>> L'Europe est le continent le plus touché par le changement climatique
>> Espagne : 2022 a été l'année la plus chaude enregistrée
>> L'ONU veut surveiller les gaz à effet de serre partout et tout le temps
Cartes des anomalies de températures enregistrées en Europe par mois en 2022, d'après Copernicus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le monde se réchauffe sous l'effet de l'accumulation des gaz à effet de serre générés par l'activité humaine, essentiellement le CO2 et le méthane (CH4), dont la concentration a atteint l'an dernier son niveau le plus élevé jamais mesuré par les satellites, selon les données du service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S).
Les huit dernières années ont ainsi été les plus chaudes jamais enregistrées, a-t-il indiqué dans son rapport annuel, confirmant les données préliminaires publiées en janvier.
L'Europe, où la température grimpe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, a pour sa part connu son été le plus chaud jamais enregistré depuis le début des données en 1950. Le continent s'est réchauffé de 2,2°C depuis l'ère pré-industrielle, contre 1,2°C pour la planète dans son ensemble.
"Le rapport souligne des tendances inquiétantes, 2022 étant encore une année record en terme de concentrations de gaz à effet de serre, en terme de températures extrêmes, de feu de forêt et de (déficit de) précipitations, qui tous ont eu des impacts notables sur les écosystèmes et les communautés à travers le continent", a souligné Carlo Buontempo, directeur du C3S, lors d'une conférence de presse. "Nous nous avançons en territoire inconnu", a-t-il souligné.
"Récolte réduite"
"Partout dans le monde, certaines années seront plus chaudes et d'autres plus fraîches. Mais les chances d'avoir des années plus chaudes sont en train d'augmenter", a rappelé Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S.
Sur la jetée à Blackpool dans le Nord-Ouest de l'Angleterre, le 17 juillet 2022. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Europe a notamment été frappée par une sécheresse très étendue l'an dernier, avec moins de neige que d'habitude durant l'hiver 2021-2022 puis des précipitations sous les moyennes au printemps sur une partie importante du continent. Les glaciers alpins ont perdu l'équivalent de 5 km3 de glace.
Les canicules estivales ont contribué à une "sécheresse étendue et prolongée" qui a notamment affecté des secteurs d'activité comme l'agriculture, le transport fluvial ou l'énergie.
Plusieurs indicateurs précisés jeudi reflètent cette situation exceptionnelle. Ainsi, le débit des rivières européennes a été le deuxième plus bas jamais enregistré, "marquant la sixième année d'affilée avec des débits sous les moyennes".
Copernicus décompte ainsi 63% des rivières européennes dont les débits sont inférieurs à la moyenne, un record.
Pour cette année, il est déjà acquis que l'agriculture souffrira en Europe méridionale, même en cas de pluies tardives. La France est déjà en état d'alerte avec des restrictions d'eau précoces, tout comme en Espagne, où les réservoirs d'eau sont anormalement bas.
"Il y aura probablement une récolte réduite cette année à cause de l'hiver sec et du printemps qu'on a connus", a estimé Samantha Burgess.
Réduction des émissions "impérative"
Ces conditions de sécheresse et de chaleur l'été dernier ont été propices aux incendies, qui ont généré à travers l'UE leurs plus importantes émissions de carbone depuis 2017, relève Copernicus.
Le barrage de Vinca avec un niveau d'eau bas, suite à un hiver sec, à Corbère-les-Cabanes, dans les Pyrénées-Orientales, le 20 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'Allemagne, l'Espagne, la France et la Slovénie ont aussi connu leurs plus fortes émissions liées aux feux d'été depuis au moins 20 ans, avec l'Europe du Sud-Ouest qui a vécu certains de ses plus gros feux jamais enregistrés", remarque le service européen.
"La réduction des émissions de gaz à effet de serre est impérative pour atténuer les pires effets du changement climatique", a souligné Samantha Burgess.
Le GIEC, les experts climat mandatés par les Nations unies, a encore appelé récemment à prendre des mesures ambitieuses face au réchauffement. Selon son rapport de synthèse publié en mars, il atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035.
"Comprendre et répondre aux changements et à la variabilité des ressources d'énergies renouvelables comme le vent et le soleil sont essentiels pour soutenir la transition énergétique vers la neutralité carbone", a aussi souligné Samantha Burgess.
Sur ce point, Copernicus calcule ainsi que l'Europe a reçu l'an dernier son niveau le plus élevé de radiations solaires au sol depuis 40 ans, une bonne nouvelle au moins pour la production d'électricité photovoltaïque.
AFP/VNA/CVN