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Des infirmières s'occupent d'un patient touché par le COVID-19 dans une unité de soins intensifs à l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 5 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"On s'oriente vers des scénarios qui restent très compliqués pour l'hôpital mais ne sont pas les plus durs qui auraient pu survenir", résume à l'AFP le chercheur Simon Cauchemez, qui chapeaute les prévisions de l'Institut Pasteur.
Comme de nombreux autres pays, la France est confrontée à une explosion des cas de COVID-19. Leur niveau moyen s'approche actuellement des 300.000 par jour, un niveau jamais vu depuis deux ans de pandémie.
Ces chiffres impressionnants s'expliquent en partie par le nombre exceptionnellement élevé des tests réalisés. Mais ils traduisent une véritable reprise de l'épidémie, liée au variant Omicron.
Apparu fin 2021, il se transmet bien plus que ses prédécesseurs et, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), frappera bientôt plus de la moitié des Européens.
Mais un espoir s'est confirmé ces dernières semaines : Omicron est moins dangereux que les précédentes incarnations du virus. Il provoque moins d'hospitalisations, à la fois car les populations sont mieux vaccinées et car il est en soi moins virulent.
Sur cette base, l'Institut Pasteur, dont les prévisions sont attentivement surveillées par le gouvernement français, vient de réviser ses précédentes modélisations, particulièrement incertaines et données fin décembre.
Il se concentre désormais sur un scénario, jugé le plus probable, dans lequel le pic d'hospitalisations quotidiennes serait atteint fin janvier et compris entre 2.500 et un peu plus de 5.000.
Ce dernier cas dépasserait le record du printemps 2020, au début de la pandémie en France. Mais, contrairement à maintenant, il avait fallu un strict confinement pour stopper les hospitalisations et éviter un effondrement du système de santé.
Surtout, un autre constat, effectué dans les pays gagnés en premier par Omicron comme l'Afrique du Sud ou le Royaume-Uni, est encourageant. Les personnes hospitalisées vont moins en réanimation et restent moins longtemps à l'hôpital.
En prenant en compte ces éléments, les chercheurs de Pasteur jugent probable qu'il ne faille pas, au maximum, disposer de plus de 6.000 places en soins critiques, un niveau cette fois inférieur au sommet observé au début 2020.
Delta toujours là
Il ne faut pas minimiser une telle charge. Elle alourdirait considérablement les hôpitaux français, déjà contraints depuis des semaines de déprogrammer des opérations à cause de la pression liée au COVID, sur fond d'épuisement des soignants.
Mais l'impact serait "potentiellement absorbable par les services hospitaliers, si on fait un effort pour diminuer la transmission", a estimé M. Cauchemez.
Test antigénique de dépistage du COVID-19 dans le groupe scolaire Fénelon Notre-Dame à La Rochelle, en Charente-Maritime, le 13 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
C'est un message régulièrement répété par les épidémiologistes aux Français : il ne faut pas beaucoup réduire ses contacts - 20%, voire 10% suffisent - pour faire une grosse différence.
Sur ce plan, les chercheurs sont encourageants. Ils estiment que cette réduction a probablement déjà lieu, en partie grâce aux récentes mesures du gouvernement pour forcer les entreprises à accepter plus de télétravail.
De plus, il y a généralement une "autorégulation des individus" lors d'une vague épidémique, selon les termes de l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, qui s'exprimait jeudi 13 janvier lors d'une conférence de presse.
Autrement dit, en constatant l'explosion des contaminations, les individus veillent naturellement à porter leur masque ou à éviter trop de rassemblements.
L'évolution de l'épidémie à l'étranger tend à alimenter ce relatif optimisme. Au Royaume-Uni, la vague de contaminations recule depuis quelques jours sans s'être finalement traduite par une hausse des admissions en réanimation.
La France risque cependant d'être face à une situation moins favorable. Les personnes âgées y sont moins bien vaccinées que leurs homologues britanniques : trois quarts des Français de plus de 65 ans ont reçu une dose de rappel, contre 90% de l'autre côté de la Manche.
Surtout, plus qu'en Grande-Bretagne, la vague Omicron a frappé la France alors que ses hôpitaux étaient déjà largement occupés par des patients infectés par Delta. Celui-ci n'a d'ailleurs pas disparu des nouvelles contaminations même s'il est nettement minoritaire.
Dans certaines régions, comme le Sud, "il y a encore beaucoup de patients hospitalisés (à cause de) la vague Delta", a prévenu M. Fontanet, ce qui laisse "moins de marge" en France qu'au Royaume-Uni.
AFP/VNA/CVN