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Le président de Huawei France, Weiliang Shi, à Paris le 14 février. Photo : AFP/VNA/CVN |
"La France est très importante pour nous sur le marché européen. (...) Il n'y a pas d'autres pays capables d'être dans la même position stratégique pour Huawei que la France, en termes de savoir-faire, valeur ajoutée et écosystème", explique Weiliang Shi, président de la filiale française du groupe.
Depuis son arrivée en 2003, l'entreprise n'a cessé de renforcer ses investissements et son poids économique dans le pays. Au point de revendiquer aujourd'hui une "empreinte économique totale" représentant 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021, près de 10.000 emplois générés et 265 millions de recettes fiscales et sociales.
Huawei revendique également une part de 20% du marché français des infrastructures télécoms, malgré les fortes restrictions issues de la loi dite "anti-Huawei" de 2019, visant à prémunir les réseaux du pays de "risques d'espionnage, de piratage et de sabotage" permis par la 5G.
"La France a pris une décision équilibrée. (...) On va travailler dans les villes où on a le droit d'être présents. On se met d'accord avec le gouvernement français", souligne Weiliang Shi.
Outre l'ouverture de six centres de recherche et d'un centre mondial de design à Paris, le groupe installera "courant 2023" dans la région Grand-Est sa première usine hors de Chine de production d'équipements pour réseaux mobiles, notamment 5G.
Après de nombreuses "discussions", pourquoi avoir choisi d'installer ce site en France, et non en Allemagne ? "Huawei a bien compris qu'au niveau de l'industrie télécoms, la France est même plus importante que l'Allemagne", répond Weiliang Shi, faisant notamment référence à Alcatel et Orange comme acteurs français emblématiques, passé ou présent.
Sanctions américaines
Objectif affiché : générer 500 emplois directs à terme et produire l'équivalent d'un milliard d'euros d'équipements destinés au marché européen par an, dans un contexte de tensions.
Une boutique Huawei à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Huawei est ainsi banni des réseaux de télécommunications au Royaume-Uni et en Suède et plusieurs opérateurs en Europe s'en détournent au profit des solutions alternatives européennes Nokia et Ericsson.
Alors que les ventes de ses smartphones ont été "considérablement affectées" par les sanctions américaines, le groupe diversifie ses activités, notamment dans l'informatique en nuage ("cloud"), l'énergie et la voiture connectée.
"Dans le +cloud+, ce sont les États-Unis qui sont en train de dominer le marché dans le monde entier avec Google, Amazon... Mais il y a toujours une place pour d'autres fournisseurs", souligne le président de Huawei France.
Reste aussi à restaurer l'image de l'entreprise en France auprès du grand public, alors que le footballeur Antoine Griezmann, ambassadeur de la marque entre 2017 et 2020, a mis fin à son partenariat en invoquant des "forts soupçons" sur la participation de Huawei à la surveillance de la minorité musulmane ouïghoure par les autorités chinoises, ce que dément l'entreprise.
"C'était vraiment un malentendu parce qu'on n'avait vraiment rien à faire avec l'affaire des Ouïghours. On l'a bien expliqué à (Antoine) Griezmann mais c'était trop tard", regrette le président de Huawei France.
À l'avenir, "on pense que notre image sera appréciée, acceptée et va beaucoup s'améliorer parce que les crises, comme pour toutes les (entreprises), sont temporaires. Cela va passer, les gens vont oublier. Le plus, important c'est de toujours regarder devant".
AFP/VNA/CVN