Portrait d’une tisseuse avec l’art du quilling. |
Photo : CTV/CVN |
Rappelez-vous que le roi aimait les belles jeunes filles et lorsqu’il en désirait une, rien ne pouvait l’empêcher de faire d’elle sa concubine. Il décida sans plus tarder qu’il voulait avoir la belle tisseuse dans son palais. Profitant de l’absence du mari parti vendre leurs tissus à la ville, les soldats du roi enlevèrent la jeune femme. L’oiseau essaya bien de s’interposer, mais il fut tué sans pitié.
Dans la confusion, la jeune femme eut tout juste le temps d’emmener avec elle la chemise rose tissée par son mari. À leur arrivée au palais, les soldats la laissèrent seule un instant, le temps de prévenir le roi du succès de l’opération. Désespérée et refusant l’avenir qui lui était promis, la tisseuse profita de ses quelques minutes pour se donner la mort, en se pendant avec sa chemise rose.
Apprenant cette nouvelle, le roi fut si furieux qu’il ordonna de mettre le corps dans un cercueil et de l’emmener loin, très loin, pour ne plus en entendre parler.
Pendant ce temps, le mari était revenu de la ville. Surpris par l’absence de sa femme, il trouva bientôt l’oiseau mort. L’arbre lui raconta ce qu’il n’osait deviner. Fou de chagrin, il enterra son compagnon au pied de l’arbre. Puis, soudain inspiré, il courut voir la fée qui l’avait si gentiment aidé à deux reprises déjà. Celle-ci lui donna un conseil : "Prends patience, mon ami ! Seul l’oiseau peut t’aider". "Mais il est mort : je l’ai enterré sous notre arbre !", s’exclama-t-il. C’était la meilleure chose à faire, le rassura la fée. Attends le printemps et l’oiseau renaîtra. Il te dira alors ce qu’il faut faire.
Fleurs de frangipaniers. |
Photo : CTV/CVN |
Triste mais non sans espoir, le jeune homme vit passer l’hiver avec impatience. Aux premières fleurs du printemps, l’oiseau s’éveilla un beau matin au pied de l’arbre où il était enterré. Les retrouvailles des compagnons furent émouvantes. Mais bien vite, plein d’espoir, le jeune homme se rappela des paroles de la fée. "Dis-moi, l’oiseau, toi seul à le pouvoir de retrouver ma bien-aimée", s’enquit-il. "Va au palais, lui ordonna son ami l’oiseau, et exige la chemise rose de ta femme. Ensuite, tu te feras indiquer l’endroit où a été porté son corps. Une fois sur place, met la chemise sur le cercueil et attend !"
Le jeune homme se mit aussitôt en chemin vers le palais, et fit tout ce que son ami lui avait conseillé. Ayant obtenu la chemise, il eut un moment de doute et le chagrin se peignit sur son visage.
La bien-aimée ressuscite
Un des soldats, touché par la tristesse du tisseur, lui indiqua l’endroit où sa femme reposait. Sans attendre, il reprit la route, parcourut des kilomètres et des kilomètres avant d’atteindre la montagne. Sur les indications du garde, il retrouva sans peine la grotte où avait été abandonné le cercueil. Il eut un instant d’intense colère, mêlée d’une tristesse immense. Surmontant sa peine, il se reprit rapidement et, comme convenu, il déposa la chemise sur le cercueil et attendit.
Le lendemain matin, aux premières lueurs du jour, la femme sortit de sa macabre prison et retrouva son bien-aimé. Ce dernier se hâta de la ramener chez eux, dans la plus grande discrétion. L’oiseau et l’arbre furent très heureux de revoir leur amie et ils vécurent tous en parfaite harmonie. Depuis ce fameux jour, l’arbre fleurit au printemps et toutes les fleurs ont une belle couleur rose. Une couleur belle comme l’amour et la fidélité éternelle…