Contre vents et marées, les sentinelles veillent

Jour et nuit, l’archipel de Truong Sa est protégé par des gardes, militaires ou non. Aux côtés des soldats de la Marine se tiennent fermement, 24 heures sur 24, les gardiens de phares et de stations météo. Rencontre.

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Le phare de Truong Sa Lon, un des neuf phares à l’archipel de Truong Sa.

La nuit, que la mer soit calme ou déchaînée, les neuf phares de l’archipel de Truong Sa (Spratly) émettent leurs lumières vives pour guider les navires. «Ces phares sont comme des sentinelles qui marquent la souveraineté nationale sur ce territoire maritime», considère Nguyên Trong Hiêu, 23 ans, gardien en mission sur l’île de Song Tu Tây.

Construits par la Compagnie chargée de la sécurité de la navigation maritime du Sud, les neuf phares trônent sur les îles de Da Tây, Da Lat, Song Tu Tây, An Bang, Tiên Nu, Truong Sa, Son Ca, Sinh Tôn et Nam Yêt. Leurs gardiens restent trois ans par île.

Originaire de la province de Thai Binh (Nord), Trong Hiêu est le benjamin de l’équipe de l’île de Song Tu Tây. «Il est sûr que je resterai longtemps à Truong Sa, 27 ans je pense, car je voudrais garder les neuf phares», dit-il fièrement.

Nguyên Van Thuân, de l’équipe de l’île de Nam Yêt, confie avec un brin d’orgueil : «Mon grand-frère est gardien au phare d’An Bang depuis deux ans. Cette année, c’est mon tour d’aller à Truong Sa en tant que gardien de phare. Quelle joie pour moi de le revoir tout récemment, lorsque le navire de ravitaillement, dont j’étais à bord, a accosté à An Bang sur le chemin vers Nam Yêt».

Au carrefour des tempêtes

Situé dans la partie septentrionale de l’archipel de Truong Sa, le phare de Song Tu Tây est une construction solide de 36 m de haut. L’endroit est régulièrement balayé par des tempêtes, à tel point qu’il est surnommé «le carrefour des tempêtes». «En 2005, une tempête a provoqué de lourds dégâts au phare. Les vitres ont été brisées, une trentaine de panneaux solaires emportés», se rappelle Vu Công Thao, chef de l’équipe de Song Tu Tây. Rebelote en 2006 : le fanal a été foudroyé, la batterie d’accumulateurs détruite.

Malgré les éléments déchaînés, les gardiens et techniciens se sont empressés de tout réparer. «Un phare qui n’émet pas ne serait-ce qu’une seule minute peut mettre des bateaux en péril. Donc, pas question d’attendre que la tempête se calme».

Vu Công Thao est parmi les pionniers de la garde à Truong Sa. Pendant ses dix neuf ans ici, il a passé 14 Nouvel An lunaire sur les îles, et seulement 5 auprès de sa famille. «En décembre dernier, après quinze jours de congé, je suis rentré à Song Tu Tây. J’ai offert à mes camarades des objets du Têt traditionnel : un plateau de fruits, une branche de pêcher garnie de fleurs roses (fleur du Têt au Nord - ndlr), un pied d’abricotier chargé de fleurs jaunes (fleur du Têt au Sud - ndlr), un sachet de friandises», raconte-il.

Vu Si Luu, chef de l’équipe de l’île de Truong Sa Lon, est, depuis 20 ans, gardien de phares. «J’ai travaillé pour sept phares différents. Celui que j’admire le plus est celui des récifs de Dà Lat. Il fait 43 m de haut, c’est le plus élevé des phares de l’archipel. C’est l’endroit le plus difficile et le plus dangereux pour les gardiens», confie-t-il. Questionné sur la vie de ces derniers, Si Luu répond avec un large sourire : «Comme les soldats de la Marine en garnison, les gardiens de phare s’habituent à vivre dans un certain inconfort par manque d’eau douce, d’alimentation variée. Mais, qu’à cela ne tienne ! On fait en sorte d’améliorer notre quotidien, par la pêche et la culture de légumes. Truong Sa est comme une 2e terre natale, on s’y sent bien».

Deux stations météo

À Truong Sa, existent deux stations météorologiques, l’une (construite en 1988) sur l’île de Song Tu Tây et l’autre (en 1976) sur celle de Truong Sa Lon. Elles font partie des 200 stations du réseau météorologique national. Celle de Truong Sa Lon a été reconnue par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) comme faisant partie des 26 stations météo d’importance internationale.

Nguyên Van Thuân, un jeune gardien de phare à l’île de Nam Yêt.
Photo : CTV/CVN

Dans ces stations, les équipements sont modernes. «Nous travaillons en rotation, par permanence de six heures. Jour et nuit, les informations sont rassemblées et envoyées au Centre national toutes les trois heures. Au cours des tempêtes, les informations se font toutes les 30 minutes. La chose la plus importante est l’exactitude des informations, car, une petite erreur peut avoir des conséquences graves», explique Vu Dinh Chung, chef de la station météo de Song Tu Tây, qui compte sept personnes.

Originaire de la province de Thanh Hoa (Centre), Thanh Duy travaille à la station de Song Tu Tây depuis trois ans. Sa passion pour Truong Sa lui est venue lorsqu’il était étudiant au département de météorologie de l’Université des ressources naturelles et de l’environnement de Hanoi. «J’ai été impressionné par l’exposé de mon professeur sur les stations météo de Truong Sa. J’ai cherché des informations sur Internet, je me suis entraîné physiquement, dans l’espoir d’y venir un jour. À peine diplômé, je me suis porté volontaire pour venir travailler à Truong Sa».

La confidence de Nguyên Thiên Tuân, un ancien soldat de la Marine vietnamienne, n’est pas moins émouvante : «J’ai été démobilisé en 2009, après quatre ans de garnison à Truong Sa. Animé par l’amour pour cette région maritime, je me suis inscrit au département de météorologie. À ma sortie de l’école, je suis retourné à Truong Sa, cette fois avec une nouvelle mission !»

Le Têt de la Chèvre approche à grand pas. Bonne et Heureuse Année à toutes les sentinelles de Truong Sa !

Nghia Dàn/CVN

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