger le modèle de production traditionnel.
Le déclin du moteur à combustion entraîne un bouleversement pour l'emploi. Fin 2019, Audi annonçait la suppression de 9.500 emplois en Allemagne d'ici à 2025 tandis que Daimler met en oeuvre un plan de 10.000 suppressions d'ici fin 2022.
En Allemagne, "au moins" 178.000 emplois pourraient être affectés d'ici à 2025 par l'avènement des voitures à batterie, selon une étude de l'Institut économique l'Ifo. Une partie seulement des postes serait supprimée via des départs en retraite ou des reconversions.
Si les gros constructeurs ont les ressources pour mener cette transition, le réseau des équipementiers, des petites et moyennes entreprises qui irriguent le territoire allemand, est beaucoup plus exposé.
Angela Merkel a présidé fin août son sixième et dernier "sommet de l'automobile", avec syndicats et patronats, débloquant un milliard d'euros afin d'accompagner la reconversion des fournisseurs dont le modèle repose sur les technologies essence ou diesel.
La chancelière "a pris l'auto au sérieux car c'est la plus importante industrie allemande", selon M. Diess. "Mais je pense qu'elle n'a jamais été attirée par les grosses voitures", ajoute-t-il saluant son "brillant" travail pour "maintenir la compétitivité" allemande face à la Chine et aux
États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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