Trân Anh Tru est né dans une famille nombreuse de huit enfants. Il a dû faire de nombreux efforts pour gagner sa vie et ne pas laisser les difficultés prendre le dessus sur son existence. C’est ainsi qu’il est devenu, au fil des années, l’un des copistes les plus en vus de Hô Chi Minh-Ville.
Un peintre «autodidacte»
C’est à 16 ans qu’il a commencé à se passionner pour le dessin. Il couchait alors sur le papier tout ce qui lui passait par la tête. «Puis, de nombreuses personnes m’ont demandé de reproduire d’anciennes photos pour les garder en souvenir. Les photos étaient souvent trop petites et assez floues. C’était difficile. Mais c’est ce qui m’a lancé dans ce métier», indique-t-il. Tout en continuant d’exercer son talent au mieux de ses capacités, il a cherché à se perfectionner et a suivi des cours pour se professionnaliser. Mais il s’est vite aperçu que cela ne lui apportait pas un résultat à la hauteur de ses espérances. Il a donc décidé d’apprendre par lui-même.
Le «Roi de la copie de tableaux» Trân Anh Tru en plein travail. |
À 19 ans, avec un peu de talent et une sacrée personnalité, il a ouvert son premier atelier de peinture dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Après quatre ans de travail, l’endroit est devenu sa propre maison. «Je suis né dans une famille pauvre. Je connais donc très bien les difficultés des jeunes pour s’en sortir», nous commente-t-il. C’est ainsi qu’il a décidé de leur donner un coup de pouce à sa manière : des cours gratuits.
Selon Tuyên, l’un de ses élèves : «Le maître Tru nous a beaucoup apporté, en matière d’art mais aussi simplement sur la vie». Après plus de dix ans de travail et de cours, ses apprentis ont ainsi réussi à se faire une place dans le monde des beaux-arts. Une fierté pour Trân Anh Tru qui trouve même que ses élèves sont plus chanceux que lui, car lui a dû se débrouiller pour apprendre seul.
Ses quelques œuvres.
La copie, un art plus difficile qu’il n’y parait
Son coup de crayon lui a valu le surnom de «Roi de la copie de tableaux». De fait, il est très apprécié des amateurs de peinture. Même si ses détracteurs estiment que, comme tous les copistes, ce n’est pas un artiste, puisqu’il ne crée rien. Il répond toujours que faire une reproduction est plus difficile qu’on le croit.
Comme les autres copistes avant lui, notre peintre n’a qu’un seul objectif : faire des reproductions collant au plus près à l’œuvre originale, tout en lui rendant son âme et les émotions qu’elle peut générer. Il doit donc exercer son métier tout en s’informant sans cesse sur tous les courants de peinture, anciens ou nouveaux : du classicisme à l’impressionnisme en passant par le cubisme, de Léonard de Vinci, Rubens, Titien, Rembrandt, Goya jusqu’à Manet, Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Picasso, Gauguin, Matisse ou encore Van Gogh...
La copie conforme est très complexe et demande travail, dextérité, persévérance et la plus grande minutie. Il faut en fait réussir à vivre la peinture en oubliant tout ce qui se passe autour de soi. Un défi qu’il semble relever sans difficultés, puisque ses copies sont, à s’y méprendre, en tout points fidèles aux modèles. On peut les trouver un peu partout au Vietnam et même à l’étranger.
Texte et Photos : Quang Châu/CVN