>>"Nous voulons briser le silence sur les conséquences de l'agent orange au Vietnam"
>>Dioxine : quelle justice pour les victimes ?
L'ambassadeur du Vietnam en France, Dinh Toàn Thang, prend la parole lors de la réception des membres du Collectif Vietnam Dioxine, le 2 octobre à Paris. |
S'exprimant lors de la rencontre, l'ambassadeur Dinh Toàn Thang a hautement apprécié les efforts et le dévouement des membres du Collectif Vietnam Dioxine pour soutenir le procès de Mme Trân Tô Nga, une des victimes de l’agent orange/dioxine (AO/dioxine), et pour aider les autres victimes au Vietnam.
Il a également salué la détermination et le courage de Mme Trân Tô Nga qui n’a ménagé aucun effort pour mener ce combat, un combat pour la justice de toutes les victimes de l’AO/dioxine qui souffrent encore aujourd’hui. "Le flambeau que vous avez transmis à nos jeunes, cette énergie que vous avez véhiculée, cette conviction que vous avez partagée et démultipliée et cette connectivité que vous avez su créer, tout cela a animé, anime et animera notre combat à l’avenir", a-t-il déclaré à la femme qui a, depuis 7 ans, poursuivi avec persistance son procès contre les entreprises chimiques qui ont fourni à l'armée américaine les herbicides utilisés dans la guerre du Vietnam dans les années 1960-1970.
À cette occasion, l'ambassadeur Dinh Toàn Thang a également informé des efforts de l'État et du peuple vietnamiens pour soulager la douleur physique et mentale des victimes. Selon lui, chaque année, le Vietnam dépense environ 400 millions d'euros pour les soins, l'aide et la formation professionnelle de ces infortunés et de leur famille.
En 2019, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décidé de retirer le glyphosate de la liste des produits phytosanitaires autorisés au Vietnam. "C’est un acte courageux et responsable de la part du gouvernement vietnamien qui fait passer d’abord l’impératif de la santé publique avant les enjeux économiques et commerciaux", a-t-il insisté, ajoutant que les opérations de décontamination sur des sites gravement pollués par la dioxine tels que les aéroports de Biên Hoà et Dà Nang sont également mises en œuvre en coordination avec le gouvernement américain. Avec le Collectif Vietnam Dioxine, l'Ambassadeur a appelé ses membres à continuer à mener des actions concrètes pour aider et soutenir les victimes.
Lors de la réunion, des représentants de l'Union Générale des Vietnamienne de France (UGVF) et de l'Union des jeunes vietnamiens de France (UJVF) ont présenté leurs activités visant à appeler le soutien du public comme : organisation d’expositions sur les effets négatifs de l’AO/dioxine et ses victimes, la propagation de ce thème dans le public et sur les médias, pétition, mobilisation de fonds pour aider les victimes et soutenir le procès de Mme Trân Tô Nga.
De nombreuses activités ont été organisées dans des localités françaises et dans de nombreux pays de l'Union européenne comme l'Allemagne et la Belgique. En tant que membre du Collectif Vietnam Dioxine, l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne (AAFV) et les autres associations vietnamiennes en France ont affirmé continuer la lutte en faveur des victimes et se tenir aux côtés de Mme Trân Tô Nga dans son long combat pour la justice.
Prenant la parole lors de la réunion, Mme Trân Tô Nga a exprimé sa gratitude pour les sentiments et l’appui des amis français et des compatriotes vietnamiens dans le pays et à l'étranger. Pour elle, ces soutiens l'ont "motivée à continuer le combat jusqu'à son dernier souffle". En menant le procès contre de nombreuses entreprises chimiques américaines, dont les géants Dow Chemical et Monsanto, pour une indemnisation suite aux maladies dont elle était porteuse du fait de son exposition à l’AO/dioxine pendant la guerre, Trân Tô Nga a émis le souhait que lorsqu'elle ne pourra plus se battre, les membres du Collectif Vietnam Dioxine, avec l'esprit de "courage, patience et espoir", continueront à se battre pour la justice et à soutenir les victimes.
Vo Dinh Kim, coordinateur du Collectif Vietnam Dioxine a affirmé qu'il continuerait à organiser des activités de propagande sur l’AO/dioxine, à appeler à l'aide pour les victimes, ainsi qu'à soutenir le procès de Mme Trân Tô Nga. D’après lui, le Collectif Vietnam Dioxine a même adressé une lettre demandant au gouvernement français de réserver une journée annuelle pour commémorer les victimes de l’AO/dioxine. "C'est une ambition grande mais importante, afin que le drame de l'Agent Orange et ses victimes ne soient jamais oubliées.", a-t-il partagé.
Créé en 2004, le Collectif Vietnam Dioxine est une organisation non gouvernementale rassemblant près de 20 associations et groupes de Vietnamiens en France et d'amis français, dont UGVF, UJVF, AAFV, Association des Anciens Combattants de la République de France (ARAC), Comité Français du Village d'Amitié de Vân Canh, Agent Orange Warning Fund FaAOD), Association des étudiants vietnamiens en France (UEVF )...
De 1961 à 1971, l'armée américaine a déversé au Vietnam 80 millions de litres d'herbicides contenant près de 400kg de dioxine, l'un des poisons les plus puissants, perturbant les fonctions hormonales, immunitaires et reproductives, provoquant des maladies comme des malformations, des dépressions cérébrales, des cancers... Ces 60 dernières années, les séquelles de l'agent orange/dioxine sont toujours présentes au Vietnam. À l’heure actuelle, il y a encore une quantité importante de dioxine dans certaines régions, affectant l'environnement. Plus de 3 millions d'hectares de forêts et 4,8 millions de Vietnamiens ont souffert ou souffrent toujours des conséquences de ces herbicides délétères. Les dommages causés à la santé, à l'environnement et à la société sont incommensurables.