Nguyên Doan Hung, vice-président du Comité d'État de la bourse
Cette année, la Bourse vietnamienne connaîtra de nombreuses difficultés en raison de cette crise économique mondiale et sa capacité à se redresser est limitée. Pour la relancer, il est nécessaire de régler les difficultés que rencontrent les secteurs de la production, de l'import-export, de la banque et des finances, d'augmenter la transparence financière, d'améliorer les infrastructures techniques, d'accélérer la création de marchés de titres non cotés et d'obligations spécifiques. Il faut en outre accélérer l'actionnarisation pour soutenir le programme de réforme, renouveler les entreprises, créer des produits de haute qualité pour le marché boursier et attirer les investissements étrangers. Afin que le marché soit plus attractif, il est important de renforcer les capacités financières des banques, notamment en les autorisant à céder leurs actions à des partenaires étrangers, avec un taux au-dessous de 5%, et porter à 35% le plafond de détention de capital d'une banque nationale par une personne de droit étranger. Le report de l'entrée en vigueur du nouveau régime d'imposition des revenus individuels du 1er janvier au mois de mai prochain, y compris pour les investissements sur le marché des valeurs, est une bouffée d'air pour les acteurs de l'économie en cette période difficile.
2008 a été une année houleuse pour la bourse vietnamienne avec un VN-Index chutant jusqu'à 288,85 points le 10 décembre, laquelle a entraîné une forte diminution des liquidités sur le marché. Le taux de capitalisation du marché représentait 17,5% du PIB, et la mobilisation des capitaux s'est retrouvée à 25.000 milliards de dôngs, soit une baisse de près de 100.000 milliards de dôngs par rapport à 2007.
Nguyên Ngoc Canh, chef de la section des affaires extérieures du Comité d'État de la bourse
En 2008, l'indice Vn-Index a perdu de 70% de sa valeur, après la flambée des cours des actions cotées lors de période de fièvres. Un phénomène inquiétant.
Pour augmenter le cours des actions et gagner la confiance des investisseurs, à mon avis, le Comité d'Etat de la bourse devrait encourager les compagnies qui ont déjà ouvert leur capital à racheter leurs titres. Une série de mesures leur sont conseillées : réduction du capital statutaire, limitation des versements de dividende en liquide... En outre, pour rendre plus transparent le marché boursier, il faut améliorer le mécanisme de publication des informations, sanctionner plus rigoureusement les infractions, simplifier les formalités pour engager un procès.
Concernant le marché primaire, la situation en matière de première offre publique d’actions au (IPO) est sombre. Afin de lui redonner du dynamisme, l'actionnarisation d'une entreprise publique serait mieux à confier totalement à un seul investisseur stratégique aux conditions de respecter des engagements en termes d'investissement et de développement. Après transformation en compagnie par actions, les actions gérées par la partie publique seront graduellement cédées à des investisseurs particuliers sur le marché boursier. A mon avis, il faut stopper la transformation des compagnies publiques en entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) car celle-ci n'est pas sous le contrôle de l'Etat, ni sous les autres modalités de gestion, ce qui entraîne la non transparence.
Docteur Lê Hai Mo, de l'Institut des sciences financières
La croissance du marché boursier dans les 5 à 10 ans dépend du rythme de l'actionnarisation des entreprises étatiques. Le retard en ce domaine est la cause essentielle de la chute du marché boursier. Ce dernier manque de "marchandises", d'où la perte d'attractions pour les investisseurs. Sont recensées seulement un peu plus de 300 compagnies et de titres émis par les fonds cotés. Sur ce total, seules 10 compagnies ont une capitalisation d'au moins 500 millions de dollars. Les groupes et compagnies générales publiques représentent 40% du PIB national, mais un faible nombre d'entre elles se lancent en bourse.
Ces derniers temps, avec la chute du marché des valeurs, l'IPO de plusieurs grandes entreprises a été ajourné afin de limiter la baisse en bourse. En réalité, l'ajournement de l'IPO freine la croissance de ce marché. Le renforcement de l'actionnarisation des entreprises publiques lui donnera plus de prestige.
Sur le court terme, l'offre et la demande de la Bourse du Vietnam s'équilibreront. Une forte croissance est prévue, mais le VN-Index n'augmentera pas forcément en conséquence. Le nombre de comptes est désormais de plus de 300.000, dont la moitié avec des transactions régulières. En théorie, le marché sera animé avec la participation de 2% de la population nationale (1,6 million de personnes).
Nguyên Ngân Huong/CVN