>>Évacuations médicales limitées dans une zone assiégée de Syrie
Une famille fuit les combats à la périphérie de la province syrienne d'Idleb entre régime et jihadistes, le 29 décembre 2017. |
Une famille fuit les combats à la périphérie de la province syrienne d'Idleb entre régime et jihadistes, le 29 décembre 2017. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation de la Russie, alliée de Damas, avaient lancé lundi 25 décembre une opération à la périphérie de la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, s'emparant de plusieurs villages et localités.
Seule province à échapper entièrement au contrôle du régime de Bachar al-Assad, Idleb est aujourd'hui dans sa quasi-totalité sous contrôle du Front Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Des groupes rebelles y sont aussi présents.
Le sud-est de la province "est visé par des bombardements d'une violence sans précédent depuis des mois" de la part des avions syriens et russes, a indiqué une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Le but immédiat de l'armée est de s'emparer du sud-est" de la province, a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en faisant état de combats entre l'armée d'un côté, et Fateh al-Cham et des factions rebelles de l'autre.
Ces dernières 24 heures, 68 personnes ont été tuées dans cette bataille, dont 27 combattants prorégime et 20 de l'autre camp, et les raids aériens ont tué 21 civils, selon l'OSDH.
Un caméraman tué
Selon un correspondant de l'AFP près du front, des messages diffusés par haut-parleurs dans des villages rebelles ont appelé les habitants à rester chez eux et ont annoncé l'annulation de la prière musulmane du vendredi 29 décembre.
Des centaines de civils fuyant leurs villages à bord de voitures et de pick-up se dirigeaient vers la ville d'Idleb, chef-lieu de la province. L'OSDH a fait état de centaines de déplacés.
Un caméraman syrien travaillant pour le réseau de télévision prorégime Sama a été tué vendredi 29 décembre alors qu'il couvrait les affrontements en cours. Les forces du régime ont été chassées en 2015 de la province d'Idleb par une coalition de rebelles et de jihadistes qui s'est effritée l'été dernier après que Fateh al-Cham eut mené un coup de force contre ses ex-alliés rebelles.
Jihadistes et rebelles sont toutefois alliés dans la bataille en cours contre le régime, a dit M. Abdel Rahmane. Depuis septembre 2015 et l'intervention militaire de la Russie, venue à la rescousse de Bachar al-Assad, le régime syrien a réussi à reprendre la majorité des régions aux rebelles et à chasser le groupe jihadiste État islamique (EI), rival de Fateh al-Cham, de la majeure partie de la province orientale de Deir Ezzor et d'autres localités du pays.
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec la multiplication des belligérants et a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés.
Vendredi 29 décembre, deux fosses communes contenant des dizaines de corps de civils et de militaires syriens assassinés par les jihadistes de l'EI ont été découvertes près de la localité de Wawi, dans l'ouest de la province de Raqa, située dans le nord de la Syrie, a indiqué l'agence de presse officielle syrienne Sana.
"Monnaie d'échange"
Des volontaires du Croissant-Rouge syrien transportent un malade dans une ambulance pour l'évacuer de Douma vers Damas où il doit recevoir des soins, le 28 décembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Vendredi 29 décembre, une opération d'évacuation de civils gravement malades a pris fin dans la Ghouta orientale. Sur trois jours, 29 patients ont été évacués en échange de la libération par les rebelles de 29 détenus, conformément à un accord conclu entre régime et insurgés.
Ce chiffre reste encore très éloigné des 500 personnes que l'ONU appelle à évacuer. "Il faut faire plus: les besoins des civils doivent être prioritaires et l'accès à l'aide doit être autorisé plus régulièrement et sans conditions", a plaidé la représentante du CICR en Syrie, Marianne Gasser.
Dernier fief de la rébellion près de Damas, la Ghouta orientale est assiégée par les troupes du régime depuis 2013. Quelque 400.000 habitants sont pris au piège dans cette vaste région touchée par de graves pénuries alimentaires et médicales.
"Treize civils, dont six enfants et quatre femmes, ont été évacués jeudi 28 décembre à minuit" de la localité de Douma, selon un responsable local. Seize avaient déjà pu partir lors des deux jours précédents et être transportés vers des hôpitaux de Damas.
Dans le même temps, après un accord avec le régime syrien, des dizaines de jihadistes et de combattants rebelles ont été évacués des dernières zones qu'ils contrôlaient dans la Ghouta occidentale, près de Damas, a rapporté la télévision d'État syrienne.
Une fois évacués dans leur totalité, les groupes rebelles n'auront aucune présence dans la Ghouta occidentale pour la première fois depuis 2012, a souligné le directeur de l'OSDH.
Le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, a critiqué l'accord rebelles-régime sur les évacuations, estimant que les malades et les enfants ne devraient pas être "une monnaie d'échange".