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La confection de costumes historiques a la préférence du maître tailleur, Claire Abdelkader. |
"Ça m'a piqué toute jeune", lance cette femme brune de 42 ans au sourire éclatant, qui cousait déjà enfant pour ses amies.
"Adolescente, je voyais ma mère bricoler les tissus, elle m'a transmise cette passion de jouer avec les matières", ajoute la créatrice, diplômée de la prestigieuse Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT), en tant que costumière et maître tailleur. "Je fais partie de la même promotion que Cécile de France", sourit-elle.
Claire Abdelkader approfondira son savoir-faire chez Guilson, maître tailleur à Paris, au théâtre de la Scala de Milan, puis chez le grand costumier de Venise Stefano Nicolao.
"Je suis très sensible à l'opéra, au théâtre et à la danse. J'ai souhaité, à la sortie de l'école, travailler dans ce milieu", explique-t-elle.
Le maître tailleur, Claire Abdelkader, ajuste une robe de marriée dans son atelier à Dax, en France, le 10 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'opéra Garnier et l'opéra Bastille sont devenus ses deuxièmes maisons. "J'ai commencé par l'habillage, pour connaître le traitement du costume du début à la fin, comment il est utilisé, nettoyé, entretenu... C'est très enrichissant, on monte un atelier pour une production", s'enthousiasme-t-elle.
La confection des costumes historiques a sa préférence: "J'ai beaucoup aimé habiller Arielle Dombasle pour les Fourberies de Scapin", dit-elle, les yeux pétillants.
Claire Abdelkader a aussi travaillé pour la haute couture (Christian Lacroix, Dior et Balenciaga). "La pression sur les épaules est constante. Entre la maquette et le travail fini, cela n'a rien à voir", se souvient-elle, amusée.
La cravate d'Obama, "un symbole"
En 2015, l'artiste arrive dans les Landes pour suivre son mari militaire, et c'est à Dax, dans son appartement cossu au pied de la cathédrale, qu'elle décide d'ouvrir son atelier.
Au milieu des bobines et des échantillons de tissu parfaitement ordonnés, mètre-ruban centimètre du cou et planche à repasser à portée de main, Claire explique d'une voix douce : "Beaucoup de mes clients m'ont suivi jusqu'à Dax, mais j'ai aussi élargi mon activité."
Le maître tailleur confectionne désormais aussi pour les hommes, avec des costumes de marié, d'époque ou contemporain, tous faits sur mesure et à la main. Et pour femme, elle crée toujours des robes de soirée, de cocktail ou de mariée, autant de modèles uniques. "Pour les hommes, j'aime travailler les lainages légers. Pour les femmes, la soie, le taffetas de soie, la crêpe de soie, selon l’effet que je veux susciter", détaille-t-elle.
"Ce qui m'importe ce sont les rencontres, que la personne soit anonyme ou célèbre", assure la créatrice.
Le mathématicien et député français, Cédric Villani, lors d'une scéance photo à Paris, le 2 juin. |
Elle n'a pas rencontré l'ex-président américain Barack Obama mais ce dernier l'a suffisamment inspirée pour qu'elle lui confectionne une cravate bleue en soie satin duchesse. "Je lui ai fait parvenir cette cravate parce qu'il représente un symbole, le premier président noir d'Amérique, et puis ça met en valeur le savoir-faire français", lâche-t-elle.
Cette cravate "made in France", Barack Obama l'a portée lors d'un discours solennel sur l'état de l'Union, comme en témoigne une photo sur les murs de son atelier.
On y trouve également Gérard Jugnot, Josiane Balasko ou encore la chanteuse Olivia Ruiz. "J'aime habiller Olivia. Elle sait oser. Je lui crée des robes pour qu'elle puisse jouer avec", s'amuse-t-elle.
Autre client fidèle de Claire, le mathématicien aux allures de dandy Cédric Villani, récemment élu député En Marche dans l'Essonne, qui lui a confié la création de ses célèbres lavallières.
"Cédric Villani est venu ici à Dax. Il est dans son monde et moi dans le mien. Mais quand il est là, c'est moi qui dirige !", tranche la créatrice.