De part et d'autre de l'Atlantique, l'inflation ralentit mais reste trop élevée

En Europe comme aux États-Unis, l'inflation poursuit sa décrue, mais reste trop élevée à des niveaux toujours très supérieurs à la cible des 2% visée par les banques centrales, qui tentent de la faire ralentir en augmentant régulièrement leurs taux.

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La Banque centrale européenne à Francfort, le 16 mars
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon l'indice PCE, qui est privilégié par la Réserve fédérale américaine (Fed), l'inflation a baissé à 5% en février sur un an, avec une inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, à 4,6%, écart le plus faible entre les deux mesures depuis de longs mois.

La hausse de l'indice CPI, une autre mesure de l'inflation qui fait référence aux États-Unis et sur laquelle sont notamment indexées les retraites, est tombée en février à 6,0% sur un an, son plus faible niveau depuis un an et demi, signe que la tendance est bien confirmée.

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden s'est félicité des "progrès réalisés dans le combat contre l'inflation dans un contexte de faible chômage et de croissance soutenue" mais il reconnaît que ce combat "n'est pas terminé".

En Europe, l'inflation poursuit également sa décélération grâce à une accalmie des tarifs de l'énergie, mais, à 6,9% sur un an en mars, la hausse des prix reste élevée et s'accélère encore dans l'alimentation.

Si la tendance est positive, la persistance de l'inflation démontre que la bataille pour la ramener vers l'objectif de 2% l'an sera encore longue, pour la Fed comme pour la Banque centrale européenne (BCE), qui devraient continuer à augmenter leurs taux d'intérêt.

Avec cependant des risques : celui de plonger l'économie dans la récession, alors que tant les États-Unis que l'Union européenne devraient connaître une croissance faible cette année, mais aussi de déstabiliser un peu plus un secteur bancaire sous surveillance après la faillite de la banque américaine SVB et le sauvetage de Credit Suisse.

L'inflation annuelle dans la zone euro a reculé en mars pour le cinquième mois consécutif, plus fortement que ce que prévoyaient les experts interrogés par Factset et Bloomberg qui tablaient en moyenne sur 7,1%, après 8,5% en février.

La hausse des prix à la consommation, publiée par Eurostat, avait atteint un record en octobre, à 10,6% en glissement annuel, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par le conflit en Ukraine.

L'amélioration de mars s'explique avant tout par un léger recul des prix de l'énergie par rapport aux niveaux très élevés qu'ils avaient atteints il y a un an, après la crise en Ukraine.

Graphique montrant l'évolution des prix à la consommation en zone euro depuis 1997.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les tarifs de l'énergie (carburants, électricité, gaz...) baissent en moyenne de 0,9% sur un an, leur premier repli depuis un an. Ils progressaient encore de 13,7% en février et la hausse sectorielle avait culminé en octobre avec un bond de 41,5%.

La mauvaise nouvelle vient cependant des prix de l'alimentation, dont la hausse s'est accélérée à 15,4% en mars, après 15% en février.

Corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation dite "sous-jacente", plus représentative des tendances de long terme, a encore progressé à 5,7% en février, un niveau record très au-dessus du plafond de 2% d'inflation fixé par la BCE.

Lors d'une rencontre avec des étudiants à Florence (Italie), la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a d'ailleurs estimé que ce chiffre restait "significativement trop élevé".

L'inflation des biens industriels a ralenti à 6,6% (-0,2 point par rapport au mois précédent). Mais les tarifs des services ont augmenté de 5%, soit 0,2 point de plus qu'en février.

Vers des hausses de salaires ?

"L'inflation sous-jacente reste un sujet de préoccupation pour la BCE (qui) continuera à relever ses taux à court terme", a commenté Bert Colijn, économiste pour la banque ING, qui table sur une hausse de 25 points de base en mai puis de nouveau en juin.

L'inflation poursuit sa décrue de part et d'autre de l'Atlantique mais reste à des niveaux toujours très supérieurs à la cible des 2% visée par les banques centrales.
Photo : AFP/VNA/CVN

Jack Allen-Reynolds, expert de Capital Economics, est du même avis. "Les décideurs de la BCE ne s'attarderont pas trop sur la baisse de l'inflation globale en mars et seront plus préoccupés par le fait que le taux sous-jacent a atteint un nouveau record", a-t-il estimé.

Cet expert table sur une poursuite de la baisse des prix de l'énergie ces prochains mois, ainsi que sur un ralentissement de la hausse des denrées alimentaires et de l'inflation globale en zone euro. Mais il s'inquiète de possibles hausses de salaires qui pourraient nourrir un renchérissement des services, dans un contexte de marché de l'emploi tendu.

Eurostat a annoncé vendredi 31 mars un taux de chômage stable en février à 6,6% de la population active, son plus bas niveau historique dans les 20 pays partageant la monnaie unique.

La BCE a déjà relevé ses taux directeurs de 3,5 points de pourcentage depuis juillet et ne compte pas s’arrêter là, malgré les récentes turbulences affectant le secteur bancaire et des prévisions de croissance très faibles pour cette année.

La Fed est également déterminée à ramener l'inflation dans les clous par des hausses de taux, mais la crise du secteur bancaire l'incite à la prudence. Cette crise conduit à un resserrement des conditions de crédit qui équivaut à une hausse des taux, a souligné le président de la Fed, Jerome Powell.

AFP/VNA/CVN

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