>>Comptes factices : la pression monte sur le PDG de Wells Fargo
Le PDG de la banque américaine Wells Fargo, John Stumpf, le 20 septembre à Washington. |
M. Stumpf, 63 ans, qui officiellement part à la retraite, sera remplacé par Timothy Sloan, son numéro deux, a indiqué l'institution financière californienne qui octroie un crédit immobilier sur cinq aux États-Unis et se situe au quatrième rang des banques du pays.
"J'ai estimé que c'était mieux pour l'entreprise que je démissionne", a déclaré laconiquement le dirigeant, qui ne percevra pas de parachute doré, selon une porte-parole de la banque.
À Wall Street, le titre Wells Fargo, qui avait perdu près de 17% depuis le début de l'année, gagnait 1,96% à 46,21 dollars vers 22h15 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. Les investisseurs semblaient espérer que le départ de M. Stumpf soit l'épilogue de cette affaire qui a relancé le débat sur l'intégrité de Wall Street.
De 2011 à 2016, les conseillers en clientèle de Wells Fargo ont ouvert deux millions de comptes fictifs au nom de leurs clients et en leur facturant les services afin d'atteindre leurs objectifs commerciaux pour toucher des bonus.
Environ 5.300 salariés ont été licenciés pour avoir pris part à ces malversations, qui ont été mises au jour début septembre.
Il était reproché à John Stumpf, entré chez Wells Fargo en 1982 et devenu PDG en 2007, d'avoir laissé perdurer ces pratiques alors qu'il avait été mis au courant dès 2013.
La banque, dont le premier actionnaire est le milliardaire Warren Buffett, a écopé d'une amende de 185 millions de dollars pour clore des poursuites de l'agence de protection des consommateurs CFPB mais continue de faire l'objet d'enquêtes des départements de la Justice et du Travail. Ce dernier a été saisi par d'ex-employés affirmant avoir été licenciés parce qu'ils avaient refusé d'ouvrir des comptes fictifs.
Pression politique
Pendant des semaines, Wells Fargo, qui abrite 40 millions de comptes bancaires ouverts par les particuliers aux États-Unis, a repoussé l'idée d'un départ de M. Stumpf, en dépit d'une forte pression politique en cette année électorale.
Des parlementaires américains, dont la démocrate Elizabeth Warren, qui dénonce régulièrement les abus de Wall Street, ont multiplié les appels à la démission de M. Stumpf au cours d'auditions ultra médiatisées au Congrès.
"M. Stumpf, cette affaire ressemble une fois de plus pour les Américains à du +déjà-vu+ : une institution financière commet des malversations. Cela fait la Une des journaux mais personne n'est tenu responsable", l'avait apostrophé Jeb Hensarling, un élu républicain.
Wells Fargo a initialement résisté en présentant des excuses publiques puis annoncé la suppression des objectifs pour les commerciaux. John Stumpf a aussi renoncé à 41 millions de dollars de rémunération en stock-options.
La banque est même allée jusqu'à réorganiser son équipe dirigeante en retirant des pouvoirs à M. Stumpf au profit de son numéro deux.
AFP/VNA/CVN