>>Yémen: à Sanaa, l'esprit du ramadan est là, mais le coeur n'y est pas
>>Au Yémen, la banque du sang menacée de fermeture imminente
>>Au Yémen en guerre, la Croix-Rouge face aux maladies chroniques
Safaa al-Faqih est l'une des rares femmes au Yémen à travailler les pierres semi-précieuses, le 18 avril à Sanaa. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Tennis vertes et niqab noir, cette jeune artisane est l'une des rares Yéménites à exercer ce métier. Elle passe une agate bleue sur une flamme brûlante et la fait tourner lentement, à mains nues, avant de l'introduire dans un moule.
"Chaque jour, ces pierres me racontent une histoire différente", explique Safaa al-Faqih à l'AFP dans la capitale Sanaa. "J'apprends" et "je découvre quelque chose de nouveau chaque jour".
Alors que la pierre bleue profonde est encore chaude, la jeune femme rassemble sa longue abaya noire et se déplace vers un disque de meulage où elle passe son doigt sur la pierre toutes les secondes afin de sentir sa douceur.
La pierre se transforme lentement d'une sphère irrégulière en une agate, appelée "aqiq" localement, parfaitement symétrique et qui brille à la lumière.
Une telle pierre orne souvent de magnifiques bijoux en argent, dont la fabrication artisanale est une tradition très ancienne au Yémen: des bagues, des colliers, des bracelets pour les femmes et des poignards recourbés, appelés "jambiyas", pour les hommes.
L'agate revêt une importance particulière dans les communautés musulmanes car le prophète Mahomet aurait porté un anneau d'argent orné de cette pierre.
Safaa al-Faqih dans l'atelier où elle travaille les pierres à Sanaa, le 18 avril. |
Safaa al-Faqih dans l'atelier où elle travaille les pierres à Sanaa, le 18 avril. Photo: AFP/VNA/CVN |
"J'adore ce métier"
Le Yémen a également une tradition de fabrication de bijoux liant les musulmans et l'ancienne communauté juive qui comptait de nombreux artisans expérimentés. Avant que la guerre ne donne un coup d'arrêt à la riche industrie artisanale, Sanaa en particulier était célèbre pour ses orfèvres et ses brodeurs qui créaient les châles caractéristiques du pays.
"J'adore ce métier", souligne Safaa. "Parfois, mes doigts se coupent ou je tombe malade. Mais j'aime m'asseoir parmi les pierres précieuses. J'adore les pierres elles-mêmes. C'est une vraie passion pour moi", dit-elle, bien qu'elle gagne péniblement sa vie.
Dans un pays dominé par les hommes, Safaa attribue à son père le mérite de l'avoir poussée à se battre pour une place dans ce métier. En 2011, elle et d'autres ont fait pression que les femmes soient admises dans une école professionnelle publique pour hommes. Elles ont finalement réussi et ont rejoint la promotion de cette année-là. "Il y avait une certaine opposition, surtout de la part des hommes, à ce que je fasse ce travail. Mes parents m'ont cependant soutenue", dit-elle.
AFP/VNA/CVN