>>Grippe aviaire : un foyer dans les Hautes-Pyrénées, 17 autres en France
>>Grippe aviaire : un premier cas en France détecté en Haute-Corse
La filière canards des Landes se mobilise pour faire face au "traumatisme" de la grippe aviaire. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Tout le monde est mobilisé", affirme Marie-Pierre Pé, porte-parole du Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog).
"Administration, vétérinaires, organisations de production et chambres d'agriculture qui prêtent main forte à l'administration pour identifier les élevages et organiser le dépeuplement, salariés des abattoirs, laboratoires, etc.", ajoute-t-elle.
Mardi 29 décembre, le ministère de l'Agriculture a pris un arrêté étendant le périmètre dans lequel un abattage préventif peut être ordonné dans une zone de 3 km autour d'un foyer de contamination au virus H5N8. Il concerne une centaine de communes, essentiellement dans le sud des Landes, en Chalosse, mais aussi dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques).
Au ministère, on précise que ce texte met en place un "cadre juridique" pour les semaines à venir.
"Cet arrêté n'ordonne pas l'abattage de tous les animaux à plumes dans ces communes-là", précise Mme Pé. "On est toujours dans de la prévention, l'enjeu étant d’aller plus vite que le virus" et notamment de faire en sorte qu'il ne se propage pas plus à l'est, dans le Gers.
Onze foyers ont été détectés en Chalosse, le coeur historique de la production landaise de foie gras, dit-elle, faisant des Landes le département le plus affecté par l'épisode d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) qui touche la France depuis la mi-novembre.
La semaine dernière, des abattages préventifs de 40.000 canards avaient été ordonnés dans ce secteur.
"Stopper l'incendie"
Serge Mora, éleveur de canards à Mugron, en Chalosse, assure que certains producteurs sont "en détresse psychologique forte". "Il y a des gens qui sont au fond du seau. On est désabusé", ajoute ce président départemental du Modef.
"Il ne faut pas oublier que c’est la troisième fois en cinq ans", après les hivers 2015/2016 et 2016/2017, que la grippe aviaire touche le département roi du canard (50% de la production française), dit-il.
Sans compter le COVID qui a fait perdre à beaucoup d'éleveurs le débouché des restaurateurs, ajoute l'éleveur qui estime à "20.000 euros de perte de marge brute" "l'effet COVID" sur son exploitation (2.400 canards de plein air).
Selon Hervé Dupouy, président de la section palmipèdes de la FNSEA des Landes et membre du bureau du Cifog, "c’est un véritable traumatisme pour les éleveurs. On ne peut pas rester dans une situation comme celle-là. Il faut stopper l’incendie".
"Il n'est pas exclu qu’on élargisse encore cette zone (de surveillance). Est-ce que ça suffira ? Je ne sais pas", ajoute l'éleveur de Castelnau-Tursan (28.000 canards par an), qui parle de "véritable catastrophe, pas seulement pour les producteurs de palmipèdes mais pour ceux de pintades, cailles, etc".
"On lutte contre un ensemble d'éléments extrêmement défavorables", conclut Mme Pé, "le virus est très présent dans l'environnement" et circule activement dans la faune sauvage.
En Chalosse, "les élevages sont très proches les uns des autres et donc une contamination par l'air, de proche en proche, est à craindre. Enfin, les dieux nous sont tombés sur la tête avec la tempête Bella, avec du vent d’ouest qui peut pousser la propagation vers l'est".
AFP/VNA/CVN