Dans le désert australien, on contemple Uluru, mais on évite d’y grimper

Pour beaucoup de touristes, voir pour la première fois la formation rocheuse d’Uluru au cœur du désert australien suscite une envie quasi irrépressible : grimper dessus. Une impulsion que les aborigènes et les autorités tentent de contenir.

Uluru, appelé également Ayers Rock, situé au cœur du désert australien, est un lieu sacré pour les aborigènes, qui le vénèrent depuis des dizaines de milliers d’années. Ils n’escaladent pas le monolithe de grès et voudraient que les touristes suivent leur exemple.

 

Pour des raisons de sécurité, de respect culturel et de sauvegarde de la faune et la flore, Uluru est interdit d’accès.

D’autant que 35 personnes ont trouvé la mort lors d’une ascension qui reste périlleuse, malgré la mise en place d’une main courante (une chaîne) dans les années 60. Les températures peuvent attendre 45 degrés et les vents balaient le sommet, à 348 mètres au-dessus du sol.

«Uluru est sacré dans notre culture. C’est l’endroit d’une grande connaissance», explique une panneau en anangu (la langue du peuple aborigène de cette région), traduit en six langues. «Selon notre loi traditionnelle, grimper n’est pas autorisé». «En tant que gardiens, nous sommes responsables de votre sécurité et de votre comportement. Trop de gens sont morts ou ont été blessés, cause de beaucoup de chagrin», ajoute le panneau.

Pour ces raisons de sécurité, de respect culturel et de sauvegarde de la faune et la flore, les autorités s’acheminent donc vers l’interdiction totale d’escalader la formation, célèbre pour ses teintes changeantes selon le moment de la journée.

Jeff Bordell, un touriste américain, avoue avoir ressenti une envie folle de grimper. Mais il y a renoncé après discussion avec un homme aborigène.

«C’est un endroit qui déborde de spiritualité. (Le rocher) est attirant et il m’appelle vers lui. C’est le cas pour sans doute beaucoup de personnes», déclare l’homme, qui a finalement décidé de suivre le sentier de 10,6 km autour de la formation rocheuse.

Papiers gras et graffitis

Quelque 250.000 personnes viennent chaque année contempler le monolithe vieux de 500 millions d’années, qui est un des emblèmes de l’Australie. Il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de visiteurs qui entreprennent l’escalade, mais on estime leur proportion à quelque 20%. Un pourcentage en forte baisse puisqu’une étude conduite par l’université nationale d’Australie estime qu’ils étaient 52% à grimper en 1995.

 

Quelque 250.000 personnes viennent chaque année contempler le monolithe vieux de 500 millionsd’années, un des emblèmes de l’Australie.

Uluru est devenue une attraction touristique dans les années 40. Vingt ans plus tard, une main courante était installée. Mais depuis, les attitudes ont changé, et en 1985, le parc national de Uluru-Kata Tjuta a été rendu à ses propriétaires d’origine, les aborigènes, qui le gèrent avec l’agence des parcs nationaux et de la vie sauvage.

La prochaine étape sera l’interdiction d’escalader le rocher. D’autant que des grimpeurs indélicats laissent des papiers gras, gravent des graffitis ou urinent sur les parois, des actes qui abîment la faune et la flore peuplant Uluru.

Les visiteurs comprennent de toute façon de mieux en mieux la culture aborigène, ou du moins tiennent à la respecter, indique Robert Taylor, membre du conseil de direction du Conseil des opérateurs de tourisme indigènes en Australie occidentale.

La plupart des visiteurs veulent de nos jours «vivre une véritable expérience aborigène», déclare-t-il. «Ils veulent être en contact avec des aborigènes lors de leur visite ici, ils ne veulent pas être reçus par d’autres personnes (blanches) pour visiter l’endroit et expliquer cette histoire».

«Venir en Australie et ne pas voir Ayers Rock, c’est comme aller à Paris et ne pas voir la tour Eiffel», estime Laurent Berhault, un touriste français venu de Nouvelle-Calédonie. «Il faut le voir. C’est magnifique». Mais lui aussi a décidé qu’il ne grimpera pas.

 

AFP/VNA/CVN

 

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