De quoi être timbré

"Bien arrivé. Pays magnifique. Accueil formidable. Bises"… Quelques mots sur une carte postale, des cœurs qui se rapprochent. Vive le courrier!

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De l’enveloppe au timbre, toute une aventure.

Même si chats, réseaux sociaux et autres sms ont remplacé la classique missive, la carte postale touristique résiste bien et il reste aussi quelques opérations de communication sociale qui rendent incontournable les services d’un bureau de poste.

Poste halle

Qui ne connaît cette sorte de cathédrale mi-rococo, mi-art déco: la Poste de Hô Chi Minh-Ville. Devant ses cabines téléphoniques de bois ciré qui donnent envie de demander le 22 à Asnières, et son armature de halle au grain, le visiteur a l’impression d’être transporté au temps des messageries maritimes, quand une lettre d’amour envoyée pour la Saint-Valentin arrivait à sa destinatrice au moment des vendanges.

Il existe bien d’autres établissements postiers, du minuscule des petits villages aux superbes et sérieux des grandes villes. Avant de venir au Vietnam, le touriste a une certaine image de la poste: une file d’attente devant les guichets, une ligne de discrétion qu’il ne faut pas franchir sans  y être invité par le préposé, parfois un ticket d’ordre de passage.

Ici, la règle est différente, et ne pas la connaître fait courir le risque d’envoyer la boîte de biscuits achetée le matin même, après sa date de péremption.

Voici quelques conseils pour éviter de finir timbrés. En premier lieu s’armer de patience et de détermination, qualités éminemment vietnamiennes qui manquent à nombre d’Occidentaux. La patience servira dans les rapports avec la préposée. Il s’agit bien de LA préposée, car bien rare est LE préposé. La détermination servira dans les rapports avec les autres usagers.

Marche d’approche En avant pour l’envoi: Se diriger d’un pas assuré, bras chargé du pli ou colis, vers le guichet d’expédition. Attention à ne pas se tromper de guichet, car entre celui qui vend des timbres, celui qui prend en charge les mandats, celui qui est réservé aux démarches administratives et celui à usage indéterminé, on pourrait être redirigé aimablement mais fermement, et ainsi perdre un temps précieux.

Ne pas être impressionné par la foule qui s’agglutine devant le guichet. Avec résolution forcer le passage, se glisser entre deux dos, passez sa tête par-dessus une épaule d’usager, et son bras sous celui d’un autre, donnez un léger coup de coude à son voisin de droite, et un doux coup de genou à celui de gauche, puis demander un papier à remplir pour envoyer le colis. Même si la préposée, occupée à tamponner un formulaire, ne regarde pas le quémandeur, elle entend, et remet le précieux document.

Se reculer sans lâcher le colis, ni le papier. Pour cela, un bref stage au poste de talonneur dans l’équipe de rugby du lycée ou de l’université peut-être un plus.

Mission accomplie

Dans une poste de la Compagnie générale de la poste du Vietnam (Vietnam Post).
Photo: CTV/CVN
Photo: CTV/CVN

Sorti de la mêlée, si vous n’avez pas eu la présence d’esprit d’emporter un stylo avec vous, il va falloir partir à la chasse au stylo. Bien sûr, il y a les portes-stylos qui laissent pendouiller au bout de fils plastifiés, les précieux instruments. Sauf que tout ce qui pendouille n’est pas toujours en état de marche. En outre, ils sont aussi rares que neige dans le désert… il est possible de se rendre à un guichet libre,  justement celui dont on ne sait à quoi il sert, mais qui a l’intérêt de présenter un porte-stylo dont l’office est satisfaisante. Il est vrai que l’employée des postes, ici postée, voit déposer un colis sur sa banque, elle peut clairement signifier que ce n’est pas ici un lieu de dépôt. Mais sourire et désespoir affichés (belle prestation d’acteur) peuvent avoir raison de sa défense territoriale, et le stylo peut vous servir à franchir cette nouvelle étape.

Formulaire rempli, sans se tromper, et en mettant les accents au bon endroit et les signatures dans la bonne case, il faut retourner dans la fournaise. Même opération que précédemment, mais cette fois, en tenant à bout de bras colis et formulaire. L’objectif est d’occuper le premier rang, contre le comptoir, en déposant le colis qu’il ne faut surtout pas lâcher. Mais attention, être au comptoir face à la préposée ne suffit pas. Il faut y rester et surtout bien suivre les opérations. En effet, ceux qui arrivent derrière n’ont qu’une envie: vous passer devant. Surtout pas d’énervement. Rester calme, ignorer la pression des corps, se camper fermement sur les deux jambes, regard fixé sur la responsable du lieu.

Le moment crucial arrive! Dès que l’argent de celui qui vient d’avoir la chance de réaliser son opération est passé dans le tiroir caisse, et que sa monnaie lui est rendue, agissez! Tendre le formulaire d’une main et pousser son colis devant soi. Dextérité et rapidité sont les maîtres-mots. Car d’autres guettent ce moment, et c’est une foule de mains qui se précipitent sur la fonctionnaire heureusement séparée des naufragés de l’envoi postal par un providentiel comptoir.

Le formulaire et le colis sont remis à la personne compétente. Il suffit de patienter: emballage de kraft avec renforts de papier adhésif si le colis est mal ficelé, tampons rouges frappés sur les documents, annonce du coût d’envoi et remise des fonds qui donnent le coup d’envoi du colis.

C’est fini! Il ne reste plus qu’à s’extirper de la presse envoyeuse qui vous entoure comme un cocon vivant. C’est l’affaire de quelques poussées fermes mais amicales, et voilà l’air libre. Ce plan d’action concerne ce que l’on nommait autrefois les hôtels des postes, magnifiques bâtiments qui trônent dans les grandes villes.

En suivant ces conseils, il est facile de passer comme une lettre à la poste, de l’essai à l’envoi. Pour les humbles bureaux des petites villes, qui sont aux grandes postes ce que la taverne est aux grandes brasseries, l’atmosphère y est plus conviviale, et l’approche du comptoir y est plus aisée. C’est tellement moins amusant avec le téléphone!

Gérard Bonnafont/CVN

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