Congo : Saint-Sylvestre sous haute tension à Kinshasa

La République démocratique du Congo (RDC) vit une Saint-Sylvestre à hauts risques avec des marches ce dimanche matin 31 décembre après la messe à l'appel des catholiques contre le prolongement du pouvoir du président Joseph Kabila.

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Des supporters de l'opposition brandissent des pancartes avec des slogans anti-Kabila le 30 novembre 2017 à Kinshasa.

Ces "marches pacifiques" ont d'ores et déjà été interdites par les autorités qui laissent planer la menace d'une riposte implacable, sous le regard inquiet des chancelleries. Dans la nuit de samedi 30 décembre à dimanche 31 décembre, des soldats avaient pris position devant certaines églises de Kinshasa. Ces marches ont été convoquées par les catholiques d'un "comité laïc de coordination".

Les organisateurs demandent au président Kabila de déclarer publiquement qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession. Ils souhaitent aussi un "calendrier électoral consensuel" à la place de l'actuel, qui prévoit des élections le 23 décembre 2018 pour remplacer le président Kabila, dont le dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

À Kinshasa, la capitale aux 10 millions d'habitants, les fidèles sont invités à sortir dans la rue, bibles, crucifix et chapelets à la main, après la messe qui commencera dès l'aube, vers 06h00 du matin (05h00 GMT). "Il n'y aura pas de marche. Toute personne qui tentera de marcher va trouver la police sur son chemin", a prévenu le chef de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo.

Il s'appuie sur la décision du gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, qui a interdit ces marches. Le gouverneur estime que les organisateurs ne lui ont pas communiqué d'itinéraires précis et qu'il ne dispose pas d'effectif policier suffisant pour encadrer les marcheurs.

"Un droit constitutionnel"

"Nous marcherons parce que c'est un droit constitutionnel", a répondu un porte-parole des organisateurs, affirmant que la "hiérarchie catholique a soutenu la marche". La très puissante conférence épiscopale (Cenco) tout comme le représentant du Vatican en RDC n'ont pas soutenu officiellement ces marches mais ne les ont pas rejetées non plus. "Aucun évêque ne condamne cette marche", aurait fait savoir l'épiscopat d'après le site d'information Diacenco.

Cette marche sera suivie de près par la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et par les chancelleries qui demandent en vain au régime de Kinshasa de respecter la liberté de réunion et de manifestation pacifique. "L'UE, les États membres, la Monusco et les collègues de la communauté internationale observeront attentivement les événements" de dimanche en RDC, a tweeté le délégué de l'Union européenne à Kinshasa, Bart Ouvry.

Cette marche a été précédé par les arrestations vendredi d'une douzaine de militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) dans le Kasai. Samedi soir 30 décembre, cinq militants du mouvement citoyen Filimbi ont été présentés à la télévision d'État par le chef de la police anti-émeute, le général Ilunga Muyoyo. Il les accuse d'avoir incité à "l'insurrection" alors qu'ils mobilisaient les jeunes d'un quartier populaire de Kinshasa pour la marche de dimanche.

Cette marche a reçu le soutien de tous les opposants au président Kabila, du Rassemblement de l'opposition au candidat déclaré en exil Moïse Katumbi en passant - fait plus rare - par le célèbre gynécologue Denis Mukwege. Les précédents appels de l'opposition à des rassemblements interdits avaient été un échec (le 19 décembre) ou avaient rencontré un succès mitigé (30 novembre).


AFP/VNA/CVN

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