Commerce : la Chine en force au Sommet de l'APEC après l'élection de Trump

La Chine aborde en position de force la réunion annuelle de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), vendredi 18 novembre à Lima, inquiète du virage protectionniste annoncé par le président américain élu Donald Trump.

>>Sommet de l'APEC : Donald Trump et libre-échange au menu à Lima

Le 24e Sommet de l'APEC se tiendra les 19 et 20 novembre à Lima, au Pérou.
Photo : Internet

La victoire du magnat de l'immobilier à la présidentielle américaine, absent mais sur toutes les lèvres, risque fort de sonner le glas du Partenariat transpacifique (TPP) et de relancer par la même occasion les initiatives concurrentes de Pékin.
Cet enjeu va dominer les discussions de ce forum rassemblant 21 économies des deux rives du Pacifique ayant le plus bénéficié de la globalisation, de plus en plus contestée par les opinions publiques en Europe et aux
États-Unis.
Les membres de l'APEC, réunis jusqu'à dimanche 20 novembre dans la capitale péruvienne, pèsent 60% du commerce mondial pour 40% de sa population.
L'accord de libre échange TTP avait été signé en 2015 par 12 pays (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour,
États-Unis et Vietnam). Porté par l'administration Obama, qui avait placé l'axe Asie-Pacifique au coeur de sa stratégique économique, il laissait la Chine sur la touche. Mais il n'entrera en vigueur que s'il est ratifié par Washington.
Or Donald Trump, champion proclamé du protectionnisme et de la défense des emplois de l'industrie américaine, a pris pour cible le "terrible accord" de libre-échange TPP pendant sa campagne. Il a également annoncé vouloir renégocier l'accord Alena (1994) en vigueur avec le Mexique et le Canada.
"Il ne fait aucun doute que si le TPP échoue, ce sera une énorme victoire pour la Chine, politiquement et économiquement", déclare Brian Jackson, chef économiste pour la Chine du consultant IHS Global Insight.
"Politiquement, les négociations autour du TPP ont pris des années et ont fortement engagé le capital politique des pays partenaires. Son échec grèverait la crédibilité des
États-Unis pour toute future négociation dans la région", souligne cet analyste.
Alternative chinoise
"Au plan économique, il est déjà clair que la Chine va oeuvrer vigoureusement à la signature d'accords de commerce régionaux pour s'assurer qu'elle conservera des accès compétitifs aux marchés" de la région, ajoute-t-il.
"Elle l'aurait fait si le TPP était passé. Mais s'il échoue, cela renforcera considérablement sa position de négociation en tant que principale source alternative de débouchés" commerciaux.
Pékin devrait en profiter pour refaçonner le paysage des échanges économiques en Asie en poussant ses propres traités commerciaux, notamment son projet de Zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP), qui vise à rassembler les 21 membres de l'APEC.
La Chine portera aussi le RCEP, projet d'accord de libre-échange entre l'Asean (Association des nations du Sud-Est asiatique), l'Australie, la Chine et l'Inde notamment, mais sans les
États-Unis.
"Le projet de RCEP est une possible alternative asiatique au TPP", note Marcel Thieliant, de Capital Economics.
Dans un entretien au Financial Times mercredi 16 novembre, le ministre australien du Commerce, Steven Ciobo, s'est dit intéressé par la solution chinoise. "Toute décision qui nous permet d'abaisser les barrières commerciales, faciliter les exportations et impulser la croissance et l'emploi est un pas dans la bonne direction", a-t-il déclaré.
"Pour le moment, c'est l'incertitude qui domine. Il y a plus de questions que de réponses et ce thème va absorber toutes les discussions formelles et informelles du sommet" de Lima, souligne Carlos Malamud, professeur à l'Institut Elcano de Madrid.

AFP/VNA/CVN

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