COVID-19 : le Tour de France, le dernier géant à résister

Après l'Euro de football et les Jeux olympiques de Tokyo, le Tour de France reste le dernier des évènements géants du sport à rester debout. Mais la pandémie de coronavirus pose des questions à moins de 100 jours du Grand départ de l'édition 2020 programmé le 27 juin à Nice.

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Le logo du Tour de France vu dans les rues de Bruxelles, trois jours avant le Grand départ de la dernière édition, le 4 juillet 2019.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Tour est-il en danger ?

Le cyclisme est au point mort, au moins jusqu'à fin avril, la date fixée la semaine passée par l'Union cycliste internationale (UCI). En réalité, aucune course World Tour, c'est à dire le calendrier de l'élite, n'aura lieu avant le 31 mai, premier jour du Dauphiné qui est aussi une course organisée par ASO, responsable du Tour de France. Le Giro, qui devait partir de Hongrie le 9 mai, est l'un des premiers évènements à être passé à la trappe.

Du côté d'ASO, le silence est de rigueur. "On espère bien que la situation, évidemment en premier lieu pour le bien du pays, sera réglée avant", déclarait la semaine dernière le directeur du Tour Christian Prudhomme, avant de rappeler le délai important, trois mois, qui nous sépare encore du Grand départ. Mais la situation est scrutée de toutes parts. De sources concordantes, l'AFP a appris que des partenaires avaient été sondés sur l'hypothèse d'une édition avec des restrictions du public et de la caravane publicitaire.

"On est en lien avec ASO", a reconnu la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, lundi 23 mars au micro de France Inter. En soulignant "l'importance capitale" de l'événement. Depuis sa création en 1903, le Tour, devenu un phénomène de société autant que sportif, n'a été arrêté que par les deux guerres mondiales.

Qui décide ?

Le maire de Nice, Christian Estrosi, entouré de la légende Bernard Thévenet et du Monsieur Tour de France, Christian Prudhomme (droite), le 4 février sur la Promenade des Anglais d'où partira l'édition 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

Si le Tour de France est une propriété privée, sa nature (21 jours de course), sa dimension (10 à 12 millions de personnes sur le bord des routes) et son importance (il est la clé de voûte de son sport) le rendent dépendant des services de l'État. Pour s'en tenir à ce seul chiffre : quelque 29.000 policiers, gendarmes et pompiers, sont mobilisés à un moment ou à un autre sur l'épreuve pour assurer sa sécurité.

Depuis Nicolas Sarkozy, les différents présidents de la République sont régulièrement venus pendant la course. Emmanuel Macron était encore présent, le 20 juillet dernier, à l'arrivée de l'étape au col du Tourmalet. De là à penser que la décision finale concernant le Tour sera prise au plus haut sommet de l'État...

Quelle est la position des équipes ?

"S’il n’y a pas de Tour de France, tout le modèle du cyclisme pourrait s'effondrer", estime le Belge Patrick Lefevere, le patron de l'équipe Deceuninck, en qualifiant de "désastre total" l'hypothèse d'une annulation. "Le point d'ancrage de la saison, c'est le Tour", confirme Marc Madiot, à la tête de l'équipe Groupama-FDJ et président de la Ligue nationale du cyclisme.

Le peloton du Tour de France avance, étiré, devant la pyramide du Musée du Louvre, lors de l'ultime étape de l'édition courue à Paris, le 29 juillet 2019.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les différents responsables d'équipes contactés par l'AFP sont sur la même ligne. "Il faut qu'il y ait un Tour de France. Après, c'est l'état sanitaire qui déterminera (sa viabilité)", affirme Marc Madiot, qui relègue au second plan l'inéquité sportive envisageable. "Tout le monde ne sera pas au même niveau de préparation mais la situation est extrêmement fluctuante, d'un pays à l'autre, et d'un jour à l'autre".

"Il faut que les événements aient lieu même si l'équité sportive n'est pas garantie", renchérit Cédric Vasseur, son homologue de Cofidis, prêt à envisager un report du Tour le cas échéant : "Aujourd'hui, c'est prématuré. Mais pourquoi pas le décaler si la situation sanitaire le demande ? Pourquoi pas au mois d'août ?" Dans cette hypothèse, le report des JO annoncé mardi 24 mars libère des dates dans le calendrier international.

Qu'en pensent les coureurs ?

"Je serais surtout inquiet parce que si on l'annule, cela voudrait dire que la pandémie s'est aggravée", a répondu à Francetvsport Thibaut Pinot, l'un des favoris de la prochaine édition. Confronté à l'éventualité, le Franc-Comtois ne veut pas trop y penser, pas plus que Julian Alaphilippe : "Je n'ai pas envie d'imaginer une année sans Tour de France, ce serait terrible pour le cyclisme".

"Le vélo en ce moment est complètement dérisoire, insiste toutefois Pinot. Il y a tellement plus important que de savoir si le Tour va être annulé ou reporté". Romain Bardet est du même avis et fait part de son "espoir qu'il y ait une sortie de crise d'ici au Tour".

"Cela me semble compliqué de penser que le Tour puisse se tenir totalement normalement", a-t-il estimé mardi 24 mars à propos d'un évènement qui attire un public international : "En termes de présence physique et de spectateurs sur le bord de la route, j'imagine mal que le Tour de France 2020 puisse être identique à celui qu'on a vécu l'an dernier".

AFP/VNA/CVN

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