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Le Tour de France. |
Photo : LU/CVN |
À voir l'état dans lequel la plupart des coureurs terminent l'épreuve la plus exigeante de l'année, joues creusées et maigres comme des clous, on pourrait penser qu'enchaîner rapidement sur une nouvelle compétition n'est franchement pas l'idée du siècle.
En vérité, c'est souvent l'inverse puisqu'une course de trois semaines permet aussi de se constituer une "caisse" indispensable pour espérer triompher sur le parcours exigeant (270 km) des Jeux de Paris.
"Il y a quelques années, j'aurais même dit qu'il fallait obligatoirement passer par un grand Tour", souligne le sélectionneur français Thomas Voeckler.
"Aujourd'hui chaque cas est différent et cela dépend aussi de la manière de courir le Tour de France. Si tu fais le classement général, tu en ressors plus fatigué que si tu cibles des étapes", ajoute Voeckler dont trois des quatre coureurs de sa liste (Laporte, Madouas, Vauquelin) ont participé au Tour.
Le quatrième, Julian Alaphilippe, a préféré faire l'impasse, comme plusieurs autres cadors, surtout des spécialistes du contre-la-montre à l'image de Filippo Ganna qui sera au programme dès samedi prochain.
"Comme un stage"
Mais la plupart des favoris pour l'or à Paris ont participé au Tour, que ce soit Mathieu van der Poel, Wout Van Aert et Remco Evenepoel (les deux Belges sont également engagés sur le chrono), l'Erythréen Biniam Girmay ou encore le Danois Mads Pedersen qui a abandonné la Grande Boucle après une chute.
"Pour eux, le Tour est comme un stage, un élément de stimulation pour être prêt aux JO. Il faut juste éviter de ne pas terminer cramé", souligne Fred Grappe, directeur de la performance de l'équipe Groupama-FDJ et chercheur en science du sport.
Doser ses efforts, se faire mal parfois, laisser filer le lendemain : "on peut trouver chez certains coureurs des manières de courir étonnantes. Les meilleurs savent le gérer parce qu'ils se connaissent bien, comme Van der Poel", ajoute-t-il.
Van der Poel, qui a été discret sur la Grande Boucle, peut s'appuyer sur un précédent. L'année dernière, le Néerlandais avait aussi fait un Tour de France a minima avant de survoler deux semaines plus tard la course en ligne des Mondiaux à Glasgow.
"C'est comparable et j'ai opté pour une préparation similaire. Je me sens même mieux que l'année dernière où j'étais un peu malade sur le Tour", prévient le champion du monde qui sera le favori N.1 à Paris sur un parcours à sa main.
"Avec les Championnats du Monde, on a appris comment il fallait faire", abonde Valentin Madouas auprès de l'AFP. "Je vais rester sur le schéma. Mon résultat n'était pas extraordinaire (15e et premier Français), mais j'ai une base de travail. Je sais comment gérer la fatigue et arriver à bien surcompenser."
Quel Pogacar aux JO ?
Mot un peu barbare, la surcompensation est un principe fondamental de la performance. Elle permet à l'organisme, qui a subi un stress important, de développer, après une courte période de repos, une capacité encore supérieure.
Le coureur Pogacar lors de sa victoire à l'arrivée de la 21e étape du Tour de France à Nice. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"En surcompensation, on réadapte les capacités physiologiques de l'athlète à un niveau supérieur", souligne Frédéric Grappe.
Cela demande un travail d'orfèvre que les coureurs et leurs équipes maîtrisent de mieux en mieux.
Pour Evenepoel, qui a couru le Tour à fond, "la transition avec le chrono des Jeux ne sera pas simple", souligne son directeur sportif Tom Steels, car la course arrive très vite.
Et Pogacar dans tout ça ? Le Slovène, troisième à Tokyo-2020 et qui fait partie des inscrits pour les JO contrairement à son rival Jonas Vingegaard, a fourni énormément d'efforts pour gagner le Tour de France dans la foulée du Tour d'Italie.
Parviendra-t-il à maintenir ce pic de forme deux semaines de plus, sachant qu'il ne fera pas le contre-la-montre samedi 27 juillet.
Dimanche 21 juillet, Pogacar, qui n'a pas digéré la non sélection de sa fiancée Urska Zigart par la Fédération slovène, est resté très évasif sur le sujet, préférant mentionner son "rêve" de porter un jour le maillot arc-en-ciel de champion du monde.
Les prochains Mondiaux, fin septembre à Zurich, sur un parcours très montagneux, lui offrent une opportunité en or. Mais avec le glouton slovène, il faut s'attendre à tout à Paris.
AFP/VNA/CVN