>>Vietnam-Japon : promotion de la coopération dans l'agriculture et l'aquaculture
De fait, le secteur agricole doit s'efforcer de se renouveler et de s'adapter à la situation actuelle. En outre, c'est la bonne période pour les entreprises de placer leurs capitaux dans ce dernier secteur qui recèle pleins de potentiels.
Le Vietnam compte 10 millions d’entreprises familiales agricoles qui possèdent en moyenne 0,65 hectares de terres morcelées en petites parcelles. |
Photo : Huy Hùng/VNA/CVN |
S’agissant d’investissement dans le secteur agricole, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural (MADR), Cao Duc Phat, a indiqué que depuis ces dernières années, de nombreuses politiques d’incitation ont été prises pour ce secteur. Toutefois, beaucoup d’entre eux craignent les risques inhérents à l'agriculture comme les catastrophes naturelles, les épidémies, l’instabilité du marché domestique comme international…
D’autres problèmes sont récurrents, notamment en termes de foncier, sauf pour l’élevage, car le pays ne possède que peu de terres agricoles à louer, ce qui oblige les investisseurs à louer à des agriculteurs afin de pouvoir disposer de superficies suffisantes pour assurer un certain volume de production, en particulier de matières premières... L’investissement dans le segment de la transformation est également problématique compte tenu de la variabilité constante des volumes de production entre agriculteurs, voire dans le temps pour un même agriculteur.
Le Docteur Dang Kim Son, directeur de l'Institut des politiques et stratégies de l'agriculture et du développement rural (MADR), explique que le Vietnam compte 10 millions d’entreprises familiales agricoles qui possèdent en moyenne 0,65 hectares de terres morcelées en petites parcelles. La conséquence directe est l’impossibilité d’employer des méthodes agricoles modernes. Si les entreprises coopèrent avec ces agriculteurs, le coût de revient des produits est trop élevé et, inversement, les agriculteurs ne peuvent négocier seuls un contrat avec ces entreprises, du fait de leur valeur...
Manque d’infrastructures
En outre, toujours selon le Docteur Dang Kim Son, les infrastructures du Vietnam demeurent modestes, et plus encore en zone rurale. Leur insuffisance est évidente dans certaines régions de production comme le delta du Mékong et la zone montagneuse de l'Ouest.
Les plus grands producteurs agricoles travaillant pour l’export souffrent particulièrement du manque d’infrastructures, notamment de voies ferrées ou de grands axes de transport, sans compter que l’expédition de leurs produits ne peut guère être réalisée que dans les très grands ports comme ceux de Hô Chi Minh-Ville, avec, à la clé une perte de compétitivité en termes de prix comme de qualité. Enfin, les assurances agricoles n’en sont encore qu’à une phase expérimentale, alors que les risques naturels sont élevés.
Selon le MADR, les investissements réalisés dans ce secteur par des entreprises étrangères ne représentent que 3% de l’investissement étranger au Vietnam, et encore, ces trois dernières années, ils sont au plus bas. Par ailleurs, la proportion d’investisseurs issus de zones rurale est très faible également.
Même les acteurs économiques qui connaissent le succès dans la production agricole, comme le groupe multisectoriel Vingroup, rencontrent des difficultés. Selon Thai Hông Xuân Nguyêt, directrice du Centre de recherche en application des technologies et sur la qualité des produits agricoles, Vingroup s’intéresse à l'agriculture pour approvisionner en aliments les chaînes d'hôtels et les distributeurs. Mais il a du mal à trouver les informations nécessaires pour élaborer des projets. Une situation qui a conduit Thai Hông Xuân Nguyêt à proposer la création d’une base de données sur le foncier, la production agricole, les produits, les débouchés à l'export...
Transformation de crevettes dans une usine implantée dans la province de Soc Trang. |
Dans l’aquaculture, Lê Van Quang, président exécutif de compagnie par action de produits aquicoles Minh Phu, indique aussi que cette dernière est confrontée à beaucoup de difficultés en raison d’une industrie auxiliaire dans la transformation de fruits de mer qui est insuffisante. "Pour la transformation de nos produits, nous avons dû importer de Thaïlande les emballages, les condiments, etc., avec des formalités d'import d’une durée de 15 à 22 jours, à supposer que l’opération ne soit irréalisable pour une raison ou une autre. Nous ne pouvons que très difficilement créer de produits de haute valeur ajoutée", explique-t-il.
Créer un groupe de promotion de l’investissement
Le Docteur Dang Kim Son a indiqué que ce faible attrait du secteur agricole n’est pas très normal, mais aussi potentiellement dangereux : si l’agriculture ne peut attirer l’investissement, il lui sera non seulement impossible d’exploiter tous ses potentiels, mais en outre, elle ne pourra bénéficier du dynamisme des entreprises au profit de sa restructuration. En effet, les entreprises n’apportent pas que des capitaux, mais aussi des technologies, des modèles, des techniques de commercialisation...
Afin d’inciter les investisseurs à s’engager davantage dans ce secteur, le MADR a créé un groupe de promotion de l'agriculture sous forme de partenariat public-privé. Composé d’administrations, d’organismes publics et d’une vingtaine de grandes entreprises, ils "avanceront des propositions et des mesures en vue d’attirer plus de capitaux comme de nouvelles technologies dans l’agriculture», a affirmé le docteur Dang Kim Son.
Le ministre Cao Duc Phat a également indiqué que le gouvernement prépare actuellement un projet et des décisions de simplification des politiques et d’application de la Stratégie nationale pour l’agriculture afin que les investisseurs vietnamiens comme étrangers soient plus confiants. Au-delà des intérêts économiques, l’aspect social est essentiel également : les agriculteurs pourront, à travers l’apprentissage de nouvelles technologies agricoles et la découverte de nouveaux modèles économiques, s’adapter puis animer une agriculture vietnamienne moderne.