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Le restaurant Pisticci à New York, le 29 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous avons complètement le dos au mur", dit à l'AFP Vivian Forte, propriétaire, avec son mari, du restaurant Pisticci à New York. "Aucun de nous ne gagne actuellement de l'argent."
Elle raconte son soulagement quand le président Donald Trump a ratifié le plan de relance après avoir entretenu le doute pendant plusieurs jours.
La restauratrice, qui s'apprêtait à licencier tout le personnel, mise beaucoup sur ce plan pour garder la tête hors de l'eau.
À des milliers de kilomètres de là, à Portland (Nord-Ouest), Andrew Volk ne sait toujours pas s'il va demander à bénéficier de l'aide fédérale car il s'interroge sur la fréquentation de ses restaurants, Hunt et Alpine Club, une fois qu'il ne sera plus possible de servir en terrasse, à compter du 4 janvier.
Il s'attend à une réduction de l'activité pendant l'hiver et ne mise que sur la vente à emporter.
"Pansement"
"Nous n'avons aucune idée de ce que deviendra notre activité une fois que la neige aura fondu", dit M. Volk, membre de l'Independent Restaurant Coalition. Ce lobby, né cette année, comprend quelque 500.000 établissements employant directement environ 11 millions de personnes.
S'il salue le nouveau plan de relance, Andrew Volk estime que ce n'est qu'"un pansement temporaire".
Les serveurs du restaurant Niko Niko's, à Houston, au Texas, organisent leur système de vente à emporter. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce programme prévoit 284 milliards d'USD pour des prêts aux PME, programme baptisé PPP.
La pandémie de COVID-19 a déjà entraîné la disparition de quelque 110.000 restaurants aux États-Unis - soit un sixième des établissements du pays - victimes des restrictions à l'activité et des mesures de distanciation physique mises en place dans plusieurs États.
Les restaurants ont également vu leurs coûts augmenter en raison des dépenses pour se conformer aux exigences des autorités sanitaires et à l'achat d’équipements de protection pour les personnels.
Neuf mois après le déclenchement de l’épidémie aux États-Unis, une enquête de la National Retail Association dépeint un malaise général.
Une majorité des restaurants disent qu'ils vont continuer à recourir au chômage technique lors des trois prochains mois.
"Ceux qui s'en sortent n'ont fait que s'adapter" aux circonstances, souligne Dimitri Fetokakis, propriétaire de Niko Niko's, une chaîne de restaurants spécialisée dans la cuisine grecque à Houston (Texas).
Dans les premiers jours de la pandémie, Niko Niko's a réduit de 40% les salaires des managers pour répondre à l'interdiction de dîner en salle. Ces derniers ont été aussitôt affectés au service de vente à emporter.
L'établissement a également organisé des ventes éphémères dans les banlieues, renforcé sa présence en ligne et proposé des livraisons gratuites.
"C'est comme si on faisait du racolage", en sourit M. Fetokakis, qui va demander un prêt gouvernemental.
"Gaspillez"
Il explique qu'un de ses restaurants situé au cœur du quartier d'affaires souffre particulièrement du fait que de nombreux professionnels sont au télétravail forcé.
En Caroline du Nord, la fréquentation de RayNathan's fluctue, une imprévisibilité qui rend difficile la gestion des approvisionnements en nourriture pour ce restaurant spécialisé dans le barbecue.
"Soit vous gaspillez, soit vous perdez des ventes lorsque vous n'en avez pas assez", raconte Steve Carroll, un des propriétaires.
L'argent reçu du premier plan de relance de 2.200 milliards de dollars adopté en mars avait permis à RayNathan's de ne pas licencier ses employés.
Mais comme d'autres PME, le restaurant devait le dépenser dans les huit semaines, un délai étendu en juin à 24 semaines, ce qui n'a pas permis d'épargner alors que l'épidémie s'est prolongée.
Si cette première aide est saluée pour avoir sauvé de la banqueroute de nombreuses petites entreprises et éviter des cascades de licenciements, les critiques ont déploré que de grosses entreprises - Shake Shack, etc - en aient profité.
Le récent plan de soutien est généreux avec les restaurateurs puisqu'il leur permet de solliciter un prêt dont le montant peut être trois fois et demi supérieur à leurs dépenses salariales. Ils peuvent aussi déduire fiscalement les frais généraux effectués avec ces prêts.
Le secteur n'a toutefois pas obtenu l'aide spécifique de 120 milliards de dollars qu'il réclamait, à l'image du secteur aérien.
"Ce n'était simplement pas possible à ce stade", confie Mike Whatley, vice-président de National Restaurant Association, confiant que le lobby va continuer à mettre la pression sur les politiques.
AFP/VNA/CVN