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Moon Haeng-ja passe un appel vidéo sur son smartphone dans sa petite maison. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Chuseok", du 30 septembre au 2 octobre, est une des deux fêtes les plus importantes du calendrier coréen, et l’occasion, normalement, de retrouvailles familiales à la campagne et de rituels ancestraux dans les cimetières.
Cette année ne sera cependant pas comme les autres. La faute au coronavirus qui a amené les autorités à demander à la population de rester chez elle pour ne pas contribuer à la propagation de la maladie.
"Normalement, mes neveux et petits-enfants viennent tous me rendre visite", se désole Mme Moon, qui vit seule à Wanju, un petit comté rural de la province de Jeolla du Nord où aucun cas de coronavirus n’a été détecté.
Les habitants redoutent une arrivée massive de jeunes des grandes villes susceptibles d’être porteurs de la maladie. Et Mme Moon est une des nombreuses personnes âgées qui, du coup, s’est rabattue sur une réunion de famille virtuelle. Elle a cinq enfants qu’elle n’a plus vus depuis janvier, avant que le COVID-19 ne frappe la République de Corée.
Un allié contre la solitude
"Je me sens seule et ils me manquent, mais il faut passer ainsi Chuseok", lâche-t-elle résignée.
On a beau lui avoir montré à de nombreuses reprises, elle continue de galérer avec son smartphone. Mais elle sait qu’il est, cette année, son meilleur allié contre la solitude.
"C’est très simple pour les jeunes, mais pour les anciens, c’est souvent une première, explique Kim Hee-sook, un travailleur social qui a essayé d’apprendre à Mme Moon comment lancer une conversation vidéo sur son smartphone. Ils avaient déjà du mal à utiliser un téléphone portable, alors forcément, une conversation vidéo..."
Désinfection pour la lutte contre le COVID-19 à Incheon, en République de Corée. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La République de Corée a longtemps été saluée pour sa réponse très efficace à la pandémie, mais elle est confrontée ces dernières semaines à une multiplication des foyers de contamination.
"Chuseok est le plus grand risque pour le second semestre", a déclaré le chef de l’Agence coréenne de contrôle et de prévention des maladies, Jung Eun-kyeong.
Pour dissuader les gens de voyager, le nombre de billets de train en vente a été réduit de moitié pendant le congé de "Chuseok", et nombre de cimetières demeureront fermés.
Pour certaines cependant, ces conditions exceptionnelles seront peut-être un soulagement. La Fête des récoltes est en effet une période de grand stress pour nombre de belles-filles qui gèrent l’essentiel du ménage et de la cuisine pour toute la famille de leur époux.
En temps normal, Kim Soon-joo entame le grand ménage dans sa maison un mois avant. "Je suis souvent tendue car je dois m’occuper de la nourriture et des repas, confie-t-elle. En ce sens, Chuseok sera plus tranquille".
L’aspect le plus important de la Fête des récoltes, ce sont les offrandes sur les tombes des ancêtres, qui impliquent pour les familles de nettoyer les sépultures. Les restrictions font cette année que beaucoup de familles ne pourront aller dans les cimetières, ce qui fait les affaires des entreprises spécialisées dans l’entretien des tombes.
Au 15 septembre, la Fédération des coopératives forestières nationales avait déjà enregistré, par rapport à l’ensemble de 2019, une hausse de 23% de ses commandes pour ce type de service. Conséquence, certaines tombes n’étaient nettoyées qu’après "Chuseok"...
Kim Yoon-rae, qui travaille dans l’entretien des tombes dans la ville de Paju (Nord), confirme cette hausse des commandes par rapport aux années passées. Pour autant, il assume la surcharge de travail avec "bonheur et enthousiasme", dit-il. "Je fais mon travail comme s’il s’agissait des tombes de mes propres ancêtres".
AFP/VNA/CVN