>>Un cas importé de COVID-19 signalé le 28 mars après-midi
Un malade du COVID-19 transporté sur un brancard à l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis (banlieue nord-est de Paris), le 29 mars. |
"Les mesures prises il y a dix jours pourraient commencer à montrer des effets dans les tout prochains jours, ou pas, nous le verrons dans les 24-48 heures vraisemblablement", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran mardi 30 mars à l'Assemblée nationale.
"Si besoin était, nous prendrions d'autres mesures pour toujours protéger les Français", a-t-il ajouté.
L'opposition et une partie des médecins appellent à ne plus attendre pour prendre de nouvelles mesures, dix jours après l'entrée en vigueur, dans 16 puis 3 autres départements, d'un tour de vis qualifié de "faux confinement".
Ils justifient ces appels par la dégradation des chiffres de l'épidémie qui ont un impact sur l'hôpital.
Avec 5.072 malades en réanimation mardi, le nombre de patients dans ces services progresse encore, après avoir atteint la veille le plus haut de la vague de l'automne. Et la suite ne s'annonce pas meilleure car, mi-novembre, la circulation du virus et le nombre de contaminations refluaient déjà nettement, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
En comptant les malades du COVID et les autres, près de 9 lits de réanimation sur 10 (6.833 sur 7.665 à la date du 26 mars) sont actuellement occupés, selon le ministère de la Santé qui précise que "la montée en charge des capacités se poursuit dans toutes les régions".
Tri ?
Pour autant, les cris d'alarme des directeurs de crise de l'AP-HP et de médecins hospitaliers en Ile-de-France sur le spectre d'un tri des patients divisent.
Lundi soir 29 mars, l'antenne Ile-de-France de la Fédération hospitalière de France (FHF) a critiqué une "véhémence" de "nature à inquiéter les malades et leurs familles". Au pic de la première vague, au printemps 2020, 7.000 malades COVID-19 étaient soignés en réanimation.
Le tri est "une ligne rouge", a martelé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Nous ne laisserons pas saturer les hôpitaux, nous ne laisserons pas les médecins devoir trier des malades", a renchéri Olivier Véran.
"C'est déjà le cas", a toutefois jugé sur France Inter le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon, à Paris.
"Le patient qui devait se trouver en réanimation se trouve en unité de soins intensif (...) et ceux qui devraient être en unité de soins intensifs se retrouvent dans une autre salle armée spécialement pour", a-t-il développé.
"La question est : Devrons-nous aller encore plus loin dans +la sélection+", a renchéri sur Twitter le néphrologue Gilbert Deray.
"Parler de tri c'est compliqué, mais c'est vrai qu'une réflexion sur les critères d'admission va être remise sur la table de façon un peu plus importante que cela ne l'est actuellement", a expliqué mardi le Pr Xavier Capdevila, membre de la FHF.
Mardi 30 mars, 337 nouveaux décès ont été enregistrés dans les hôpitaux, portant le bilan total à 95.364 morts, preuve que les effets de la vaccination (8,26 millions de premières doses injectées, 2,797 millions de secondes doses) sont encore très limités.
En Ile-de-France, l'une des régions concernées par l'interdiction de se déplacer à plus de 10 km sans dérogation et la fermeture de nouveaux commerces, le taux d'incidence s'élevait à 640 nouveaux cas pour 100.000 habitants sur les sept derniers jours, aux derniers chiffres arrêtés vendredi 26 mars.
C'est en très légère baisse par rapport à la veille (643), mais toujours beaucoup plus haut que le seuil d'alerte maximale fixé par les autorités sanitaires (250). Ce seuil était dépassé vendredi dans 60 départements, contre seulement 23 le 10 mars.
La question des écoles
Alors que les courbes montent, Emmanuel Macron concentre les critiques à cause de son choix de ne pas suivre, fin janvier, les recommandations du conseil scientifique. Ce dernier préconisait un confinement strict de quatre semaines face à la propagation du variant anglais, plus contagieux et plus virulent.
Dans ce tableau globalement sombre, la question des écoles reste lancinante.
Depuis lundi 29 mars, un seul cas de COVID justifie la fermeture d'une classe dans les régions les plus touchées par l'épidémie.
Résultat : les fermetures ont quasiment doublé à Paris en une journée, passant de 246 à 473 selon la mairie.
"La situation sanitaire dans les écoles met en danger l'ensemble de notre réponse à l'épidémie", a plaidé un collectif de médecins et de parents d'élèves dans une tribune publiée par Le Monde.
"Fermer les écoles, c'est accepter que des enfants subissent à nouveau des violences intra familiales, c'est creuser les inégalités sociales, c'est aggraver la détresse et la santé mentale d'une population déjà très affectée par cette crise sanitaire", ont à l'inverse estimé plusieurs associations de pédiatres dans un communiqué.
AFP/VNA/CVN