>>Irak: un millier de corps retrouvés dans les ruines de Mossoul après la libération de la ville
>>Acculé en Syrie et en Irak, l'EI perd sa dernière grande ville
Un couple irakien regarde des enfants s'amuser sur un manège après la rupture du jeûne, à Mossoul, le 24 mai. |
Comme bien d'autres, la tradition du "messaharati" et de son bruyant tambour renaît dans la cité où durant trois ans de règne du groupe jihadiste État islamique (EI), toutes les coutumes qui faisaient du ramadan un mois festif avaient été bannies.
Depuis le début du jeûne musulman, Rayane Khalidi et Ali Mahboub, en keffieh et djellaba traditionnels, sillonnent leur quartier au milieu de la nuit.
Des impacts de balles sur les maisons viennent rappeler les neuf mois des violents combats qui ont abouti en juillet dernier à la "libération" de la grande ville du nord irakien.
"Le messaharati fait partie de l'héritage religieux et social de Mossoul", carrefour commercial et culturel du Moyen-Orient plus que millénaire, explique Rayane, 25 ans. Pourtant, les jihadistes "ont décrété que c'était un péché et ils l'ont interdit".
Après trois années sous la férule de l'EI et des interprétations rigoristes de ses tribunaux et autres polices de la vertu, "aujourd'hui, nous sommes bien contents de faire revivre notre tradition", se félicite Rayane.
Rupture du jeûne le 21 mai dans la ville irakienne de Mossoul, où une organisation caritative distribue durant le ramadan les repas aux plus démunis. |
Ramadans de la "peur"
En 2014, le "califat" proclamé depuis quelques jours à peine, les Mossouliotes ont vécu un ramadan semblable aux précédents. Les familles profitaient ensemble de la relative fraîcheur nocturne dans les parcs boisés le long du fleuve Tigre pour partager l'iftar, le repas de rupture du jeûne.
Narguilés, cigarettes, hommes et femmes ensemble dans les cafés et restaurants: les jihadistes n'avaient encore rien interdit.
Mais rapidement, les lois rigoristes et de plus en plus invasives se sont multipliées.
Les cigarettes, le narguilé, la mixité sont devenus des crimes punis de douloureux châtiments corporels. La plupart des restaurants et cafés en plein air ont fermé leurs portes.
"Certains ont continué à ouvrir après l'iftar, mais les gens avaient peur d'y aller à cause des punitions de l'EI qui trouvait toujours une raison pour les arrêter", raconte Oum Raghed, femme au foyer de 29 ans.
À Mossoul, le ramadan est surtout l'occasion de retrouvailles familiales, souvent après de longues courses pour trouver les ingrédients nécessaires à la confection des mets qui ont fait la réputation de la ville.
Mais sous l'EI, "les femmes n'avaient pas le droit de sortir, sauf en cas d'extrême nécessité, accompagnées d'un homme et entièrement couvertes d'un voile noir", se rappelle Nahed Abdallah, chauffeur de taxi de 32 ans.
Aujourd'hui, le "califat" disparu a laissé derrière lui ruines et destruction, assure Hassan Abdelkarim, 26 ans, dont la sœur a été tuée l'année dernière dans le bombardement de leur maison.
AFP/VNA/CVN