De 4 à 8

En Asie orientale dont fait partie le Vietnam, les chiffres 4 et 8 reviennent souvent dans la vie sociale et spirituelle, surtout en corrélation avec divers concepts des cultures chinoise et indienne.

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Quatre Immortels du Vietnam.
Photo : CTV/CVN

La mythologie nationale reconnaît Quatre Immortels (Tu bât tu), génies essentiellement vietnamiens : le Génie des Monts ou Son Tinh, le Génie du village de Gióng qui a repoussé les envahisseurs du Nord, Chu Dông Tu, personnage semi-historique, et la Déesse Liêu Hanh consacrée Déesse-Mère. Cette dernière est l’objet d’une croyance indigène très populaire, née sans doute du culte de la fécondité pratiquée par un peuple de riziculteurs qui a besoin de terre et d’eau. C’est pourquoi elle fait partie d’une tétrade de Quatre Déesses-Mères du culte des Quatre Palais ou Quatre Mondes (Tu phu) : Ciel, Eau, Terre, Forêt.

Le chiffre 4 dans les locutions

Le langage ordinaire compte plus d’une locution liée au nombre 4 : tu chi (les quatre membres), tu chiêng (de partout, hétérogène), tu cô vô thân (seul, solitaire, ni proche ni ami quand on se tourne vers les quatre points cardinaux), tu phuong (les quatre points cardinaux), tu hai giai huynh dê (les hommes des quatre mers sont frères). Les deux motifs classiques de la peinture et de la sculpture classiques sont : les quatre plantes (tu quý) représentant les quatre saisons : abricotier, pin, chrysanthème, bambou. Quatre pièces longues, deux pièces courtes (Bôn dài hai ngan) désigne le cercueil.

Le bouddhisme enseigne les Quatre Vérités saintes (Tu diêu dê) : tout est Souffrance ; - l’origine de la Souffrance est le Désir ; - l’abolition du Désir entraîne l’abolition de la Souffrance ; - la quatrième vérité révèle la Voie qui mène à l’extinction de la Souffrance. Les Quatre Souffrances (Tu khô) sont : naissance, vieillesse, maladie, et mort.

Le mont Tan Viên qui abrite le Génie des Monts ou Son Tinh, l’un des Quatre Immortels du Vietnam.
Photo : CTV/CVN

La Voie de la Délivrance indiquée par la Quatrième Vérité sainte bouddhique est le Chemin du Milieu, le Chemin à Huit branches (Bát chánh dao) : foi pure, volonté pure, langage pur, action pure, moyens d’existence purs, application pure, mémoire pure, méditation pure. Les Huit Interdits (Bát gioi) bouddhiques consistent à ne pas tuer la vie, ne pas voler, ne pas s’adonner à la luxure, ne pas parler à tort et à travers, ne pas boire, ne pas s’asseoir sur un lit élevé, ne pas porter de parures, ne pas s’amuser (chanter, danser).

Au-dessus de la porte d’entrée de certaines maisons de Hanoï, nous pouvons voir comme talisman un miroir sur lequel sont dessinés les Huit Trigrammes de la cosmogonie extrême-orientale. Ils symbolisent les huit principes cosmiques et les huit éléments de la vie universelle (ciel, eau courante, montagnes, tonnerre, vent, feu, terre, eau stagnante) et entourent les principes primaires (Yin-Yang).

On distingue Huit directions cardinales (bát phuong) : Est, Ouest, Nord, Sud, Est-Sud, Ouest-Sud, Est-Nord, Ouest-Nord ; en y ajoutant le zénith et le nadir, on obtiendra les dix directions cardinales (thâp phuong) qui désignent l’univers chez les bouddhistes.

Les Huit périodes de l’année (bát tiêt) comprennent : le début du printemps, l’équinoxe de printemps, le début de l’automne, l’équinoxe d’automne, le début de l’hiver, le solstice d’hiver, le début de l’été, le solstice d’été).

Notons pour terminer les Huit instruments de musique (bát âm) : la guitare-lune (dàn nguyêt) ou luth à caisse ronde et à deux cordes, la guitare à trois cordes (dàn tam), la guitare à quatre cordes (dàn tu), la viole à deux cordes avec archet (nhi), le petit tambourin (trông bôc), le tympan de cuivre avec manche (canh), les castagnettes à sapèques (sênh tiên) et la flûte de bambou (ông dich).

Huu Ngoc/CVN
(1995)

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