Secrétaire d'État au ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, Phoeurng Sackona est aussi présidente du Conseil d'administration de l'Institut de technologie du Cambodge (ITC), une école francophone d'ingénieurs de haut niveau, membre de l'Agence universitaire de la Francophonie.
Phoeurng Sackona est titulaire d'un doctorat de l'Université de Bourgogne (France) dans le domaine de la microbiologie. Elle a construit son expérience grâce à son action dans le secteur de la recherche et de l'enseignement, notamment au ministère de l'Industrie de 1987 à 1991. Elle rejoint ensuite l'ITC en tant que conférencière en chimie physique et conservation des aliments et est nommée en 1995 comme chef du Département de génie chimie et alimentaire. Le travail et la passion la conduisent au poste de directrice adjointe quatre ans plus tard, puis de directrice générale entre 2003 et 2008.
Malgré la charge de travail, il parait évident pour Phoeurng Sackona que pour pouvoir faire évoluer la qualité de l'enseignement supérieur du pays il faut aussi s'engager, être impliquée dans le système éducatif, se confronter aux réalités. C'est donc avec un grand plaisir qu'elle assume la présidence de l'ITC depuis 2008 et qu'elle continue à délivrer des cours. Elle mène parallèlement des activités de recherche dans le domaine de la microbiologie en collaboration avec l'Institut Pasteur au Cambodge, en particulier sur le thème de la sécurité alimentaire.
En tant que secrétaire d'État, elle est chargée des relations extérieures, de la recherche ainsi que de la coordination des activités pour le développement de la francophonie dans le système éducatif du pays. Elle est responsable de l'intégration et de la promotion des sciences et de la technologie du Cambodge au sein de la communauté des pays de l'ASEAN. Elle est aussi membre du comité du Réseau des universités de l'ASEAN (AUN/SEED-Net) depuis 2001 et présidente du Comité de l'ASEAN pour le développement des infrastructures et des ressources humaines depuis 2008.
Avant d'occuper toutes ces fonctions, elle travailla en étroite collaboration avec des différents réseaux universitaires (francophones et anglophones) dans la région Sud-Est asiatique et dans d'autres pays. Ceci l'a conduite à être membre du Conseil associatif de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) à partir de 2004.
La nouvelle présidente ouvre des chantiers
À l'occasion de son élection, Phoeurng Sackona a pu répondre à quelques questions sur la CONFRASIE et sur son nouveau rôle de présidente.
Phoeurng Sackona souhaite contribuer à l'évolution de la CONFRASIE. Elle considère que cette instance qui réunit l'ensemble des recteurs des universités membres de l'Asie-Pacifique a les moyens de s'ouvrir vers des nouveaux horizons à condition qu'il y ait de véritables engagements de la part de tous.
La CONFRASIE a dépassé l'espace de la Cochinchine en intégrant de nouveaux membres provenant entre autre d'Inde, de Chine, de Thaïlande, aussi bien que du Vanuatu. Ceci traduit une motivation manifeste de vouloir promouvoir la francophonie universitaire mais aussi de reconnaître l'intérêt de cette union des universités francophones.
La nouvelle présidente de la CONFRASIE considère qu' "Il faut à présent pouvoir profiter et activer ce réseau car nous sommes nombreux mais finalement trop peu à être très actifs. Il faut pouvoir susciter des intérêts, faire des amorces, pour trouver des universités leaders dans chaque pays ou par grands champs disciplinaires relatifs par exemple aux pôles universitaires. Ceci pourra s'effectuer grâce aux échanges avec tous les partenaires, avec l'AUF mais aussi avec les tutelles, les ministères… ".
Phoeurng Sackona est convaincue que des résultats importants peuvent être obtenus en s'appuyant sur la force du réseau : "À l'exemple de l'ASEAN, il faut partir des relations existantes entre les personnes, des échanges universitaires, des conventions bilatérales, des recherches scientifiques, promouvoir les rencontres et la mobilité pour tisser et renforcer peu à peu ce réseau. C'est ainsi que peut ensuite être abordées progressivement des questions importantes à des hauts niveaux, entre recteurs ou entre ministères de l'éducation…."
Il y a par exemple la question de la gouvernance, qui ne doit naturellement pas être perçue comme une ingérence mais comme un moyen pour sensibiliser les membres sur leurs responsabilités, sur les enjeux de la globalisation, sur la concurrence. Il est nécessaire d'obtenir l'adhésion des établissements pour une véritable mobilisation et à ce titre la CONFRASIE sert avant tout de passerelle, de moyen pour connecter les membres pour enclencher une dynamique entre les universités qui doivent ensuite se mobiliser activement.
La CONFRASIE peut être aussi un soutien pour tendre vers cette recherche de l'amélioration de la qualité des systèmes universitaires grâce par exemple aux échanges inter-universitaires, aux comparatifs sur les programmes, au travail commun pour tendre vers la reconnaissance des diplômes. La nouvelle gouvernance doit aussi promouvoir des moyens tels que les nouvelles technologies pour améliorer les performances, favoriser le travail des chercheurs, l'administration et la gestion.
La CONFRASIE doit être moyen de soutenir l'action des universités vers la formation qualitative des ressources humaines et l'apport d'expertise indispensable pour le développement des pays de la région. Pour ce faire, les universités membres doivent s'engager, être actives en instaurant une relation de coopération, de recherche d'intérêts mutuels grâce notamment au soutien de cette réunion des recteurs et de l'Agence universitaire de la Francophonie.
AUF/CVN